Contrairement aux informations relayées par un titre de presse de Douala, l’Allemand reste la pomme de discorde entre la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot) et sa tutelle. En effet, le Minsep tenterait d’imposer Otto Pfister qui ne figure vraisemblement pas sur la short list que nous vous proposons.
Loin de l’administration classique, le Cameroun reste une exception mondiale. Huit mois après le départ d’Arie Haan qui évoquait déjà l’amateurisme ambiant dans la gestion de l’équipe nationale du Cameroun, rien de concret n’a toujours été fait. À trois mois de l’ouverture de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui se déroulera au Ghana, les Lions Indomptables n’ont pas encore le nom de leur sélectionneur qui, de toute évidence, viendra probablement de la planète Mars.
De la lenteur administrative à la supposée guerre ouverte entre le MINSEP et le FECAFOOT, chacun y va de son couplet tant la médiocrité et le manque de volonté rythment notre quotidien. Ce qui est simple ailleurs prend une ampleur disproportionnée dans notre triangle national. En France, Guy Roux sur le départ, Jean-pierre Papin était déjà à la porte des Sang et Or de Lens. En Allemagne, l’Energie de Cottbus n’aura pas eu recours à trois appels d’offre à candidatures pour remplacer Pétrik Sander alors que le club enchaînait des mauvais résultats ; le cas de José Mourinho en Angleterre étant connu de tous.
L’eau trouble du MINSEP
Entre les déclarations du Patron des sports et le constat de l’évolution du dossier, le fossé ne cesse d’être grand. Annoncée imminente, la nomination du staff technique des lions indomptables semble avoir pris de l’essoufflement. Plusieurs raisons sont évoquées ; notamment la brouille entre la fédération et la tutelle. Pour faire la lumière sur ce blocage, nous avons décidé de mener notre petite enquête.
Au lendemain de la sortie médiatique de Horst Köppel qui affirmait à qui voulait l’entendre être en négociation avancée avec le président de la fédération Camerounaise de football, un démenti total et formel venu de Tsinga ne s’était pas fait attendre. Des déclarations qui obligeront Iya Mohammed à envoyer une correspondance écrite au Minsep pour se désengager des propos du technicien Allemand. Dans la lettre, l’homme fort de la Fecafoot explique que, comme pour les autres candidats de la short list, l’entretien qu’il a eu avec Horst Köppel portait uniquement sur ses prétentions salariales et son projet sportif sur une période de trois ans. On sait par ailleurs que depuis ses entretiens de Paris, un rapport complet rédigé par la Fecafoot avait été rapidement adressé au Ministère pour qu’une décision rapide soit prise. La fédération s’engageant à respecter tout choix provenant de cette short list. C’était sans compter sur les agents des candidats qui sillonnent le pays avec d’importants pots de vin.
À la sortie de la réunion tripartite (Minsep-Fecafoot-Primature) de jeudi dernier tenue dans un des salons de l’immeuble Etoile de Yaoundé, il devenait de plus en plus évident que c’est la tutelle qui essaye d’imposer un candidat qui ne fait pas partie de la Short list. Contrairement à ce qui a été relayé, le Minsep aurait envoyé le nom d’Otto Pfister à la présidence de la république, provoquant ainsi le mécontentement de la fédération qui martèle vouloir respecter la procédure engagée dès le départ par les deux parties. On se souvient que c’est une commission mixte MINSEP-FECAFOOT qui avait choisit 5 noms sur les 78 candidats à la succession d’Arie Haan.
En ramenant Otto Pfister dans la short list, le ministère va pêcher en eaux troubles ; lui-même qui s’était opposé au retour d’Artur Jorge en invoquant la vieillesse et la malchance. Né le 24 Novembre 1937 à Cologne, Pfister passe l’essentiel de sa carrière de footballeur entre l’Allemagne et la Suisse. Bien qu’il soit allemand, il n’a jamais entraîné un club de son pays, ayant choisi l’Afrique et l’Asie comme lieu de prédilection. Après que Stephen Keshi (qui a mené Les Eperviers à leur première Coupe du monde de football) ait été renvoyé, il conduira le Togo à la dernière coupe du monde. Il est soupçonné par ses anciens employeurs d’alcoolisme, est très souvent mis en cause pour ses insurmontables coups de colère.
Présentation de la short list
Jusqu’ici, plusieurs noms ont fait la une des journaux locaux. Loin de la spéculation, le Ministère et la Fédération garderont secret le silence autour de cette liste. Les 5 noms retenus par la commission mixte MINSEP-FECAFOOT sont les suivants : Jean Thissen (Belgique), Philippe Troussier (France), Artur Jorge (Portugal), Manfred Steves et Horst Köppel (Allemagne). Tous retenus sur la base des critères suivants : 1- Etre titulaire d’un diplôme d’entraîneur de Football, 2- Avoir une bonne expérience internationale, 3- Etre disposé à résider au Cameroun de façon permanente pendant la durée du contrat, 4- Avoir une grande capacité d’adaptation et une aptitude au travail en équipe, 5- Avoir la maîtrise du français ou de l’anglais.
– Philippe Troussier : il est considéré comme un véritable globe-trotter, ce parisien de 52 ans aux frasques médiatiques ne résidera pas au Cameroun, pourtant une des conditions décrites dans le récent appel d’offre de la Fecafoot. Capricieux et coûteux, tout le monde a en mémoire sa démission de la tête des lions de l’Atlas à seulement 3 semaines du début effectif de la dernière coupe d’Afrique des nations. « Le sorcier blanc va bientôt bouillir dans la marmite » pouvait on encore lire lors de son passage manqué à la commanderie (Olympique de Marseille). De ses passages au Maroc, en Afrique du Sud, au Nigeria voisin ou encore au Japon, on retiendra de lui son appétit royal pour l’aspect financier au détriment du jeu et de l’enjeu. Les Marocains et les Japonais l’accusent par exemple d’entretenir une cour trop grande composée d’amis dont les dépenses imputées directement sur les coûts de son employeur ont failli provoquer un soulèvement populaire. Les Marocains ne sont pas encore prêts d’oublier son staff technique, composé de 21 personnes.
– Horst Köppel : l’équipementier des lions indomptables tenterait d’imposer au Cameroun l’ancien international Allemand qui ne dispose malheureusement pas d’une grande expérience internationale. Hormis le fait qu’il ne parle pas Français et que son Anglais très approximatif nécessite l’intervention d’un interprète, Horst Köppel n’aura fait que trois passages éclairs en Autriche (FC Tirol Innsbruck), au Japon (Urawa Red Diamonds) et tout récemment à Abu Dhabi (Al Wahda) où il resté le temps de disputer 4 rencontres pour un bilan de 3 défaites et un match nul. Pour son opération de charme, Puma promet de prendre la moitié du salaire du technicien Allemand évalué à près de 50 millions de Franc CFA. Comme Troussier, Köppel ne serait pas prêt à résider au Cameroun.
– Jean Thissen : Il a qualifié le Gabon pour la première fois de son histoire à une phase finale de la coupe d’Afrique des nations. L’ancien international Belge connu pour sa rigueur et sa détermination est un habitué des grands chantiers. Lorsqu’il annonça son départ en 1992 pour le Gabon après avoir entraîné, le Servette de Genève et le Standard de Liège entre autres, la presse Belge se disait que Jean Thissen avait visé bas. Quelques mois plus tard, il remplit le premier objectif qui lui avait été fixé, à savoir la qualification pour la CAN 1994. Un objectif très ambitieux puisque pour y parvenir, le Gabon a dû passer le Bénin, le Niger et surtout le Cameroun éliminé sans avoir pris un seul but. Le sélectionneur Belge est le moins gourmand sur l’aspect financier et sa candidature ne serait pas soutenue par Milla.
– Manfred Steves : Il est très peu connu. On sait qu’il était à la tête des moins de 17 ans du Kenya en 2000 et qu’il aurait effectué un passage tumultueux à la tête du Mali en 1983. Il impose le 4-5-1 et subit un revers contre le Maroc des Khairi, Bouderbala, Dolmy et autre Badou Zaki.
– Artur Jorge : Le technicien Portugais ne bénéficie pas des faveurs du Ministère qui s’était opposé à sa nomination lors du premier appel à candidature de la Fecafoot.
« Je suis au regret de vous informer que je vous présente ma démission à compter de ce jour et que je mets un terme au contrat qui nous lie », avait écrit Artur Jorge à l’ancien Minsep dans un courrier daté de Lisbonne. « Vous n’êtes pas sans savoir que l’article 2 de mon contrat n’a pas été respecté à plusieurs reprises, néanmoins, je ne souhaite entamer aucune polémique ».
Cet article 2 stipule que le sélectionneur est responsable de l’encadrement, du suivi des joueurs, de la prospection et de la sélection des joueurs retenus pour jouer dans l’équipe nationale, ainsi que de l’organisation technique des stages et des matches amicaux.
L’exclusion du défenseur Pierre Womé par exemple, qu’Athur Jorge avait sélectionné pour la CAN avant que ce dernier ne soit écarté était due à l’omniprésent Philippe Mbarga Mboa.
Pièrre Moluh à Douala