Vertement opposés sur la question de la légitimité du Tkc devant évoluer cette saison en Ligue 2, les têtes de proue des deux factions dissidentes qui se vouent mutuellement une haine viscérale, se sont livrées à un spectacle macabre cet après-midi au stade militaire avant la rencontre Tkc-Botafogo (0-0).
Le stade militaire en état de siège ! Cinq pick-up chargés de gendarmes et un camion qui transporte une trentaine de policiers armés de matraques sont garés à l’entrée de cette nouvelle infrastructure sportive réhabilitée à la veille de la Coupe d’Afrique de football féminin de novembre dernier. Pour une simple rencontre de Ligue 2, on se croirait à une évacuation manu militari de prisonniers pour la maison d’arrêt de Kondengui ou encore une milice déployée pour stopper des mouvements d’humeur pendant des émeutes. Cet important déploiement des forces de maintien de l’ordre, venus particulièrement à la demande, dit-on, de Pierre Semengue pour assurer la sécurité la faction Achille Essomba Mani, ont reçu la consigne d’empêcher les joueurs de la faction d’Emile Onambélé Zibi de rentrer dans les vestiaires. Le patriarche de Febe village est lui aussi concerné par cette mesure drastique puisqu’il est encerclé par cinq gendarmes qui l’empêchent d’entrer au stade.
La Licence contre l’agrément
Mais, le président de l’Association des présidents des clubs d’élite (Acec) a plutôt l’air serein. Il se moque presque du spectacle auquel se livre le camp d’en face à qui il a promis la tempête pour avoir tenté de lui arracher « son Tkc ». Approché par les hommes de médias, il donne des assurances de ce qu’il reste le seul et l’unique patron de cette équipe mythique. « Mes fils, soyez calmes, vous allez voir qui est le véritable président du tonnerre Kalara Club de Yaoundé aujourd’hui », déclare-t-il sans ambages. Vêtu d’un maillot noir et blanc floqué « Tkc », le redoutable Pca arbore le dossard 27. Son téléphone n’arrête pas de sonner. Toutes les deux minutes, il répond à des coups de fil en langue vernaculaire. Sans doute des membres du gouvernement qu’il a saisi lorsqu’il a constaté que l’accès lui a été refusé.
Dans les vestiaires, les joueurs de la faction d’Achille Essomba Mani se préparent, sous la surveillance des bidasses qui empêchent aux journalistes de circuler librement. Sur les visages, se lit un mélange d’inquiétude et de sérénité. L’équipe dirigeante et le staff a été clair : le seul objectif c’est la victoire contre Botafogo. Dans les gradins on s’impatiente, car le début du match prévu pour 14h 30, est largement dépassé. On s’interroge, on se lasse. Des sources proches du dossier confessent que le Tonnerre d’Onambélé Zibi détient les licences de la Fécafoot tandis que celui d’Achille Essomba Mani n’a pas de licences mais brandit pour justifier sa légitimité, un agrément de la Ligue de football professionnel du Cameroun (Lfpc). Or, la semaine dernière la chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc), sollicitée par le Pierre Semengue pour donner son avis sur cette crise avait déclaré que la faction Achille Essomba Mani était plus proche de la légalité. C’est donc là le nœud du problème ; la pomme de discorde.
Onambélé Zibi hué
Quelques minutes plus tard, le patriarche Onambélé Zibi, canne à la main, entre dans le stade, escorté par une dizaine d’éléments de la gendarmerie. L’homme qu’accompagne le sous-préfet de Yaoundé 3ème Nestor Ndim, regarde avec dédain certains affidés de ses détracteurs, comme s’il se préparait à les maudire un par un. Ils se rendent aux vestiaires retrouver l’autre faction composée d’Achille Essomba Mani, Stéphane Semengue le vice-président. A leur passage devant les gradins, le patriarche est hué par la foule. Mais il s’en moque royalement. Le huis clos va durer plus de 45 minutes. Les négociations se poursuivent tandis que les joueurs de Botafogo, étrangers à ce spectacle dégoûtant, s’impatientent. Ils font les allers et retours entre l’aire de jeu et les vestiaires, pour tenter de tuer le temps. En vain ! Après deux heures et demie de retard, Onambélé Zibi et le sous-préfet qui a proposé de reprogrammer la rencontre pour « trouble à l’ordre public », sortent enfin, traversent toute la pelouse, font un tour dans les tribunes, puis ressortent.
Le commissaire du match boude
On croit alors l’affaire plié et que le match peut enfin commencer. Mais, c’est sans compter ce nouveau coup de théâtre : le commissaire du match Isaac Bassoua va catégoriquement refuser de lancer la partie pour une raison que l’ignore. Pierre Semengue décidé à se faire respecter, va ipso facto changer de commissaire en insistant que cette confrontation va effectivement se jouer. C’est finalement Benjamin Amenda, ancien arbitre de football qui va être désigné dans la foulée pour officier commissaire du match. Après plusieurs tractations, la partie peut démarrer avec plus de 2h de retard. Les deux équipes peuvent s’affronter. Score final 0-0. Vous avez dit club mythique ?
Christou DOUBENA