A la vérité, personne n’avait vu venir le nouveau sélectionneur des Lions indomptables. Après plusieurs mois de vaines spéculations, c’est finalement le nom du Belge Hugo Broos qui est sorti du chapeau, déjouant tous les pronostics. Exit donc la fameuse « short list » qui avait tenu en haleine le grand public sur fond de surenchères et de petits calculs. Maintenant que le nouveau coach est en place, l’heure n’est plus de savoir s’il répond au profil recherché au départ ou s’il présente les meilleures garanties pour un nouvel envol des quadruples champions d’Afrique.
Par Jean Marie NZEKOUE
La principale préoccupation de l’heure concerne plutôt les chantiers urgents dans le sillage des missions qui lui ont été assignées et qui correspondent, grosso modo, aux attentes de ses employeurs et du public sportif en général qui ne rêve que d’une chose : voir l’équipe nationale fanion renouer avec son glorieux passé. Entrainer une sélection de cette dimension constitue certes un challenge tout particulier pour un technicien sans fait d’armes reconnu et qui se retrouve à la tête d’une sélection nationale pour la première fois de sa carrière. Soit…Mais ce détail n’aura pas certainement échappé aux recruteurs qui ont en ligne de mire la qualification des Lions pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2017) et la Coupe du monde de 2018.
Deuxième coach de nationalité belge à prendre les rênes des Lions indomptables après le passage météorique d’un certain Henri Depireux (1996-1997), le nouveau sélectionneur a du pain sur la planche. Attendu au tournant par une armée de détracteurs, il a en effet le choix entre la continuité avec des retouches à doses plus ou moins homéopathiques et changement plus ou moins radical en remodelant l’équipe en fonction de sa philosophie du jeu et des résultats escomptés. Dans tous les cas de figure, il doit imprimer sa marque propre pour ne pas donner l’impression d’être un adepte du statu quo. Selon certains observateurs, il faut ratisser large pour pouvoir opérer par la suite un tri en vue d’enrichir l’effectif.
Sur le plan de l’apport personnel, le nouveau coach est attendu au moins sur trois chantiers : le parachèvement du processus de « reconstruction » qui n’a que trop duré avec des résultats mitigés jusqu’ici. Il doit garder en esprit que si son prédécesseur est parti, officiellement pour « insuffisance de résultats », il doit faire plus et mieux pour mériter la confiance de ses employeurs et celle du public qui ne lui fera pas de cadeau. Il faudrait donc que dans un délai relativement bref, la performance des Lions sur le terrain soit à la hauteur des attentes. Il est temps de sortir des résultats en dents de scie pour surfer sur une dynamique gagnante sur longue durée. Les Lions ne peuvent le faire que s’ils retrouvent un véritable fond de jeu construit sur une philosophie de jeu lisible et des schémas tactiques qui ne laissent lieu à aucune approximation. Le nouveau coach est aussi attendu sur le terrain de la discipline où les Lions indomptables n’ont jamais véritablement brillé depuis une quinzaine d’années. L’esprit d’équipe, la solidarité doivent l’emporter sur le clanisme et l’égocentrisme qui ont fait leur lit dans la tanière avec les dégâts que l’on sait. La prospection des nouveaux talents doit aller de pair avec l’introduction des nouvelles méthodes dans le coaching comme dans la gestion des effectifs. Tout en s’appuyant sur des éléments sûrs, il devra veiller à ce que les lignes de fracture ne viennent perturber l’équilibre d’ensemble. Avant d’être une collection d’éléments plus ou moins talentueux, une équipe c’est d’abord un groupe solidaire dont les différentes composantes sont tournées vers le même objectif.
La tâche qui attend le nouveau coach s’apparente à celle d’un maçon au pied d’une montagne à déniveler et à bâtir dans un délai record. Pour l’instant, même sans vouloir lui donner un chèque en blanc, rien ne nous permet de douter de sa capacité à se transcender pour relever le défi. Le premier véritable test c’est le prochain match des Lions qui donnera une certaine idée de sa capacité à mobiliser ses troupes. On sait en effet que le Cameroun va affronter l’Afrique du Sud le 26 mars en qualifications pour la CAN 2017. D’ici là, le temps qui reste devra être mis à profit pour peaufiner les mécanismes et les automatismes en vue de redonner un esprit conquérant aux Lions.
Jean Marie NZEKOUE