L’Enseignant de Droit et président de Ngaoundéré FC ne démord pas dans la bataille juridique de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) qui phagocyte cette instance depuis bientôt deux ans. Le Pr Prosper Nkou Mvondo est des premiers acteurs ayant mis le feu au poudre en décelant les insuffisances des textes de la Fécafoot, mais il a été rarement associé aux concertations et s’en offusque. Et pour lui, c’est encore une incongruité du Comité de normalisation d’avoir choisi de légitimer l’Assemblée générale de 2009 pour adopter les textes. Il s’explique…
Le Comité de normalisation de la Fécafoot a décidé la semaine dernière de légitimer l’Assemblée générale de 2009 pour adopter les textes. Devrait-on le féliciter pour cette décision qui, du point de vue de certains observateurs, était incontournable ?
Dans cette affaire d’Assemblée générale, il y a une donnée importante que les observateurs dont vous parlez ignorent, ou alors refusent de prendre en considération dans leurs analyses : le 28 mars 2013, la Chambre de Conciliation et d’Arbitrage (CCA) du CNOSC a rendu une sentence forte de signification, à la demande des clubs de la ligue régionale de l’Adamaoua, représentés par Nkou Mvondo Prosper. Cette sentence ordonnait à la Fécafoot de modifier l’article 4 du Statut spécial des ses ligues décentralisées. La Fécafoot a interjeté appel contre cette sentence en saisissant le TAS. Nous sommes allés à la Lausanne en Suisse, et la Fécafoot a perdu le procès. Rien ne peut être fait à la Fécafoot, sur le plan juridique, tant que ces décisions, rendues le 28 mars 2013 par le CCA du CNOSC et le 27 mai 2013 par le TAS, n’ont pas été exécutées.
Faut-il vous dire que c’est à partir de cette décision que, personnellement, j’ai fait annuler les élections dans huit (8) ligues régionales en 2013, pendant que Monsieur Abdouraman, Président de Etoile Filante de Garoua, faisait annuler les élections dans la ligue régionale du Nord. J’ai le regret de vous dire qu’une analyse juridique approfondie, qui prendrait en compte les sentences que je viens d’évoquer, conduit à la conclusion selon laquelle, aucune assemblée fédérale existant avant la date du 28 mars 2013 n’est habilitée à adopter les textes à la Fécafoot. Si le Comité dit de «normalisation» m’avait convié à leurs «concertations», je leur aurais expliqué techniquement pourquoi on ne peut convoquer, ni l’assemblé de 2009, ni celle de 2012 encore moins celle de 2013. Puisque le Comité dit de « normalisation » n’en fait qu’à sa tête, je lui donne rendez-vous devant les juridictions sportives pour en parler.
Dans la même lancée, la liste des membres de cette assemblée a été rendue publique et comporte plusieurs noms d’acteurs qui ont conduit à la crise actuelle à la fédération. Pensez-vous que les mêmes personnes puissent enfin s’accorder les violons pour voter unanimement les textes qui vont déboucher sur les élections ?
Les sentences que je révèle au grand public aujourd’hui sont bien connues de la Fécafoot et de ses «normalisateurs». Ils ont sans doute compris que la mise en application de ces décisions de justice de mars et mai 2013 n’arrange pas les intérêts obscurs qu’ils défendent. C’est pour cela qu’ils ne veulent pas les prendre en considération et n’en parlent jamais. Le processus de normalisation, respectueux des sentences de mars et mai 2013 suppose, à mon avis, les quatre (4) étapes suivantes, le respect de la chronologie étant très important :
- Modifier l’article 4 du Statut spécial des ligues décentralisées de la Fécafoot, comme l’exige les sentences de la CCA du CNOSC et du TAS. Cette modification peut être faite, soit par l’assemblée de 2013 (NB : Cette assemblée de 2013 ne peut alors modifier les textes fédéraux);
- Convoquer les assemblées électives des ligues décentralisées sur la base des textes modifiés pour les ligues et procéder aux élections des délégués de ces ligues à l’assemblée fédérale ;
- Convoquer une assemblée fédérale avec les délégués désignés par des assemblées des ligues décentralisées (C’est cette assemblée fédérale-là qui est seule habilitée à adopter les nouveaux textes au niveau fédéral) ;
- Enregistrement des candidatures pour l’élection du Président de la Fécafoot et élection.
Est-ce que le retour au statu quo ante bellum ne nous ramène pas à la case de départ, là où le comité aurait dû commencer il y a longtemps ?
Voilà plus de deux ans que nous tournons en rond, à cause de l’incompétence et de la roublardise du Comité dit de «normalisation». Si ce Comité se maintient dans cette posture d’arrogance et de mépris qu’il a toujours adopté à l’encontre des acteurs majeurs du football que sont les clubs, ces acteurs que je représente dans de nombreuses instances judiciaires, il est prévisible que le 25 septembre 2015, tout sera à recommencer. Il y aura peut-être un Président de la Fécafoot, élu au mépris des revendications et plaintes que nous brandissons aujourd’hui. Hélas ! Cette élection à elle-seule ne nous permettra pas de sortir de la crise. Notre combat est celui d’une véritable normalisation du football camerounais. Cette normalisation suppose la mise en place des textes justes et équitables, adoptés par des délégués légitimes, dépouillés d’absurdité et d’incongruité. Cette normalisation-là suppose aussi le respect des Lois et des Règlements de la République du Cameroun et le respect des décisions de justice sportive.
Est-ce qu’au vu des concertations entretenues ça et là sous l’impulsion du gouvernement, on peut espérer une sortie définitive de crise au soir du 25 septembre prochain avec l’élection du président de la Fécafoot ?
Je finirai par une proposition relative à l’élection de Président de la Fécafoot. Pour une normalisation de notre football, Il est souhaitable que le président soit élu seul, au scrutin uninominal. Le Comité exécutif sera alors composé du président élu, de dix (10) représentants des ligues régionales, à raison d’un par ligue régionale et des trois (3) représentants des corps de métiers (Joueurs, entraineurs, arbitres). On aura un Comité exécutif de quatorze (14)membres, qui ne seront pas des obligés du Président de la Fécafoot. Ce dernier sera néanmoins libre de choisir ses deux (2) vice-présidents parmi les membres du Comité exécutif.
Recueillis par Armel Kenné