Régissant à la décision de la FIFA qui met sur pied un Comité de normalisation à la Fécafoot, le président de Ngaoundéré FC pense que l’une des solutions de la crise serait de rassembler tous les acteurs impliqués, notamment Abdouraman Hamadou, les écouter et les comprendre. « Il est question pour les pères qui seront au Comité de normalisation de faire revenir l’enfant qui est fâché dans la maison et lui donner du lait… », dit-il. Entretien.
Etes-vous surpris par la décision de la FIFA, mettant sur pied un nouveau Comité de normalisation à la Fécafoot ?
Non, cette décision ne me surprend pas. Dans la mesure où j’étais présent au conclave de Conakry où les choses ont commencé à se dessiner. Or, la conciliation n’a jamais abouti ; parce que les deux camps sont restés chacun, campé sur sa position. Mais il faut dire que je fais partie de ceux qui militaient pour la mise en place d’un Comité de normalisation. Pour moi, c’est un happy end, même si je pense que le plus dur va commencer non pas avec la nomination des membres dudit Comité de normalisation, mais avec le travail qui les attend. Il est titanesque. Il y a des problèmes énormes. On semble se focaliser sur la dernière sentence qui concerne monsieur Abdouraman Hamadou et Etoile Filante. Or on perd de vue que depuis 2013, il y a plein de sentences. Le Ngaoundéré Football Club d’Adamaoua et ma modeste personne avons dans nos tiroirs cinq sentences dont deux confirmées par le Tribunal arbitral du sport, qui doivent être mises sur la table.
De quelles décisions s’agit-il précisément ?
En réalité, le Comité de normalisation étant appelé à faire les textes de la Fécafoot et en même temps les élections, il va se poser la question juridique de savoir si les nouveaux textes vont régir les nouvelles élections ? Parce que, lorsqu’on annule les élections dans neuf ligues décentralisées de la Fécafoot en 2014 suite à un recours de Ngaoundéré Football Club, cela suppose qu’on doit reprendre les élections. Mais ce sera avec quels textes ? A mon avis, il s’agit d’appliquer les textes qui existaient au jour où ces élections avaient été annulées. L’autre problème qui va se poser, c’est celui du corps électoral. Et là encore, on repart sur le même principe. Lorsqu’une élection est annulée, reprend-on ces élections avec de nouveaux acteurs ? A mon avis, on ne peut pas faire intervenir de nouveaux acteurs. Ce sont les acteurs qui officiaient au moment de l’annulation desdites élections, c’est-à-dire en 2014. C’est plus compliqué que ça ; parce qu’il va aussi falloir remonter en 2013, le jour où on rend la première sentence de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Cnosc qui demande qu’on revoie l’article 4 des statuts des ligues spécialisées. Souvenons que ce sont les clubs de la ligue de l’Adamaoua dont Ngaoundéré Football Club qui obtiennent cette décision qui est confirmée le 25 août 2013 par le Tribunal arbitral du sport. Pour moi, les choses sont extrêmement compliquées.
Croyez-vous que le prochain Comité de normalisation va tenir compte de tout cela ?
Il ne peut pas faire autrement. Si on est en route vers la mise en place d’un nouveau Comité de normalisation, c’est parce que l’ancien n’a pas été respectueux des règles de droit. Or, le départ aujourd’hui est celui du respect du droit. Et il y a autre chose : sur le plan juridique, nous sommes dans une situation où tout le monde peut avoir tort, et tout le monde peut avoir raison.
Quelle est donc la porte de sortie ?
A mon avis, il va s’agir de réunir les acteurs de la crise, les acteurs du football camerounais, leur demander de s’assoir autour de la même table et de se regarder mutuellement dans les yeux. Lorsque chacun aura craché son venin, lorsque chacun aura révélé les frustrations qui sont les siennes, chacun en sera soulagé. Une fois soulagé, on devra leur demander de se retourner et de regarder vers l’intérêt du Cameroun et du football camerounais. Et le gage qu’on devra leur tenir, c’est de leur dire : mieux vaut un mauvais arrangement qu’un bon procès.
Comment est-ce possible quand on sait qu’Abdouraman Hamadou a toujours dit qu’il ne peut pas s’assoir autour de la même table que Tombi A Roko ?
C’est avec beaucoup de regret que nous avons assisté au refus de monsieur Abdouraman et Akoé Epié Domingo de se rendre à Conakry. Y étant, ils auraient eu l’occasion de faire valoir leurs arguments et de participer au débat ; parce que lors de ce conclave, il y a eu débat. Et quand nous sommes sortis de là, moi je savais que Tombi A Roko n’est plus président de la Fécafoot. C’était clair. La question qui se posait était celle de savoir : qu’est-ce qu’on fait maintenant qu’il est clair que les élections ont été annulées à la Fécafoot ? La politique de la chaise vide n’est pas une bonne façon de procéder. J’espère que ceux qui seront appelés à gérer le Comité de normalisation vont faire preuve de sagesse, d’écoute et de conciliation, pour ramener quelqu’un comme Abdouraman dans cette instance de règlement de ce litige. Car nous sommes dans une affaire où une virgule ou un mot mal placé peut donner lieu à un contentieux. Et si on va dans cette logique, on ne sortira jamais de cette crise.
Abdouraman Hamadou a cependant un dossier en instance au Tribunal fédéral suisse, visant à amener le Tribunal arbitral du sport à se prononcer sur la réhabilitation du Comité exécutif de 2009 à la Fécafoot. Ne faut-il pas craindre pour cette normalisation annoncée ?
Il faut qu’on comprenne que l’attitude d’Abdouraman tient du fait qu’on a refusé de l’écouter. Et même si on l’a écouté à un moment donné, on a refusé de le comprendre. C’est donc le sentiment de révolte qui anime quelqu’un comme Abdouraman. Il est donc question pour les pères qui seront au Comité de normalisation de faire revenir l’enfant qui est fâché dans la maison et lui donner du lait, sans connotation corruptible. C’est-à-dire l’amener à parler, à être écouter et surtout à être compris. Parce que si on ne le fait pas pour Abdouraman, il y en a d’autres : John Balog, Joseph Antoine Bell, Prosper Nkou Mvondo, Akoé Domingo. Il est grand temps que les Camerounais s’asseyent pour discuter des problèmes du Cameroun.
Entretien mené par Arthur Wandji