« C’est en voyant jouer Thomas Nkono que j’ai eu envie de devenir gardien de but ». L’hommage est signé Gianluigi Buffon et va droit au cœur du légendaire gardien camerounais qui le considère « comme un grand honneur ». A 52 ans, le double Ballon d’Or africain a marqué l’histoire d’un poste qu’il a révolutionné avec un jeu à l’instinct, comme il le définit lui-même. « Je jouais selon l’inspiration », avoue celui qui est désormais entraîneur des gardiens de l’Espanyol Barcelone.
Souvenirs, souvenirs…
« Tout ce que j’ai vécu, c’est plus qu’un rêve » lâche l’heureux quinquagénaire. Le premier fait d’arme à sortir de sa boîte à souvenirs, c’est le Ballon d’Or africain. Il en glanera deux, en 1979 et 1982. « C‘était impensable à mes yeux quand j’ai commencé ma carrière. En 1979 je jouais encore au Cameroun et à cette époque, le football africain n’était pas du tout médiatisé. C’est en 1982, en Espagne, lors de la Coupe du Monde, que mes performances ont été remarquées. Cet événement a eu un gros impact sur ma carrière. »
Au sortir du Mundial ibérique, il signe à l’Espanyol Barcelone avec lequel il disputera une finale de Coupe de l’UEFA en 1988. Elle sera perdue face aux Allemands du Bayer Leverkusen aux tirs aux buts. « C’est un événement marquant de ma carrière, pas tant sur le plan personnel, mais surtout car cette déception a freiné la progression du club, alors en pleine phase ascendante. »
Double vainqueur de la Ligue des champions de la CAF, Nkono a aussi connu des finales heureuses avec le Canon Yaoundé, comme celle remportée face à l’Hafia FC de Conakry en 1978. « J’ai réalisé dans ce match un de mes plus beaux arrêts. J’étais avancé au point de penalty et l’attaquant m’a lobé. J’ai fait une claquette qui dévie le ballon sur la barre et je l’ai récupéré en faisant une roulade avant ! »
Mais c’est avec l’équipe nationale que Nkono a connu ses plus grandes joies : l’épopée fantastique jusqu’en quart de finale à la Coupe du Monde de la FIFA 1990, la victoire lors de la CAN 1984 et un match décisif de qualification pour la Coupe du Monde 1982 contre le Maroc. « On gagne 2:0 là-bas et j’arrête un penalty. »
Pour en arriver là…
Retraité en 1997, Nkono intègre l’année suivante l’encadrement des Lions Indomptables pour France 1998. Il y restera jusqu’en 2003 et y reviendra en 2007. C’est dans l’Hexagone il y a dix ans maintenant, qu’il a débuté sa nouvelle carrière d’entraîneur, uniquement de gardiens pour l’instant. « Je vais passer mon diplôme pour m’ouvrir d’autres possibilités », nous dévoile l’intéressé, revenu à l’Espanyol en 2000 dans son nouveau costume. « Je m’occupe également des gardiens de l’équipe de jeunes ».
Désireux de s’investir dans la formation des entraîneurs africains, Nkono a organisé récemment un stage estival au Cameroun. « Il y a encore trop de lacunes quand un jeune arrive dans un club européen de haut niveau » analyse celui qui a terminé sa carrière sur un titre de champion de Bolivie en 1996. « La base, c’est la formation des techniciens sur le continent ». Il a dans les tiroirs des projets intéressants qu’il compte proposer à la CAF et la FIFA pour l’aide à la formation des entraîneurs.
Repères
– Clubs : Canon Yaoundé (1974), Tonnerre Yaoundé (1975), Canon Yaoundé (1976-1982), Espanyol Barcelone (1982-1991), CE Sabadell (1991-1993), CE L’Hospitalet (1993-1994), Bolivar La Paz (1994-1996)
– Equipe nationale : 66 sélections (1975 – 1990)
– Titres: Champion du Cameroun (1974, 1977, 1979, 1980, 1982), Vainqueur de la Ligue des champions de la CAF (1978 et 1980), Champion de Bolivie (1996), finaliste de la Coupe UEFA (1988), Vainqueur de la CAN (1984), quart de finaliste de la Coupe du Monde de la FIFA 1990, Italie, Ballon d’Or africain (1979 et 1982)
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