À 72 ans, Valery Nepomnyashchy n’a rien oublié des aventures vécues durant le Mondial 1990 en Italie, lorsqu’il occupait la fonction d’entraîneur des Lions Indomptables du Cameroun, première sélection africaine dans l’histoire, à atteindre les quarts de finale d’une Coupe du monde.
« J’ai eu la chance de me trouver au bon endroit au bon moment », confie-t-il à FIFA.com. « J’avais sous mes ordres des joueurs de grand talent, dit-il. Tout ce que j’avais à faire, c’était de les laisser s’exprimer ».
Pourtant, lors de sa prise de fonction, le technicien russe a été négativement marqué. « A mon arrivée se souvient-il, j’ai été choqué par la mentalité camerounaise (…) je n’imaginais même pas que des gens puissent être aussi peu organisés. On me répondait sans arrêt qu’on s’occuperait de tel ou tel problème demain ». Heureusement pour lui, ses moments de bonheur ont commencé avec le retour de Roger Milla en sélection nationale. « Nous étions en stage en Yougoslavie quand on m’a fait savoir que le président de la République lui-même avait demandé à Milla de revenir », raconte-t-il. « Personnellement, ça ne me posait pas de problème, alors il a pris l’avion et il nous a rejoints ». Le lendemain, Milla était à l’entraînement avec les siens. Et « sur son premier ballon, il (Milla) a battu deux défenseurs avant de marquer », rapporte le technicien.
Milla avait promis de punir Higuita
Auteur de quatre buts durant la compétition, c’est lors de la victoire du Cameroun sur la Colombie (2-1) en huitième de finale, que le double Ballon d’or africain est devenue l’une des légendes du continent, grâce à son but : il a d’abord subtilisé le ballon au gardien René Higuita, alors que celui-ci s’était aventuré en dehors de sa surface de réparation, avant de le loger dans les filets. « Avant le (ce) match, Roger m’a dit : « Ce type-là (Higuita, Ndlr), je vais le punir ». Il connaissait le style de Higuita et il a attendu que l’occasion se présente. C’est une preuve de plus de son génie. Pour moi, il fait partie des plus grands joueurs de tous les temps », conclue Valery Nepomnyashchy. Roger Milla et ses partenaires avaient en effet réussi à renverser tous les obstacles placés sur leur chemin, jusqu’à ce qu’ils croisent l’expérience et le sang-froid de l’Anglais Gary Lineker qui mettait fin à leur belle aventure, en quart de finale. « Les regrets nés de ce match me poursuivront toute ma vie (…) Je pense que je suis le premier à blâmer. Quand nous menions 2-1, je n’ai pas réussi à faire comprendre aux joueurs qu’il fallait temporiser et cesser d’attaquer à tout-va », explique-t-il. « Les Camerounais étaient très portés sur l’offensive ; en revanche, ils n’aimaient pas trop défendre. Nos défenseurs centraux n’étaient pas très rapides et Lineker a exploité cette faiblesse à deux reprises. Nous aurions dû faire preuve de plus de retenue et réduire les espaces », a-t-il ajouté avant de reconnaitre tout de même que la performance du Cameroun en Italie ne tient pas du miracle.
Par Arthur Wandji