Notre consultant qui est par ailleurs entraîneur de football fait une analyse du match des Lions Indomptables face à la Mauritanie. Il pose un regard froid sur la manière dont le Cameroun a joué, indique les bons et les moins bons points.
Le Cameroun a battu la Mauritanie par un but à zéro, en toute fin de match. Quelle lecture faites-vous de cette rencontre ?
C’était difficile. On a gagné. C’est l’essentiel qui a été fait. On a remporté les trois points de la journée. Mais, il faut insister pour le dire, que ça été difficile. Je l’ai d’ailleurs dit à un journaliste, en fonction de la première mi-temps que j’ai observée, d’être très patient. On rentre tout de même avec un sourire, mais teinté d’amertume.
Qu’est-ce qui peut justifier cette amertume ?
Nous avons tous vu que, que ce soit dans l’animation offensive que défensive, c’était laborieux. Au niveau des stratégies de jeu et du système de jeu, rien n’a été facile. Nous sommes partis sur un 4-4-2, qui n’a pas fonctionné en première mi-temps. L’entraîneur a été obligé de revenir en 4-3-3 en deuxième mi-temps. On a aussi remarqué qu’au niveau de la relation milieu de terrain – attaque, c’était aussi laborieux. Notre jeu a manqué aussi de vitesse. Il faut dire qu’en face, nous avions une très bonne équipe de la Mauritanie au niveau de son animation défensive, qui nous a posé d’énormes problèmes. Elle a joué avec un bloc très bas constitué de deux lignes essentiellement, et il y a eu des difficultés à trouver des espaces, à percer cette défense mauritanienne.
Comment avez-vous jugé le comportement de notre défense ?
J’avoue qu’on n’a pas été très satisfait de cette défense qui manque de rigueur. Il y a eu un peu trop de suffisance dans cette défense ; peut-être qu’on s’est dit qu’on avait en face de nous la Mauritanie et cela a failli nous jouer des sales tours à au moins deux reprises. On n’a certes pas pris de but, mais si la Mauritanie avait été tranchante dans les contre-attaques, elle nous aurait mis en difficulté. On peut dire que cette défense a fait son boulot, puisqu’elle n’a pas pris de but.
Le milieu de terrain vous a-t-il satisfait ?
C’est le compartiment où il y a eu plus de difficultés. On n’a pas su verticaliser le jeu, on n’a pas su jouer vers l’avant, on n’a pas eu un ou deux véritables relayeurs ou milieu offensif pouvant amener le jeu vers l’avant. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’entraîneur a été obligé de changer de système de jeu. En jouant avec quatre milieux de terrain, les deux milieux de couloir qu’il a utilisés ont été habitués à jouer comme ailiers. Ils n’ont pas pu s’adapter, parce que ailier et milieu de couloir dans un 4-4-2, c’est deux animations différentes. Moukandjo et Clinton Njié, ne se sont pas adaptés à ce système. Même si je pense que le jeune Toko Ekambi et Dany Ndi qui sont entrés m’ont semblés, et c’est mon humble avis, même s’ils ont beaucoup de qualités, ils sont un peu juste pour l’équipe nationale A. leur apport nous a au moins permis de débloquer le jeu.
L’attaque a-t-elle été à la hauteur des attentes ?
On doit dire bravo à Aboubakar Vincent, parce que si on est encore souriant après ce match, c’est grâce à lui. On a beaucoup péché dans la finition en première mi-temps avec Leony Kwekeu qui, par deux ou trois fois, a manqué de lucidité devant les buts. Depuis deux ans que le coach Finke est là, je l’ai dit à plusieurs occasions, le problème de l’équipe nationale du Cameroun se trouve dans les trente derniers mètres des buts adverses. Quand il va résoudre ce problème d’animation offensive, on aura une très grande équipe, parce que du gardien de buts aux défenseurs, on n’a pas vraiment de problème. Le grand chantier de l’entraîneur du Cameroun, et c’est très modestement que je le dis, c’est l’animation offensive dans les trente derniers mètres.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé