Sorti de sa retraite internationale par le chef de l’Etat Paul Biya, Roger Milla a finalement été l’homme providentiel de l’exploit réalisé par le Cameroun à la Coupe du monde 1990.
Annaba, 2 mars 1990. L’équipe fanion de football du Cameroun s’apprête à prendre part à sa septième participation à une Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Algérie. Le groupe du Russe Valeri Nepomniachi va défendre son titre sans Roger Milla. L’ancien pensionnaire de Montpellier (1986-1989) a pris sa retraite internationale un an plutôt, et s’est exilé sur l’Ile de la Réunion où il évolue à la Jeunesse Sportive Saint-Pierroise. L’homme a le sentiment d’avoir déjà tout donné au football, et compte se la couler douce dans cet archipel français. C’est donc en spectateur et affublé du statut de « consultant » qu’il est présent à cette fête du football africain.
Le Cameroun entre dans la compétition le 3 mars et est battu par la Zambie, après un but de Chikabala à la 58e minute (1-0). Trois jours plus tard, le tenant du titre s’incline de nouveau. Cette fois, devant le Sénégal (2-0). Les Lions Indomptables sortent finalement les griffes lors de la troisième journée dans leur groupe B. Grâce à un doublé d’Emmanuel Maboang Kessack, le Cameroun prend le dessus sur le Kenya (2-0). Une victoire certes, mais insuffisante pour passer le premier tour. Dans les villes de Yaoundé, Douala, Bamenda et Bafoussam, le parcours des Lions Indomptables n’est guère rassurant. D’autant plus qu’une échéance capitale se profile à l’horizon : la phase finale de la Coupe du monde « Italie 1990 ». Les attaquants camerounais manquent cruellement d’efficacité et ne rassurent pas. C’est alors que la piste Roger Milla est envisagée en « haut lieu ». Mais l’encadrement technique n’est pas très emballé par l’idée, au prétexte que Milla avait déjà passé le témoin, et que son retour en sélection pourrait gâcher l’atmosphère qui y règne.
Milla, la promesse d’une vision présidentielle
La présidence de la République ouvre néanmoins le débat. Sur instruction du chef de l’Etat Paul Biya, une réunion se tient le 23 mars 1990 au Palais de l’Unité. Les assises sont présidées par le secrétaire général de la Présidence, M. Edouard Akame Mfoumou, en compagnie du conseiller technique Ebenezer Njoh Mouelle, d’Albert Etotoke Epoune, le président de la Fédération Camerounaise de Football de l’époque, le sélectionneur et ses adjoints, Michel Kaham et Jules Frédéric Nyongha, nouvellement affectés à l’encadrement technique. La Présidence tranche définitivement et facilite la sélection de Milla en mai. Un choix audacieux qui s’est avéré salutaire car, le « vieux lion », 38 ans à l’époque allait briller de mille feux à cette compétition. Le numéro 9 inscrit notamment un doublé contre la Roumanie (2-1) en match de groupes. Puis, un autre doublé en huitièmes de finale contre la Colombie (2-1, ap). Si le Cameroun a pu devenir le premier pays africain à disputer un match de quarts de finale de Coupe du monde, c’est grâce à lui, Roger Milla, la bonne pioche du chef de l’Etat.