Il va s’agir désormais de faire amende honorable, tel que l’a promis Samuel Eto’o, en réalisant une prestation mieux aboutie mardi. Il faut quand même le dire, l’adversaire est un cran au dessus de la modeste sélection des Ouzbeks qui a posé d’énormes difficultés au Cameroun. Avec l’ailier volant Son Heung-mi qui déboule à la vitesse de l’éclair, il va falloir redoubler de vigilance. Sinon le chemin vers le Mondial 2022 peut-être difficile à parcourir.
Avec tout ce qui s’est dit, on est à même de se poser la question si le staff du Cameroun a la compétence nécessaire pour guider ce groupe de joueurs. Et cela n’a rien à voir avec la personne du Sélectionneur-Manager, qui est un homme extrêmement sympathique.
La Coupe du Monde est le dernier jalon d’un cycle de travail qui dure quatre ans dans les grandes nations. Cela peut ne pas être facilement perceptible, mais le travail des sélectionneur est exigeant et difficile. Ils ne voient leurs joueurs que très peu. Et en quelques jours seulement, ils doivent mettre en place, la tactique complète et toutes les déclinaisons pour venir à bout des adversaires. Ils ne disposent pas d’un temps aussi conséquent que les entraîneurs en club.
Leurs méthodes de travail doivent être éprouvées, leur compétence doit être au dessus de la normale. Comme on le dit de manière banale, il faut connaître pour pouvoir enseigner, il faut maîtriser pour se faire facilement comprendre.
Nos populations croient encore aux surprises. Nous croyons tous encore à la génération spontanée, au gain facile comme gagner la loterie nationale. La réalité est qu’avec la mondialisation, les surprises au football sont devenues tellement rares pour ne pas dire inexistantes. La raison est simple: les meilleurs joueurs des pays parmi les plus inaccessibles de la planète évoluent tous dans les meilleurs clubs du monde. Il est désormais quasiment impossible de voir un concentré de bons joueurs inconnus comme lors du Mondial 1982 avec le Cameroun. Ou encore, des joueurs aussi sous-estimés tels que la cuvée 1990 du Cameroun.
Le Big data et les nouvelles technologies ont totalement révolutionné la science du sport et particulièrement du football. Les statistiques, les habitudes, les qualités de tous les joueurs du monde entier sont connues et accessibles de tous. Il n’y a plus de tactique, comme celle du crabe inversée qui sortira d’une soi-disant bouteille magique. Et d’ailleurs, les recours aux marabouts de toute sorte ont montré leur limite. Voyez l’affaire Pogba et Matthias qui accuse son petit-frère d’avoir « marabouté » Kylian Mbappé. Au rythme où le franco-camerounais enfile les buts, Aboubakar Vincent ou n’importe quel attaquant des Lions Indomptables aurait aimé se faire aussi « marabouter ».
Les partisans de la croyance magique vont rester éternellement optimistes. Ça c’est sûr. Mais depuis 1990, cela va faire 32 ans que cette optimisme ne nous a mené que dans l’abime. Et on a eu des joueurs dominants dans cet intervalle. Le Président de la Fécafoot qui s’est inscrit dans cette lignée d’optimisme béat n’avait que 21 ans lorsque le Cameroun avait enregistré sa dernière victoire en Coupe du Monde. C’était en 2002. Il en a aujourd’hui 41, enfin, officiellement.
La qualité ne ment pas. Si les pays qui réussissent y arrivent, c’est parce qu’ils se donnent les moyens pour y arriver. Ils basent leurs décisions sur des données tangibles, que l’on peut chiffrer, quantifiables. Ils n’ont d’yeux que pour la qualité. En 2022, si un joueur, passé 25 ans, ne joue que dans des clubs de bas de gamme ou dans des championnats ou des ligues mineures, c’est clairement parce qu’il y a quelque chose. Dans les grandes sélections, on ne tâtonne pas.
Parce que, c’est aussi de cela qu’il s’agit. Si l’ambition du Mondial 2022 veut être atteinte, il faut penser rapidement, et juste.