L’équipe de France a ajouté une deuxième étoile sur son paletot bleu. Avec un style de jeu qui ressemble énormément à son sélectionneur Didier Deschamps – d’un pragmatisme que n’aurait pas renié son mentor Aimé Jacquet, aux commandes de la sélection en 1998 -, elle a fini par franchir toutes les embûches grâce à ses talents bruts tels Kylian Mbappé et Antoine Griezmann, mais aussi avec ses guerriers N’Golo Kanté, Raphaël Varane et même Olivier Giroud, avant-centre qui a terminé l’épreuve sans but au compteur (ni tir cadré). Comme un certain Stéphane Guivarc’h, vingt ans auparavant…
Ce nouveau triomphe tricolore relève finalement d’une certaine logique. Les hommes de Didier Deschamps disputaient ce dimanche leur troisième finale mondiale au cours des vingt dernières années et ils sont les seuls au monde à en avoir joué autant. Ajoutez-y un Euro gagné, un Championnat d’Europe perdu et deux Coupes des Confédérations remportées durant ce laps de temps et vous apprécierez leur constance incroyable au plus haut niveau du jeu de ballon.
Après un tour préliminaire où leur incapacité à produire du jeu a été largement critiquée, surtout au pays, les Français ont développé un jeu de contres d’école, pour prendre à revers les défenses argentines, uruguayennes et belges. Ça n’a pas toujours été beau, mais qu’est-ce que ça a été efficace! Ces victoires n’étaient pas forcément marquées du sceau du panache, mais en football, qui plus est en finale d’une Coupe du monde, seul le résultat compte. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé dimanche.
Scénario à la française
On aurait voulu écrire à l’avance un scénario où la France allait bénéficier de coups de pouce des Dieux du football qu’on n’aurait pas osé aller aussi loin que la réalité. Dépassés par l’engagement des Croates en début de rencontre, les Bleus ont ouvert le score sur leur premier coup-franc lointain, dévié du chef, dans son propre filet, par le pauvre Mario Mandzukic (18e). C’était plus que bien payé, mais on n’avait encore rien vu.
Dix minutes après l’égalisation de volée de Perisic, à la suite d’un échange de têtes dans les 16 mètres français, c’est la vidéo qui a envoyé Griezmann inscrire le 2-1 depuis le point de penalty. Le pauvre Perisic avait touché le cuir du bras et après de nombreux visionnages, l’arbitre argentin Nelson Pitana a dicté la sanction suprême et permis aux Tricolores de rentrer aux vestiaires avec une longueur d’avance.
Lloris les relance presque
Les Croates ont tenté de réagir, Vida (45e+1) et Rebic (48e) y ont presque cru, mais Pogba, à l’origine et à la finition de l’action du 3-1 de l’heure de jeu, a tué le suspens. Il a aussi mis un nouveau coup de fatigue supplémentaire dans les jambes de ses adversaires, qui avaient passé 90 minutes de plus sur le pré depuis les 8es de finale. Mbappé (65e) a pensé qu’il avait vraiment fini le travail, sauf que quatre minutes plus tard, Lloris a offert le 2-4 à Mandzukic. Une erreur sans conséquence, finalement.
«Putain, vingt ans…», sont sans doute en train de s’écrier nombre de Romands, à l’évocation des «cocoricos» que vont forcément leur asséner les médias français ces prochains temps. Car Zinédine Zidane et compagnie ont fêté la double décennie de leur succès de 1998 quelques jours avant ce Mondial russe et la nostalgie commençait doucement à poindre, de l’autre côté du Jura et du Léman. Mais les Bleus ont remis le couvert sur le pré cet été, avec un certain Didier Deschamps, d’abord capitaine puis général, en forme de trait d’union entre ces deux générations dorées.
La fiche du match
- France-Croatie 4-2 (2-1)
- Loujniki, 78’011 spectateurs
- Arbitre M. Pitana (Argentine)
- Buts 18e Mandzukic, autotogoal 1-0, 28e Perisic 1-1, 38e Griezmann, pen. 2-1, 59e Pogba 3-1, 65e Mbappé 4-1, 69e Mandzukic 4-2
- Avertissements 27e Kante (antijeu), 41e Hernandez (jeu dur), 90e Vrsaljko (jeu dur)
- Notes : La France au complet. La Croatie sans Kalinic (renvoyé du groupe).
- Changements France: 54e Nzonzi pour Kanté, 72e Tolisso pour Matuidi, 81e Fékir pour Giroud. Croatie: 70e Kramaric pour Rebic, 81e Pjaca pour Strinic
- Équipes:
- France, en bleu, en 4-2-3-1 1-LLoris 2-Pavard, 4-Varane, 5-Umtiti, 21-Hernandez 6-Pogba, 13-Kanté (54’ 15-Nzonzi) 10-Mbappé, 7-Griezmann, 14-Matuidi (72’ 12-Tolisso) 9-Giroud (81e 18-Fékir) Sélectionneur: Didier Deschamps
- Croatie, en rouge et blanc, en 4-3-3 1-Subasic 2-Vrsaljko, 6-Lovren, 21-Vida, 3-Strinic (81e 20-Pjaca) 10-Modric, 11-Brozovic, 7-Rakitic 18-Rebic (70’ 9-Kramaric), 17-Mandzukic, 4-Perisic Sélectionneur: Zlatko Dalic