Ce sont des histoires de primes, des éliminations en cascade au premier tour, une porosité technico-tactique, des guéguerres administratives et même entre les joueurs, bref la honte ! Ceux qui n’ont pas directement déçu sur le terrain ont fait les couvertures de l’Equipe, de Marca, de Der Spiegel, de la Gazetta Dello Sporte…pour leur brouillant et bouillant vestiaire. Même si globalement le continent a fait mieux dans l’histoire de ses participations en coupe du monde en envoyant pour la première fois deux de ses émissaires au second tour, il n’est pas moins passé pour la risée parmi les autres continents qui avait mieux à exposer sur la place boursière au Brésil.
Aucun pays africain n’a pu aller au-delà des huitièmes de finale comme il y a quatre ans en Afrique du Sud où le Ghana avait atteint les quarts de finale. Les Blacks Stars n’ont pas su rééditer cet exploit et sont rentrés au premier tour. Idem pour la Côte d’Ivoire qui, en trois participations, n’a toujours pas réussi à sortir de la phase des poules, un peu comme le Cameroun depuis 24 ans. Les Lions indomptables ont traversé le premier tour pour la dernière fois en 1990 au mondial italien. Et cette année, les Camerounais sont sortis les premiers de la compétition et sont classés 32e sur les 32 nations participantes. Seuls l’Algérie et le Nigéria ont fait mieux en atteignant le second tour, même s’ils auraient pu aller plus loin encore, n’eût été quelques dysfonctionnements administratifs, mais aussi technico-tactiques.
L’Eléphant perd son ivoire dans le « money time »
La Côte d’Ivoire comptait parmi les deux premiers favoris du continent africain à ce mondial derrière le Nigéria, champion d’Afrique en titre. Les Ivoiriens avaient négocié la compétition par le bon bout, et entretenait l’espoir d’une qualification au deuxième tour au fur et à mesure que le tournoi montait en intensité. Et avant la faute du jeune Giovanni Sio (entré en jeu à la place de Drogba) sur Giorgio Samaras en plein cœur de la surface de réparation ivoirienne dans son troisième et dernier match de poule contre la Grèce, les Eléphants avaient encore leur destin en main. Le sort des Ivoiriens sera scellé sur cette faute dans le money-time, et ils se font éliminés à cause de leur manque de concentration. Les Eléphants quittent la compétition avec trois points. Malgré leur participation pour le moins honorable, ils ne réussiront toujours pas à franchir le deuxième tour après trois participations consécutives en coupe du monde (2006, 2010 et 2014). Déçu de cette expérience manquée, le sélectionneur ivoirien, Sabri Lamouchi critiqué pour ses choix tactiques et ses remplacements inopportuns rendra son tablier à la suite de cette élimination. L’aventure ivoirienne était d’autant plus décevante que la génération actuelle sur la porte de sortie n’a toujours pas réussi à marquer les esprits par ses prestations pourtant rutilantes.
Les Black Stars entachent leur tableau pas des divers de primes
Quart de finaliste de la dernière édition en Afrique du Sud, le Ghana figurait aussi parmi les chances réelles de qualification au second tour, ce d’autant plus que le groupe avait démontré une réelle envie d’évoluer ensemble par le passé depuis les Coupes d’Afriques des nations de 2012 et de 2013. Ce groupe a même été revivifié pour cette coupe du monde avec les arrivées au milieu de terrain de Suley Muntari et Kevin-Prince Boateng, deux ténors de la sélection des Blacks Stars. Hélas, ces deux joueurs sont auteurs d’une fronde contre l’équipe technique à la veille du dernier match de poule contre l’Allemagne, capital pour la qualification. La conséquence directe sera leur expulsion, ajoutée à la grève des joueurs pour les histoires de primes. Résultat : face à une sélection de la Mannschaft prenable, les amis de Gyan Asamoah (meilleur buteur africain d’une coupe du monde avec six buts) se contentent d’un nul (2-2), et récoltent deux points sur l’ensemble de leurs prestations, pas suffisants pour rêver de 2010 où ils avaient échoué en quarts de finale.
Les Super Eagles, Infectés par le syndrome de primes
Les Lions avaient donné le ton avant même le coup d’envoi de la compétition, le Ghana les a suivi, puis les Nigérians s’y sont aussi mis. Cette question de primes était tel un virus qui, une fois l’avoir contractée, on en succombait. Le Cameroun est tombé, le Ghana aussi, une fois que cette question s’est invitée sur la table, et les Super Eagles ne sont pas restés impunis après avoir réclamé leur part du gâteau. Ils ont même passé une journée sans séance d’entrainement, et n’ont repris du service qu’après que leurs primes aient été réglées. Il est clair que les finances relèvent de l’extra-sportif, mais lorsqu’elles constituent déjà une préoccupation dans un groupe, elles ont tendance à détourner les acteurs de leurs objectifs. En dépit de tout ceci, Obi Mikel, Emeniké, Ahmed Musa, Onazi et surtout Vincent Enyeama auront tenu la dragée haute, et ont valablement représenté le continent à ce rendez-vous brésilien, malgré une élimination surprenante en 8è finale face à la France lundi dernier (2-0). Les Nigérians ont démontré qu’il faudra compter avec eux dans l’avenir à l’échelle internationale, mais ce sera désormais sans son capitaine, Joseph Yobo, qui a annoncé sa retraite internationale juste après l’élimination de son pays.
Les Fennecs tombent avec les honneurs
L’observatoire de football du Centre international d’études de sport en Suisse avait misé uniquement sur le Nigéria pour passer le tour préliminaire. Mais, c’était sans compter sur les Fennecs d’Algérie qui ont séduit le monde par leurs prestations chatoyantes et leur jeu alléchant. Les amis d’Islam Slimani, sans doute le meilleur joueur algérien de cette expédition brésilienne, ont franchi le cercle des seize meilleures nations du monde, et réalisaient ainsi un exploit en atteignant ce stade de la compétition pour la première fois sous l’égide du sélectionneur Bosniaque, Vahid Halilhodzic, qui a lui aussi quitté le banc de touche algérien. La première nation africaine au classement Fifa du mois de juin dernier tombait face à l’Allemagne aux prolongations (2-0), après avoir sévèrement tenu tête à la Mannschaft.
Armel Kenné