Ils reconnaissent tous avoir les mêmes objectifs : permettre aux Lions Indomptables de remporter la CAN 2010 et de se qualifier pour la phase finale de coupe du monde la même année en Afrique du Sud. Seulement, ils ne s’accordent ni sur les stratégies, ni sur les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. Plus grave, ils se rejettent mutuellement la responsabilité en cas de problème. Une situation qui n’est pas de nature à créer la sérénité autour du onze national, qui en a pourtant besoin pour redorer son blason. Les intérviews que nous ont accordé le ministre des Sports et de l’Education physique, Augustin Edjoa et le président de la Fédération camerounaise de football, Iya Mohammed au lendemain de la dernière CAN (cf CT du 19 février 2008) sont révélatrices de ce ping-pong qui nuit au football camerounais. Extraits significatifs.
Sur les rapports entre la FECAFOOT et la tutelle (le MINSEP)
Augustin Edjoa : « Je l’ai dit et je le répète, entre la tutelle et la Fédération, il n’y a pas de problèmes (…) Seulement certains ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre comment doivent fonctionner certaines choses. J’ai encore entendu un « responsable » de la Fédération dans une station de radio de la place samedi dernier donner des injonctions au ministère des Sports et au ministre que je suis et exiger le départ immédiat du sélectionneur après la CAN. Cela est révélateur de l’état d’esprit qui prévaut auprès de certaines personnes. Dieu merci, elles ne sont pas nombreuses dans ce cas. Car, les vrais amoureux du football camerounais n’ont aucun intérêt à ce qu’il y ait des problèmes entre la tutelle et la fédération. Nous sortons de la CAN où nous avons prôné l’union sacrée et non l’union de façade autour de nos Lions. Beaucoup ont été sincères, d’autres pas ».
Iya Mohammed : « L’harmonie entre la Fédération et la tutelle est nécessaire pour la réussite des Lions Indomptables et Dieu sait que nous avons tout tenté pour entretenir des relations correctes et cordiales avec la tutelle en cooptant des fonctionnaires du ministère dans notre organe exécutif, en signant des conventions avec la tutelle etc. Mais aucun retour d’ascenseur n’a été remarqué de la part de la tutelle. Un projet commun en tant que tel n’existe pas, mais nous savons que les deux parties ont les mêmes objectifs à savoir remporter la CAN 2010 et qualifier les Lions pour la phase finale de la prochaine coupe du monde. Nous n’atteindrons cet objectif que si chaque partie joue son rôle et rien que son rôle tel que défini par la loi de 1996 ».
Sur l’encadrement technique des Lions Indomptables
A.E. : « En un mois de travail seulement, Otto Pfister a emmené les Lions en finale de la CAN. Quoi dire de plus sur cette performance ? On peut juste regretter que nous n’ayons pas eu beaucoup de temps de préparation. Otto Pfister a rempli son contrat dans cette CAN, je crois qu’il faut le reconnaître. Et c’est tout à son mérite d’avoir lancé dans ce bain des jeunes comme Alexandre Song Bilong, Binya, Nkong et bien d’autres encore, d’avoir donné une âme conquérante à cette équipe. Il faut juste lui faire confiance (…) et le laisser travailler en toute sérénité. Je crois que les faits ont donné raison aux pouvoirs publics en ce qui concerne sa nomination et que nous devons désormais le soutenir dans sa délicate mission ».
I.M : « L’encadrement technique obéit uniquement à monsieur le ministre et à ses collaborateurs. L’encadrement ne comprend pas certains de ses devoirs et obligations à ce niveau de la compétition. Il a fallu par exemple les contraindre à accepter la tenue de conférences de presse, à ouvrir au moins une séance d’entraînement aux journalistes accrédités etc. Je ne souhaite pas faire d’autres commentaires, j’ai simplement remarqué lors de notre séjour (au Ghana) le rôle prépondérant de certains joueurs sur le choix des onze entrant. Ce sont les joueurs qui ont, en fait, imposé leur choix technique et tactique à l’encadrement technique ».
Sur les préparatifs de la CAN et de la coupe du monde 2010
A.E. : « Au niveau des pouvoirs publics, les dispositions sont d’ores et déjà prises pour une bonne préparation des futures échéances qui attendent les Lions, à savoir les éliminatoires couplées CAN et Coupe du monde 2010 dès le mois de juin prochain. Et comme vous le savez bien, dans le cahier de charges de l’entraîneur-sélectionneur national figure bel et bien la qualification de notre pays à ces deux grandes compétitions. C’est dire que les pouvoirs publics sont conscients de l’importance d’une préparation adéquate de notre équipe d’autant plus qu’une contre-performance lors du tour préliminaire entraînera automatiquement une hibernation de notre sélection jusqu’en 2011 ».
I.M. : « Pour préparer la coupe du monde et la CAN 2010, nous allons saisir l’encadrement technique afin qu’il nous communique son programme, notamment en ce qui concerne les matchs amicaux en vue de prendre les dispositions pour les organiser en espérant qu’on nous laissera les mains libres ».
Sur les raisons de la mauvaise préparation des Lions pour la CAN 2008
A.E. : « C’est vrai, le parcours des Lions a été très laborieux. Cela est dû en partie à une préparation courte mais pas inadéquate. Vous l’avez constaté, certains pays qui ont eu deux ou trois ans pour se préparer avec une quinzaine de matchs amicaux à la clé en sont restés au niveau des illusions. Vous savez, les Camerounais sont très durs envers leur équipe nationale, je le comprends fort bien. Mais force est aussi de reconnaître que les critiques ne sont pas toujours constructives et fondées. Si la préparation a été courte, c’est tout simplement parce que le processus de recrutement d’un nouvel entraîneur a été long et rigoureux. Il fallait cependant faire bonne figure à la CAN et nous l’avons fait. Il n’y avait sûrement pas la manière, je vous le concède, mais, il y avait un objectif à atteindre ».
I.M. : « Il y avait deux défaillances, d’un, l’entraîneur a été recruté avec beaucoup de retard et de deux, il manquait à l’équipe des matchs amicaux. Mais la FECAFOOT n’est pas responsable de cette situation. En ce qui concerne les matchs amicaux, la Fédération a voulu que les Lions prennent part du 17 au 21 novembre 2007 au tournoi des quatre nations à Accra. Ce tournoi regroupait quatre anciens champions de la CAN. Malheureusement, la tutelle n’a pas marqué son accord. Le match contre le Japon s’est relativement bien passé et celui de Vigo a été saboté par certaines personnes et boycotté par certains joueurs sur l’instigation de certains encadreurs techniques de l’équipe nationale. S’agissant de l’entraîneur, la FECAFOOT a tiré la sonnette d’alarme depuis le mois de mai 2007 et proposé une liste d’entraîneurs à la tutelle qui avait répondu à l’époque que ce n’était pas une priorité. Nous ne savions pas alors que le ministre avait déjà porté son choix sur M. Otto Pfister. Comment voulez-vous donc avoir une bonne préparation dans cet environnement flou où on ne veut pas reconnaître à la Fédération son rôle le plus élémentaire qui est selon la loi N° 96/09 du 5 août 1996 de constituer les sélections nationales et de les gérer ».
Synthèse de BADJANG ba NKEN, CT