Ce qui aurait pu provoquer un nouveau tonnerre d’applaudissements à l’endroit des dirigeants sportifs camerounais se présenterait désormais comme un tonneau désespérément vide : le stade flambant neuf de Mbouda, construit grâce au salutaire contrat Fécafoot-Mtn, pourrait ne plus accueillir sa toute première compétition officielle ce samedi 31 janvier 2009 avec l’ouverture solennelle annoncée des championnats nationaux du football des jeunes (juniors, cadets et minimes), alors qu’une mission conjointe Mtn-Fécafoot de bons offices avait donné des assurances, il y a quelques jours seulement, que ce serait effectivement le cas.
Il se trouve que les forces du mal, qui cultivent le sous-développement en permanence, seraient en train de prendre le dessus sur les forces du progrès, avec cette nouvelle hypothèque sur la sécurité qui entourerait -dit-on- le match inaugural de la saison du football des jeunes, chez les juniors, entre Olympic Mangwa de Mbouda et Charity Fc de Bafoussam.
Qu’à cela ne tienne, on est bien obligé, une fois de plus, de poser la question de la gestion de nos stades de football. Ceux qui existent, heureusement ou miraculeusement, mais qui ne sont pas, pour diverses raisons, mis à la disposition de la jeunesse sportive camerounaise qui en a tant besoin, dans un contexte de grande pénurie d’infrastructures au Cameroun. Car le stade de la Réunification de Douala, malgré la pause désormais complète du gazon synthétique offert par la Fédération internationale de football association (Fifa) au Cameroun, est toujours fermé à la compétition. Sur ordre du ministre des Sports et de l’Education physique – et à grand raison – qui estime que l’environnement général de cette enceinte ne permet pas encore qu’on y organise des compétitions dignes de ce nom. Car, et c’est un truisme, un stade ne saurait se réduire à l’aire de jeu, si les vestiaires et les tribunes baignent dans la gadoue. Le stade de la Réunification mérite donc d’être réhabilité dans son entièreté avant de redevenir opérationnel, ce qui, nous semble-t-il, est dans les cordes des pouvoirs publics, même si ces derniers continuent à s’arranger, contre toute logique de développement, pour que le budget de fonctionnement soit toujours aussi plus important que le budget d’investissement.
Dans le monde moderne, un peu partout, les stades de football sont conçus comme des lieux de vie. Même dans le Rwanda jusque là considéré comme un petit pays de football, et qui vient pourtant d’organiser avec succès une édition de la Coupe d’Afrique des nations de football juniors. Cette Can des moins de 20 ans, dont le Cameroun s’est qualifié pour la finale dimanche prochain, se dispute dans une seule ville, Kigali, qui dispose à cet effet de deux stades fonctionnels. Selon des sources dignes de foi, le deuxième stade de Kigali dit « régional » a coûté aux contribuables rwandais moins d’un milliard de francs Cfa. Et pourtant, le voilà qui vient d’accueillir une compétition continentale réunissant huit nations, dans des conditions idoines !
C’est dire qu’en matière d’infrastructures sportives, il n’y a guère de miracles, de baguette magique, mais juste une question de volonté politique. Cette politique là qui, au lieu de jouer son rôle de catalyseur et de défenseur de l’intérêt général, serait à nouveau à l’origine du raté du démarrage de la saison du football des jeunes sur le stade flambant neuf de Mbouda samedi prochain. Car, il semblerait bien que c’est le gouverneur de la province (région) de l’Ouest qui, soit disant pour des raisons d’ordre public, a interdit la tenue de la manifestation officielle qui était prévue samedi 31 janvier à Mbouda. Et comme d’habitude, dans ce genre de manœuvres basses gouvernées plus par la malveillance que le bon sens commun, on a attendu la veille de la cérémonie pour faire valoir la pseudo-raison d’Etat, argutie administrative pour freiner la marche en avant du Cameroun.
En clair, on veut nous faire croire que la sanction infligée par la Fécafoot il y a deux ans contre le club de football Bamboutos de Mbouda interdit désormais dans le département des Bamboutos tout match de football organisé par la Fédération. Cette démission des représentants de l’autorité de l’Etat dans la région de l’Ouest, face à un mécontentement populaire qui n’est que supposé et même manipulé (quand il était en D1, Bamboutos Fc n’avait jamais rempli un stade avec 10.000 supporters), fait simplement pitié. Tout comme l’attitude des personnes insoupçonnées qui, dans l’ombre qui sied aux lâches et aux mécréants, s’évertuent à faire échec au Programme national de développement des infrastructures sportives (Pndis) mis sur pied au ministère des Sports et de l’Education physique, et qui, jusque là, est – à notre connaissance- la seule action gouvernementale qui laisse croire que l’on a effectivement une politique sportive au Cameroun. Hélas !
Emmanuel Gustave Samnick