Dimanche 30 octobre 2016. La ville de Mbouda retient son souffle le jour de la finale historique de son club porte-flambeau. Les poteaux électriques longeant le boulevard principal de la ville de Mbouda sont pavoisés du bleu rouge de Bamboutos Fc. Au marché central, les drapeaux de l’équipe flottent devant la majorité des boutiques. De même que devant les débits de boissons aménagés pour accueillir les fans des Mangwa Boy’s. Sur la place des fêtes de la ville, une entreprise brassicole a aménagé un espace où l’on peut vivre sur écran géant, la finale en toute quiétude et autour d’une bière.
L’après-match n’a pas été oublié puisqu’un car podium et l’orchestre de l’entreprise ont été mobilisés pour accompagner sans les supporters de Bamboutos Fc dans les réjouissances en cas de victoire. Quelques heures avant le match, certains supporters déjà saouls font savoir qu’ils projettent passer la nuit en fête : à boire et à danser. Les boites de nuit avaient d’ailleurs fait leur toilette des grands jours et prévus tout le nécessaire pour cela. A Stella, un milieu de réjouissance bien connu de la ville, plus de cent personnes s’étaient mobilisées. Et à la sortie des vestiaires des joueurs, l’adrénaline monte, l’ambiance devient électrique.
Sauf qu’au coup d’envoi de la rencontre, Apejes commence à semer le doute dans la tête de ces supporters, notamment avec sa première alerte (3ème minute). Toutefois, ils ne désespèrent pas, misant sur sursaut d’orgueil des leurs. Peine perdue. Puisque c’est l’équipe de Mfou qui restera ultra dominatrice jusqu’à la fin de la première période.
Du retour des vestiaires, Bamboutos semble avoir compris la nécessité d’ouvrir le jeu. Une option que les supporters rassemblés ici, applaudissent. Davantage quand cela permet aux poulains de Fernandez Fagnia Fagnia de porter le danger dans la moitié de terrain adverse. Alors qu’ils attendaient que cela puisse porter des fruits, ils seront plutôt surpris par l’ouverture du score du club de Mfou sur un coup de pied arrêté (75ème minute). Les carottes de Bamboutos vont se cuire quelques minutes plus tard. Dès lors, les différents points où les supporters s’étaient rassemblés vont se vider progressivement. Et les rues qui étaient vides vont commencer à reprendre vie, mais pas les commerces.
Mbouda, ville morte
Au coup de sifflet final, la désillusion est totale. Tandis que certains supporters accusent les joueurs de n’avoir pas suffisant mouillé le maillot, d’autres optent de faire le deuil. Ils vont prendre d’assaut le boulevard principal de la ville. Bouteilles ou verres de bière entre les mains, en procession sur ce boulevard, ils vont entonner des oraisons funèbres et se montreront indifférents aux klaxons des motos et voitures circulant sur cette artère. D’autres supporters vont se défaire des gadgets du club qu’ils jetteront dans les caniveaux ou sur la voie publique. Les points de vente et de célébration qui étaient déjà prêts pour l’après-match, vont tout simplement fermer. Difficile a été la nuit des habitants de Mbouda.
Gaël Tadj, envoyé spécial à Mbouda