LYON (Reuters) – Patrick M’Boma, le joueur des « Lions indomptables » du Cameroun, confie lors d’un entretien à Reuters son immense émotion de revenir à Lyon pour le match de soutien à la famille de Marc-Vivien Foé. Aux côtés de Sonny Anderson, Thierry Henry, Robert Pirès ou encore Grégory Coupet et Eric Carrière, il participera, mardi à Lyon, à une rencontre dont les bénéfices seront reversés à la famille du joueur.
Ce dernier est mort au cours de la demi-finale Cameroun-Colombie dans la coupe des Confédérations au stade Gerland le 26 juin 2003.
A la veille de ce match, près de 20 000 billets ont d’ores et déjà été vendus.
« Cela permettra de nous recueillir, mais aussi de soutenir Marie-Louise et ses enfants », explique Jean-Michel Aulas, le président de l’OL. « Au delà de messages de sympathie, ils ont besoin d’avoir les moyens de s’éduquer comme Marco aurait voulu le faire. »
Les organisateurs table sur un bénéfice d’au moins 200.000 euros, qui s’ajouteront à la somme de 610.000 euros versée par la Fifa pour venir en aide aux trois enfants du footballeur décédé.
« A une époque où l’on parle beaucoup argent dans le football, je souhaite que nous montrions que le football a du coeur », résume Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel (LFP).
Ce match rassemblera les champions du monde français, mais aussi les ex-coéquipiers de Foé tant à Lyon – Pierre Laigle, Sonny Anderson, Steve Marlet, Grégory Coupet, Eric Carrière – qu’à Lens (Frédéric Dehu) ou à Manchester City (Nicolas Anelka, David Sommeil).
Cette formation, qui affrontera le Cameroun, sera entraînée par Daniel Leclercq, Paul Le Guen et Kevin Keegan.
Par ailleurs, la ville de Lyon inaugurera, en début d’après-midi, un stade au nom du joueur, dans le troisième arrondissement de la ville.
« Car Marc-Vivien Foé a su marquer de son empreinte son passage dans cette ville, » explique Thierry Braillard, l’adjoint au maire de Lyon, en charge des sports.
ENTRETIEN
Q : Patrick M’Boma, ce ne sera forcément pas un match comme les autres ?
R : J’ai déjà une immense émotion en moi à la veille de la rencontre. Nous allons jouer pour quelqu’un qui nous manque énormément, car il a laissé une grosse empreinte en nous. Par le biais d’un match de football, ce qu’il aimait le plus, nous devons lui rendre hommage.
Q : Vous imaginez votre entrée sur le terrain ?
R : Je voudrais que nous rentrions sur la pelouse même où Marco est mort, avec le sourire. Un match de football, c’est du sport et cela doit être porteur d’espoir, de vie et j’espère qu’on va savoir se rappeler de cela.
Q : L’engouement est énorme autour de ce match, beaucoup de joueurs ont répondu présent et rapidement à Basile Boli, qui est à l’origine du projet ?
R : C’est mérité, même si nous ne voudrions pas être là. L’action de Basile Boli est une belle chose, même si cela n’a pas été simple. Il faut essayer de remercier Marco en étant bon sur le terrain.
Q : Vous avez un message ?
R : Il faut se rappeler de Marco, car c’était quelqu’un de bien. Il a laissé tellement de choses positives, qu’il va falloir s’en imprégner pour encore avancer. Je pense aussi à sa famille. Il faudra aussi avoir beaucoup de joie de vivre, pour leur laisser aussi à eux, beaucoup d’espoirs. ll aurait apprécié, je pense, qu’à chaque fois qu’on se retrouve, que les Lions soient aussi joyeux, même s’il y a eu ce drame. C’est important de continuer à vivre. Il avait la joie sur un terrain. Il aurait voulu qu’on continue à montrer que le foot, c’est le plus beau des sports. Il faut qu’on soit positif.
Q : Le plus bel hommage, c’est de produire du beau jeu ?
R : Ce sera de donner du plaisir, à nous mais aussi aux gens. C’est notre acte de remerciement. Il faut chercher à rester digne. Ce n’est pas un match de finale de Coupe d’Afrique. Non, c’est un match que nous nous devons de disputer dans la bonne humeur, pour masquer les moments sombres, vécus il y a cinq mois. Mais je vous dis aussi que je préférerais avoir des frictions avec Marco que de penser qu’il est aujourd’hui dans nos mémoires. Nous nous devons de marquer le passage d’un grand bonhomme ».
Par Edward Jay