Accusé d’escroquerie et d’abus de confiance il y’a une semaine par Raymond Kalla Nkongo qui lui reprochait de ne l’avoir pas rémunéré pour ses bons et loyaux services dans le cadre de son transfert de Trabzonspor en Turquie à celui de Hebei China Fortune, le capitaine des Lions indomptables contre-attaque.
Quand deux générations croisent le fer, ça provoque des étincelles. Lorsqu’un deal capote, le secret est dehors. Le cas Mbia-Kalla en est une illustration parfaite. Depuis une semaine, les deux internationaux camerounais alimentent la rubrique « faits divers » du foot-business pour une affaire de négoce dont les contours sont des plus abracadabradesques. Une semaine après avoir déposé une plainte contre son cadet à la Division régionale de la police judiciaire du Littoral, Raymond Kalla Nkongo qui accuse l’ancien milieu de terrain de Trabzonspor d’abus de confiance et d’escroquerie en coaction, reçoit en plein visage la réplique de ce dernier. C’était mal connaître l’ancien défenseur de l’Olympique de Marseille que de croire qu’il abdiquerait, tel un enfant qui refuse docilement de s’opposer à l’autorité de son père. Que non. Six jours seulement après la sortie de son illustre aîné à la retraite, Mbia ouvre le feu. Plainte contre plainte, c’est sur quatre pages inspirées par la loi et bâti à grand renfort de termes procéduriers, que le conseil de l’international camerounais représenté par le cabinet d’avocats Ngouana Mustapha partners contrattaque énergiquement.
Modalités de rémunération
Première précision d’emblée : les deux stars n’ont aucune relation professionnelle. Suffisant pour comprendre que la rondelette somme d’un million cinq cent mille euros que Kalla Nkongo réclame en tant que médiateur sont « on ne peut plus ubuesques et invraisemblables » et qu’il ne s’agit que d’une « mise en forme d’une macabre menace d’extorsion, d’escroquerie, et de chantage dont sieur Kalla Nkongo Raymond avait déjà agité le spectre auprès de la requérante Rita Meboka qui s’avère être l’interface entre le requérant et les tiers en dehors du cadre purement footballistique ». L’ancien défenseur des Lions indomptables n’étant pas agent de joueurs et ne l’ayant jamais été, ceci laisse transparaitre, expliquent les avocats, toute la méprise de ce dernier, dont « les réclamations frisent celle des joueurs de casino qui croient pouvoir faire fortune par un coup de baguette magique ». Occasion de donner à Kalla, une petite leçon sur l’agent de joueur ; lequel est tenu d’avoir un contrat écrit en quatre par exemplaires le liant au football et définissant les modalités de sa rémunération, comme cela transpire d’ailleurs des dispositions de l’article 19 du règlement des agents des joueurs.
Réclamation surréaliste
Le contrat de médiation, soulignent-ils au passage, doit contenir tout au moins le nom des parties, la durée du contrat et le montant de la rémunération de l’agent et de joueurs, les modalités de paiement, la date d’exécution et la signature des parties. « Le contrat de médiation doit être établi en quatre exemplaires, dûment signés par les deux parties. Le premier exemplaire est destiné au joueur ou au club, le deuxième à l’agent de joueurs. Le troisième et le quatrième exemplaire doivent être envoyés pour enregistrement par l’agent de joueurs à son association et à l’association dont relève le joueur et le club, dans les 30 jours à compter de la signature ». Conclusion : Kalla Nkongo n’est pas dans son droit lorsqu’il réclame aux requis la somme mirobolante d’un million et demi d’euros, alors qu’il est sans relation d’affaires et sans contrat avec eux. Pire, « que les modalités de détermination de sa prétendue rémunération sont toutes aussi imaginaires que le fondement même de celle-ci ; que l’article 20 du règlement des agents de joueurs est suffisamment éloquent sur la détermination de la rémunération des agents des joueurs et mérite d’être rappelé pour mettre en perspective le caractère surréaliste de la réclamation de sieur Kalla Nkongo Raymond qui s’apparente à l’imposture ».
Finalisation du contrat
D’ailleurs, le 17 août dernier, Le club turc Trabzonspor, à travers son directeur général, Sinan Zengin, à signé une lettre indiquant qu’il n’avait jamais travaillé avec Raymond Kalla dans le cadre du transfert de Mbia pour le club chinois. La plainte déposée la veille à la Division régionale de la police judiciaire du Littoral renseigne au détail près, sur les contours de cette scabreuse affaire qui a démarré le 13 février 2016 à Bruxelles. Le conseil de Mbia précise que la rencontre entre Kalla et Rita Meboka s’est déroulée près de trois semaines après la finalisation du transfert de l’ancien Sevillois au Hebei China Fortune Fc mais, que « quelques semaines plus tard, la dame va être accusée de s’être fait payer par le club turc de Trabzonspor en ses lieu et place, alors qu’elle n’a aucune relation professionnelle avec ledit club ; qu’il va prétendre devoir la dénoncer auprès du requérant s’il n’était pas payé pour son travail onirique ; que n’ayant pas satisfaction auprès du requérant avec lequel Sieur Kalla Nkongo Raymond n’avait aucune relation d’affaires ».
Le document dont Camfoot a eu copie intégrale rapporte que l’ancien dossard numéro 5 des Lions va alors menacer de ruiner sa réputation s’il n’était pas payé dans les plus brefs délais et que joignant la parole à l’acte, il va porter plainte contre les requérants et se répandre dans les médias, alors que ceux-ci n’ont pas encore reçu la moindre convocation, ni directement été informés des faits qui leur sont reprochés. Cela s’appelle, croit savoir Mbia, chantage et tentative d’escroquerie. Vous avez dit affaire de sous ? Affaire à suivre !
Christou DOUBENA