Les palmes sont accrochées sur les murs du bâtiment. Elles annoncent un événement : la messe de requiem que la famille de Marc-Vivien Foé organise ce jour au complexe qui porte le nom du footballeur au quartier Biteng. En cette fin de matinée, le terrain de foot du complexe est encore désert. Mais pas pour longtemps.
Une dizaine de jeunes gens venus de Mfou attendent à l’ombre d’un manguier. La concession accueille depuis quelques jours le » Tournoi 17 « , en référence au numéro 17 que portait l’ancien milieu de terrain des Lions Indomptables. Les dix-sept équipes affiliées marquent une pause. La famille et les proches vont prier pour le défunt. Dimanche dernier déjà, Marie Louise Foé, la veuve, a convié quelques amis à une première messe.
Le temps est passé vite. Très vite même. Son passage provoque parfois des trous de mémoire. C’est justement ce que Marie Louise Foé craint. » J’ai peur que les gens soient en train d’oublier Marc Vivien « , lance-t-elle. Le quatrième anniversaire de sa mort nous offre l’occasion de revenir sur son œuvre qui reste non achevée. La plus visible étant le complexe sportif que le disparu était en train de dresser à Biteng » Rien n’a bougé « , confesse la veuve. Pourquoi ? » Parce que dans ce genre de situation, les organismes veulent bien faire les choses. Mais ils se heurtent à un souci : s’assurer que les actions engagées vont honorer la mémoire du disparu ou alors profiter à la progéniture. » L’achèvement des travaux de construction du complexe se heurte à un souci majeur : son statut juridique…Marie Louise Foé reconnaît néanmoins que si les choses ne bougent pas à Biteng, elles avancent plus ou moins bien à Nkomo où le couple avait également entamé la construction de la maison de retraite, car Marco entendait prendre la sienne en 2008, révèle-t-elle.
La FIFA et la Caf versent une pension alimentaire tous les mois aux enfants jusqu’à ce qu’ils atteignent 18 ans. 3000 francs suisses pour la FIFA, 1500 dollars pour la CAF. Scott, l’aîné, aura 12 ans en août. Marie Louise dément l’information qui a circulé un moment et relative à un projet de plainte qu’on lui prêtait. Elle reconnaît au passage avoir également reçu l’aide de la Fédération anglaise de football. Après quelques années à Manchester, la famille a replié à Lyon en France où elle vit. Notre interlocutrice joue la carte de la transparence à fond. » Les enfants reçoivent aussi un soutien de la part de Eto’o, Olembé et Patrick Mboma « , précise-t-elle. Wome et Ndo nous assistent également. Y a t-il un nouvel homme dans sa vie ? Très détendue, celle qui avait fait la connaissance de » Marco » au lycée d’Elig Essono coupe : » Je n’ai pas d’homme dans ma vie pour l’instant. Je gère ce côté comme je peux ». L’entretien s’achève sur une construction mathématique. Elle se présente de la façon suivante : » Quand j’ai connu Marco, j’étais à 1. Il m’a mis à 10. Je suis redescendue à 2 « , confesse-t-elle en toute humilité. C’est désormais cette équation que Marie Louise Foé qui évacue toute idée de » veuve joyeuse » est appelée à résoudre au quotidien.
Brice MBEZE