La vie de Marc a été bouleversé le jour où son père, international camerounais et véritable capitaine de l’équipe, va tomber au champ de bataille alors que le Cameroun jouait les demi-finales de la Coupe des Confédérations à Lyon en France. C’était le 26 juin 2003. Joueur apprécié par ses clubs successifs, adulé par le public, son décès a marqué les esprits. Sa famille ne s’est vraiment jamais remis. Marc Foé (22 ans) a comparu ce lundi devant la cour d’assises de Lyon pour vol avec arme et séquestration d’un prêtre…
Pratiquement 15 ans après le décès de son père, le jeune adulte est jugé aux assises à Lyon depuis lundi pour vol avec arme et pour avoir séquestré un prêtre à Genay (Rhône), en novembre 2015.
Il est accusé de vol avec arme et de séquestration. Dans la nuit du 28 novembre 2015, il aurait agressé un prêtre à Genay (Rhône). Marc Foé reconnaît avoir attaqué le prêtre, avec Sofiane Bardot (20 ans), son complice présumé, à la recherche d’un coffre-fort situé dans le presbytère.
Porteur d’une arme de poing, acquise quelques jours plus tôt dans une armurerie, Marc Foé avoue avoir menacé, frappé et menotté le prêtre. Au bout de deux heures de vaine fouille de l’appartement, il a été mis en fuite par une alarme et interpellé par une patrouille de gendarmerie, alors qu’il revenait sur les lieux, à la recherche de l’arme oubliée.
Au-delà des faits, assez simples et reconnus, pour lesquels il encourt 30 ans de réclusion criminelle, l’histoire familiale de Marc Foé a monopolisé les débats aux assises dès lundi. « Son père a perdu la vie devant les caméras du monde entier. Il avait huit ans. Cet événement a bouleversé son parcours », a soutenu son avocat Alexandre Plantevin.
Né à Lille, le jeune homme a été ballotté d’un pays à l’autre, d’une école à l’autre, en suivant la carrière de son père. Une enfance à la fois dorée et marquée par la figure paternelle, qui a basculé le 26 juin 2003, avec ce décès du joueur au stade de Gerland. « Je n’ai jamais vu Scott agressif à la maison », témoigne à la barre la maman Marie-Louise Foé (42 ans), en utilisant le second prénom anglophone de son fils « pour faire la différence avec son père ».
Un expert psychologue explique au procès que le jeune homme a vécu sous la forte pression familiale, chargé, en tant que fils aîné, de remplacer le père, selon la culture camerounaise. Sous la pression maternelle aussi, lorsque sa mère veut absolument lui faire suivre des études pour assurer sa réussite. « Je n’ai pas supporté la mort de mon père, je me suis autodétruit », a confessé Marc Foé au psychologue.
Dans le coma en 2011 après un très violent coup de batte de baseball au crâne
Selon sa mère, le garçon a choisi le rugby plutôt que le foot, en sport étude, « parce qu’on le comparaît trop souvent avec son père ». En même temps, Marie-Louise s’en veut de l’avoir envoyé en Angleterre suivre des études, pour l’extraire de mauvaises fréquentations, et pour le tenir à l’écart du conflit familial sur la succession de l’international. Au retour du collège à Londres, Marc Foé a été victime en 2011 d’un très violent coup de batte de baseball au crâne qu’il impute à des skinheads. Après un coma, il en a gardé des séquelles persistantes, avec la pose d’une prothèse en titane à la place des os du front.
Après une longue période de rééducation, Marc Foé a commis plusieurs actes de délinquance dans la région lyonnaise, où réside sa mère. Marie-Louise Foé fait part de son désarroi de voir son fils impliqué dans l’agression d’un religieux, alors que son fils avait lui-même été victime et qu’elle fréquentait l’église de la victime. « Il est perdu, il n’arrive pas à retrouver son chemin », dit-elle, persuadée que son fils a été influencé et manipulé. La mère de l’autre accusé dit la même chose de Sofiane, presque mot pour mot. Le verdict du procès est prévu mercredi.
Par ailleurs, une enquête a été ouverte sur trois menaces à l’encontre de Marc Foé. Samedi et dimanche, soit à la veille du procès, le jeune homme a reçu trois messages sur son téléphone : « Tu sais ce que tu as à faire », « Je sais tout de toi », disait notamment l’interlocuteur anonyme, en indiquant l’adresse des proches du jeune homme.