Le sélectionneur du Cameroun a offert une interview à Cameroon-Tribune dans laquelle il passe en revue sa vision de son travail. Marc Brys a expliqué les rapports avec la Fécafoot, mais aussi avec son principal collaborateur , Joachim Mununga. La qualification à la prochaine CAN 2025 étant assuré, son plan pour la suite est très clair dans sa tête. Il aimerait néanmoins avoir des rapports aisés.
Interview …
Après la quatrième journée des éliminatoires de la CAN 2025, vous avez atteint un de vos objectifs en qualifiant le Cameroun pour le Maroc. Êtes-vous satisfait ?
Évidemment je suis satisfait par la qualification des Lions Indomptables pour la prochaine CAN au Maroc. C’était l’un de mes objectifs préliminaires avec le Gouvernement. En plus, au-delà de la qualification en elle-même, il y a surtout la manière et le fond de jeu. Car nous avons commencé à implémenter notre vision du jeu avec un groupe formidable, un groupe à l’écoute et soudé autour de notre projet. Cette équipe redonne de la joie au peuple camerounais et à tous ceux qui aiment et supportent les Lions indomptables à travers le Monde. C’est important pour moi et pour les joueurs de gagner mais aussi de prendre du plaisir sur le terrain. Malgré ses enjeux, le football demeure avant tout un jeu et il faut être le meilleur pour gagner. Pour y parvenir, nous avons créé cette alchimie qui est la marque de toutes les grandes équipes. Maintenant je dois encadrer ces joueurs, tous talentueux qui veulent écrire une nouvelle page du football camerounais. Je pense que les Camerounais voulaient cette qualification pour la CAN au Maroc et c’est fait. Cela augure de très bonnes choses pour la suite. Nous allons continuer à travailler durement pour maintenir ce niveau de performance et faire encore mieux lors de la phase finale au Maroc.
En six matchs livrés, vous affichez quatre victoires, deux nuls, et donc aucune défaite. Quelle analyse faites-vous de votre bilan six mois après ?
Je trouve que le bilan est fantastique, notamment grâce à notre qualification à deux journées de la fin de ce tour éliminatoire. Mais nous restons modestes et gardons notre clairvoyance. Même s’il s’agit d’un accomplissement majeur, cela résulte du travail acharné et de l’engagement de toute l’équipe. Ce bilan est d’autant plus satisfaisant que le contexte dans lequel nous avons évolué n’était pas facile. Il y a eu beaucoup de pressions, tant interne qu’externe, mais nous avons su rester concentrés sur nos objectifs et sur notre jeu. Les joueurs ont montré une résilience et une détermination exemplaires. Je suis très fier d’eux et je considère que certaines choses sont désormais derrière nous et nous devons avancer.
Une ossature solide se dégage déjà dans l’équipe. Quelle appréciation avez-vous de votre groupe et sur quels aspects faut-il encore mettre l’accent ?
Depuis le début de cette aventure, il règne une osmose particulièrement positive au sein du groupe, un bon feeling et une forte solidarité entre les joueurs. Il y a une très bonne ambiance et une bonne cohésion entre les joueurs, le staff technique, le staff médical, les bénévoles, et moi-même. Cette harmonie est l’un des piliers de notre succès jusqu’à présent. Le message est très clair : tout le monde se met au service du collectif. Chaque membre de l’équipe, qu’il soit joueur, membre du staff ou bénévole, comprend que notre force réside dans notre unité et notre capacité à travailler ensemble. Tout le monde a adhéré à notre projet et aujourd’hui nous avons comme objectif de performer pour montrer la valeur réelle du football camerounais.
Dès lors que la qualification est acquise, peut-on s’attendre à découvrir de nouveaux talents ?
Dès le début, l’objectif a toujours été de composer une équipe ultra compétitive pour redonner au football camerounais ses lettres de noblesse. Pour cela, nous nous sommes lancés dans la détection des jeunes talents camerounais de par le Monde. Plus de 3000 joueurs professionnels camerounais évoluent dans des championnats étrangers. Ainsi, avec un scouting intensif, méthodique nous avons pu ramener de nouveaux joueurs tels que Carlos Baleba de Brighton. Ce travail continue et d’autres jeunes vont arriver. C’est un privilège pour ces jeunes de porter le maillot du Cameroun et une bonne opportunité. Les Lions Indomptables recommencent à faire rêver les jeunes Camerounais. Nous allons donner à chacun et notre but demeure de maintenir la dynamique positive de victoires que nous avons durement acquise. Ainsi, pour les deux matchs qui restent, je mettrai en place une équipe toujours plus compétitive, avec peut-être de nouveaux joueurs dans le noyau principal.
Quels sont vos futurs axes de travail et de développement afin de poursuivre votre projet de reconstruction des Lions indomptables ?
Les plus grands axes de travail dans les prochains jours vont être de rappeler à tout le monde que c’est le travail et l’humilité qui nous ont permis d’être là où nous sommes aujourd’hui. Il est crucial de continuer à travailler très dur pour maintenir et renforcer notre niveau. J’ai également pour habitude d’avancer pas à pas, c’est pourquoi mon attention est entièrement dirigée vers nos deux prochaines rencontres.
Malgré un contexte difficile à votre arrivée, vous êtes en train de réussir votre mission. Quel est le secret de Marc Brys pour avoir des résultats dans un tel environnement ?
Selon moi, il n’y a pas de secret à part la valeur du travail et du travail collectif. Sur le plan humain, je dois établir une relation de confiance avec les joueurs. Je m’efforce de leur donner le plus de confiance, le plus de responsabilité possible et leur permettre d’évoluer librement dans un cadre clair. J’exige de mes joueurs qu’ils fassent preuve d’audace et sur le terrain, qu’ils continuent perpétuellement de performer au plus haut niveau possible. J’aime que mes joueurs soient la meilleure version d’eux-mêmes et, pour cela, ils ont besoin de clarté, d’un plan de jeu clair, et surtout de beaucoup de confiance pour qu’ils joueurs puissent s’exprimer.
Il ya comme une osmose et une confiance totale avec votre groupe qui semble soudé dans cet objectif commun, peu importe les circonstances. Comment expliquez-vous cela ?
Pour moi, c’est très simple. Il s’agit avant tout d’un collectif. Ce collectif a la particularité que tout le monde se donne l’un pour l’autre et l’intérêt du groupe est toujours mis en priorité. Ce groupe a fait du résultat la seule chose qui compte. Au-delà d’être des joueurs, ce sont avant tout des Camerounais patriotes et dévoués à leur pays. Et dans le jeu, cela se traduit le fighting Spirit ou le HEMLE comme on dit ici au Cameroun. Ce sentiment m’a beaucoup frappé, voire même impressionné. Je suis très fier de pouvoir coacher un groupe tel que j’ai en ce moment.
Dès lors que la Présidence de la République a initié une entente entre le Ministère des sports et la Fecafoot pour la gestion des Lions, votre travail doit être désormais facilité.
Permettez-moi avant toute chose, de remercier très sincèrement les Autorités camerounaises pour la confiance qu’elles ont placée en ma modeste personne en me confiant le management de la sélection nationale des Lions Indomptables. Je tiens à remercier le Premier Ministre, Dr Joseph Dion NGUTE qui m’a reçu avec mon Assistant. Je remercie également grandement le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République Ferdinand NGOH NGOH qui m’a reçu à deux reprises au moment où, face aux difficultés auxquelles je faisais face, j’avais vraiment commencé à me poser des questions sur mon avenir à la tête des Lions Indomptables. Il m’a rassuré et il m’a aussi transmis les félicitations et les encouragements du Président de la République Son Excellence Paul BIYA pour notre qualification dans le cadre de la prochaine CAN au Maroc. Je sais qu’il a beaucoup travaillé avec le Ministre des Sports le Professeur Narcisse MOUELLE KOMBI pour apporter des solutions aux problèmes que j’ai posés dans le but de mieux travailler avec mon staff et avec les joueurs. Ils ont aussi travaillé ensemble dans le cadre du compromis entre le MINSEP et la FECAFOOT. Ce compromis commence à faciliter notre travail et on peut bien l’observer au niveau de la performance de l’équipe, notamment les deux dernières victoires d’affilé face au Kenya. Avant cela, la collaboration avec la FECAFOOT était très difficile. Par exemple, vous savez ce qui s’est souvent passé avec mon Assistant qui à plusieurs reprises, a été expulsé du banc de touche. Mais, je ne reviendrai pas sur le passé, les choses sont en train de s’améliorer. Je communique déjà avec le Président de la FECAFOOT qui m’a rassuré dans son dernier message de son soutien pour l’intérêt de l’équipe. Je vais travailler avec la FECAFOOT, même s’il y a encore certaines personnes qui ne sont pas encore dans la dynamique du changement en cours. Bon, je suis de nature patient et je pense que nous sommes sur la bonne voie, chacun doit juste faire son travail. Nous devons nous respecter mutuellement et les choses iront encore mieux. Mais grâce au compromis MINSEP/FECAFOOT, il y a des avancées, peut-être lentes, mais dans avancées quand même. Le Ministre des Sports et ses collaborateurs nous ont vraiment apporter un soutien constant et nous tenons à remercier le Professeur Narcisse MOUELLE KOMBI pour toute sa sollicitude et sa disponibilité.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre binôme avec votre Assistant ?
Avant de devenir mon Assistant, Joachim était d’abord mon joueur. Et honnêtement, nos relations étaient difficiles au début, mais c’est un garçon qui a du caractère et qui sait aussi être humble. Voilà pourquoi j’avais fait de lui mon capitaine. Il m’a retrouvé en Turquie et nous avons gardé le contact durant toute sa carrière, jusqu’au jour où j’ai décidé de faire de lui mon Assistant. Vous savez dans le football, il est important d’avoir autour de soi des collaborateurs en qui vous avez une confiance absolue. C’est le cas avec Joachim qui est devenu un très bon technicien. Joachim est titulaire du plus haut diplôme d’entraineur de la FIFA. Comme moi, il a une Licence UEFA Pro et tant que coach Assistant, à 36 ans, il cumule 186 matchs professionnels en première division Belge et maintenant nous travaillons avec les Lions et c’est un membre très important du staff technique.
Comment envisagez-vous les défis qui vous attendent en 2025 avec notamment la suite des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 et la CAN prévue au Maroc qui constituent des objectifs majeurs pour vous ?
Nous abordons tous ces challenges avec beaucoup de sérénité, laquelle est indispensable à la performance que nous recherchons. Il est vrai que nous avons tous ces défis en ligne de mire et pour une grande nation de football comme le Cameroun, c’est important d’avoir ce type d’objectif pour continuer d’avancer et de progresser. Mais comme je vous l’ai déjà dit, j’avance étape par étape. Aujourd’hui, mon attention est dirigée à 100 % sur les deux prochaines rencontres. Une fois celles-ci réalisées, nous passerons à la suite, toujours étape par étape.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite de l’aventure ?
Pour la suite de l’aventure, vous pouvez nous souhaiter de continuer à travailler étroitement avec les joueurs, le reste du staff et avec la Fédération. Malgré ce qui s’est passé, il nous faut un retour définitif à la sérénité. Il faut maintenir un environnement paisible au tour de l’équipe, car les joueurs ont besoin de se concentrer exclusivement sur le football. Enfin, nous espérons beaucoup de succès pour le Cameroun ! Et pourquoi pas la 6e étoile ! C’est l’autre de nos objectifs et cela symboliserait non seulement notre progression, mais aussi la force collective de notre équipe.