La victoire du Cameroun contre l’Argentine lors de la coupe du monde 1990 reste encore aujourd’hui la surprise la plus marquante de l’histoire de la Coupe du monde tant par l’irréalisme même de ce résultat. Il y a eu par la suite un autre pays africain qui a battu un tenant du titre. En 2002, le Sénégal servait la même leçon aux français lors de la coupe du monde en Corée/Japon. Cependant l’impact était de loin moindre.
C’est que cette équipe du Sénégal était constituée à 100% de joueurs professionnels évoluant en Ligue 1 de France, dans de bonne équipe. Les Lions de 1990 en contraste, disposaient de cinq joueurs amateurs évoluant aux Cameroun et seulement cinq joueurs qui évoluaient dans de bons clubs professionnels.
Ce match, pour les partenaires de Roger Milla, a mis la table pour un parcours historique lors de cette coupe du monde où il y a eu de la controverse, des drame, un peu de brutalité, de l’émotion, des artistes-peintres du ballon, et des plombiers doux. Il y a eu des héros, et des vilains, des erreurs d’arbitrage et des soupçons de favoritisme. Et tout ça a donné des titres de journaux des plus aguichants.
En revisitant cette rencontre sous le prisme du football du 21e siècle, on peut se surprendre à avoir de la sympathie pour le meilleur joueur du temps, Diego Armando Maradona qui s’est retrouvé au sol bien plus souvent qu’à son tour, avec un regard pratiquement stoïque. Le décompte des aggressions affiche un excédent positif pour le Cameroun, soit 28 contre 9. Chacune des quatre actions de Caniggia lui a valu une visite splendide en plein sol, et la contribution spéciale de Benjamin Massing n’avait même pas encore été planifiée.
Le public n’avait en réalité aucune sympathie pour l’Argentine puisque même avant le coup d’envoi, lors de l’exécution des hymnes nationaux, on huait à tout rompre l’équipe de Diego. D’ailleurs, les deux cartons rouges octroyés aux camerounais, ont été mal accueilli par le public, qui a applaudi à tout rompre les agresseurs lors de leur sortie (gracieuse)de l’aire de jeu.
En ce qui concernaient les milanais, Maradona, qui quelques jours auparavant avait offert le titre à Naples au détriment de Milan AC, était un joueur surévalué. Il faut dire que deux ans auparavant, en 1988, lorsque Naples a raté de manière surprenante, ou suspicieuse selon certains, le championnat, Maradona avait déclaré qu’ « aujourd’hui, l’Italie raciste a gagné ». Lors du stage de préparation du Mondial 1990, il était revenu sur le thème en invoquant qu’avoir gagné le championnat était une « revanche du sud contre les racistes du nord ».
Le capitaine argentin, suite à la défaite contre le Cameroun, a appuyé sur le même bouton: « la seule satisfaction que j’ai eu cet après-midi est de découvrir que, grâce à moi, le public de Milan a arrêté d’être raciste. Aujourd’hui et pour la première fois, ils ont supporté des africains ». Sacré Diego Armando!