On attendait beaucoup de cette double confrontation entre Barcelone et Manchester, proclamées « équipes les plus offensives d’Europe ». Au final, un seul petit but et très peu d’actions offensives marquantes. Certes l’intensité était là, mais le jeu produit par les deux équipes a été très décevant. Trop cadenassé : à qui la faute ? Principalement à Barcelone, incapable, que ce soit chez lui à l’aller ou à Old Trafford au retour une fois mené 1-0, de mettre du rythme dans ses phases offensives et d’attaquer en équipe.
. Manchester a joué comme il joue depuis le début de la saison en C1, c’est-à-dire de façon très mourinhienne avec une recherche constante de l’équilibre défensif au détriment de l’animation offensive. Cela a indiscutablement payé, surtout face à des équipes aussi impuissantes offensivement que Lyon, la Roma (sans Totti) ou le Barça.
Jamais les Catalans n’ont réussi à mettre en difficulté collectivement les Anglais. Seul Leo Messi a réussi par quelques éclairs à créer des différences, mais face à 8 ou 9 anglais, c’était trop lui demander que de tous les passer en revue… Le Barça, trop lent dans ses transmissions, trop statique dans ses déplacements, trop maladroit dans ses orientations, s’est réfugié dans une possession de balle stérile à 50 mètres des buts de Van der Sar. Manchester lui attendait bien tranquillement. Comme à l’aller, les Anglais avaient mis le paquet défensivement dans la zone axiale à l’entrée de la surface de réparation, et n’avaient ainsi plus qu’à attendre que les vaguelettes catalanes ne s’y brisent. Les occasions de but du Barça, comme à l’aller, se comptent sur les doigts d’une main : une frappe enroulée de Messi (20’), deux tentatives de Deco (34’ et 37’), une tête d’Henry (78’), et c’est tout. Guère plus d’occasions franches côté Manchester (Park 21’, Nani 40’, Tevez 57’), mais un but… et quel but ! Une frappe limpide de Paul Scholes en pleine lucarne à la suite d’une offrande plein axe de Zambrotta (14’).
Rien ne brisa la monotonie de ce match au déroulement si prévisible, en tout cas pas les changements effectués par le docteur Rijkaard, dont le patient était visiblement trop malade ce soir pour espérer vraiment quelques chose. Peut-être serait–il temps de changer de médecin d’ailleurs.
Impuissants du début à la fin, les Barcelonais ne pouvaient compter que sur des exploits individuels. Quelle tristesse de voir aussi peu de cohérence collective dans la façon d’attaquer ! Pour quiconque se souvient de la deuxième mi-temps du Barça en 2004 face au Milan AC, c’était à s’ouvrir les veines.
La fin de match ressemblait à un long supplice à la fois pour les supporteurs mancuniens et pour les supporteurs barcelonais, les premiers car on n’est jamais à l’abri d’un but gag ou d’un exploit venu d’ailleurs de l’adversaire, les seconds car leur équipe commençait à balancer de grands ballons, lassée sans doute par son incapacité à perforer le double rideau implacable des Anglais.
Ainsi se termine l’aventure européenne 2008 du Barça. 0-0 ; 0-1, les choses se sont jouées à la fois à peu et à beaucoup de choses. Espérons que cette nouvelle désillusion soit le début d’un vrai renouveau, avec un retour aux fondamentaux du jeu collectif. Cette équipe bling bling n’est plus une équipe mais une simple collection de joueurs plus ou moins talentueux qui se réfugie derrière Leo Messi, le plus talentueux d’entre tous. Le recrutement sera important car il manque de toute évidence un patron offensif dans la transmission milieu attaque. En ce sens, et on cessera de le répéter, Barcelone est orphelin du Ronaldinho 2004-2006. Leo Messi est un génie, mais pas un patron capable de transcender le jeu de ses coéquipiers. En tout cas pas encore. Mais au-delà des individualités, c’est avant tout de collectif que le Barça a maintenant besoin : attaquer à 10 et défendre à 11. Hélas c’était déjà le constat de l’année dernière après l’élimination à Anfield et la perte du titre face à l’Espanyol… Une année pour rien.
Les joueurs :
– Valdes : 6
Il s’est imposé dans le jeu aérien et a sorti deux-trois parades importantes. Une frayeur dans une relance au pied.
– Zambrotta : 4,5
Il a comme à l’aller remporté son duel avec Ronaldo en usant parfois de toute sa « science défensive »… Mais il commet une énorme erreur de relance qui offre à Scholes le ballon du but.
– Puyol : 6
Beaucoup d’abnégation dans les duels comme toujours, un peu de panique parfois dans la relance, mais de la solidité dans l’ensemble.
– Milito : 4,5
En difficulté dans plusieurs duels, une faute évidente sur Ronaldo lors d’un corner, Milito aura déçu lors de cette demi-finale.
– Abidal : 4
Offensivement ce fut dramatique avec des centres d’une précision de benjamin. Défensivement ce fut souvent très limite. La comparaison avec Evra fait mal sur ce match.
– Touré : 6
Quelques imprécisions en première mi-temps, mais globalement ce fut comme d’habitude, c’est-à-dire très costaud. Un carton idiot qui l’aurait privé d’une finale, mais pour ça il aurait fallu que le Barça montre autre chose…
Remplacé par Gudjohnsen.
– Xavi : 3
Un fantôme. Il s’est fait manger par Scholes et Carrick. Inexistant.
– Deco : 5
Le seul qu’on a vu au milieu, mais son jeu a été beaucoup trop brouillon pour permettre de déboucher sur quelque chose. Un des rares à avoir inquiéter Van der Sar.
– Iniesta : 3
Un impact trop limité dans le jeu offensif. Il n’a jamais provoqué la moindre différence. Très très très décevant.
Remplacé par Henry qui n’a rien apporté dans le jeu mais qui aurait pu qualifier le Barça sur une tête à bout portant.
– Eto’o : 2,5
Un désastre dans tous les domaines.
Remplacé par Bojan.
– Messi : 6,5
Il a permis au Barça de faire illusion lors de cette double confrontation par sa vitesse d’exécution stratosphérique. Le seul à changer de rythme, à amener de la vitesse. Mais le foot se joue à onze et Messi tout seul ne pouvait pas tout faire.
Fiche technique :
Manchester United FC : Van der Sar – Hargreaves, Ferdinand, Brown, Evra (Silvestre, 90’ + 3) – Nani (Giggs, 77’), Scholes (Fletcher, 77’), Carrick, Park – Tévez, Cristiano Ronaldo.
FC Barcelone : Valdés – Zambrotta, Puyol, Milito, Abidal – Touré Yayá (Gudjohnsen, 88’), Xavi, Deco – Messi, Iniesta (Henry, 60’), Eto’o (Bojan, 71’).
But : 1-0, 14’ : Scholes
Arbitre : Herbert Fandel
Avertissements : Zambrotta (52’), Deco (54’), Carrick (63’), Cristiano
Ronaldo (68’), Touré Yayá (70’).
Source: ClanBarcelona