Le constat que font tous les observateurs indépendants du football camerounais est sans appel : notre football des jeunes délaisse peu à peu sa vocation éducative et de transmission des valeurs, pour se focaliser uniquement sur l’aspect mercantile, de l’activité de formation.
Or la pratique du football est avant tout une opportunité offerte à notre jeunesse pour se distraire, rester en bonne santé, apprendre l’autodiscipline, la mise à l’épreuve des limites personnelles, le travail en équipe, le respect des règles, le respect de l’autorité, la tolérance, le fairplay, valeurs utiles à la société. Dans l’Afrique en miniature et en développement qu’est le Cameroun, le football des jeunes se doit d’être un vecteur de développement personnel, de promotion individuelle et un instrument pour promouvoir la cohésion et l’intégration sociales, lutter contre l’intolérance, le tribalisme, la violence, le sexisme.
Pourtant le football camerounais des jeunes n’a toujours pas pris la mesure du potentiel qu’il recèle en termes d’éducation, d’encadrement social, pour aider à maintenir ou à remettre sur la bonne voie les jeunes socialement vulnérables. Sa vocation sociale est pourtant déjà à l’œuvre dans de nombreuses initiatives identifiés ici et là dans les villes, les villages, au sein des petites académies.
Cette vocation doit être structurée, renforcée sous l’impulsion de la FECAFOOT et de l’Etat, notamment auprès des jeunes en difficulté, des enfants les plus défavorisés, les plus exposés à la violence, à la délinquance, à l’alcoolisme, la drogue ou la prostitution. Le football doit apporter à tous ces jeunes un message positif de prévention et d’espoir en l’avenir, ainsi qu’une éducation non formelle, qui leur permettra de s’insérer dignement dans la société. Revêtant de tels enjeux, le Foot Jeunes doit être pris au sérieux et requiert des solutions mobilisant tous les acteurs, et pas seulement ceux du football.
Jean Claude Mbvoumin, Ancien international, Président de l’Association Foot Solidaire