Le Cameroun affronte la RD Congo et la Côte d’Ivoire les 6 et 10 septembre prochains, à l’occasion des éliminatoires de la Can 2015 au Maroc. Ce sera sans Samuel Eto’o et une bonne vague de joueurs pourtant présents au Mondial brésilien, leurs noms ne figurant pas dans la liste des sélectionnés. L’entraîneur, Volker Finke, dans un entretien qu’il nous a accordé ce samedi à l’hôtel Mont Fébé de Yaoundé, revient sur les raisons de ses choix, et présente son projet pour l’avenir. Interview.
Camfoot : vous avez rendu public votre liste hier, on imagine bien que les choses sérieuses ont commencé …
VF : Evidemment que les choses sérieuses ont commencé. Et elles ont commencé juste après notre élimination à la Coupe du monde de Brésil. Nous avons fait une mauvaise compétition à Rio, et il n’était pas question de perdre de temps puisqu’on savait qu’après, nous aurons les éliminatoires de la Coupe d’Afrique à jouer. Donc, sincèrement, le travail, il a commencé depuis. Ce n’est pas seulement avec la publication de la liste.
Dans cette liste on ne retrouve ni Eto’o, ni plusieurs de ceux-là qui étaient à la Coupe du monde. Pourquoi ? Qu’est-ce qui a motivé vos choix ?
Ceux qui connaissent le football savent qu’après une Coupe du monde comme celle-là, surtout après ce qui s’est passé en 2010, c’est clair qu’on n’a pas le choix : il faut faire de gros changements. Il faut mettre certains joueurs de côté, et faire appel à d’autres. Etant donné que jusque-là, rien n’a marché, sauf pour ce match amical contre l’Allemagne où on a cru voir une équipe capable de jouer ensemble.
Ne pas appeler des joueurs comme Eto’o et les autres est sans doute un peu osé, mais vous l’avez fait en donnant la chance aux plus jeunes. Qu’est-ce que vous recherchez réellement ?
La jeunesse, c’est la base du football. C’est clair. Si pendant un bon moment, il n’y a pas de bons résultats avec une équipe qui n’a que de grands noms, il faut changer. Les jeunes, c’est pour un avenir meilleur. Il faut travailler doucement et progressivement. Le malheur avec les Camerounais, c’est qu’on veut les résultats à l’immédiat. J’ai travaillé avec les grands noms du football camerounais. Il y avait quelques problèmes de joueurs contre des joueurs, de joueurs contre leurs dirigeants. Je ne peux pas tout vous expliquer en détails, parce qu’une équipe a un vestiaire et on ne révèle pas les choses qui se passent dans ce vestiaire. Le vestiaire est sacré. Je suis venu en mai 2013. Le Cameroun était 71e dans le Fifa Ranking. J’ai trouvé une équipe qui avait beaucoup de problèmes. Ce qui m’a rendu la tâche doublement difficile, parce qu’il fallait non seulement résoudre ces problèmes, et jouer la balle dans le terrain. Pour moi, ce n’est pas normal.
Au Cameroun, l’équipe nationale c’est plus les talents individuels que le jeu collectif. Moi, j’ai été content du match amical contre l’Allemagne. Mais après, il s’est passé des choses que je ne peux malheureusement pas vous raconter. Je suis là pour travailler, nous allons essayer de reconstruire cette équipe pour affronter nos prochains adversaires. Si on se décide pour une vraie reconstruction du football au Cameroun, il ne faut pas seulement voir les résultats des prochains matchs. Il faut préparer une équipe compétitive. C’est pourquoi j’ai aussi appelé des joueurs expérimentés comme Enoh, Stéphane Mbia, Landry Nguémo. Il faut leur inculquer un esprit de gagneur. Il faut normaliser un tas de choses : les relations des joueurs entre eux, les relations entre les joueurs et le staff, le rôle du capitaine etc. Moi, je suis content d’avoir tout le soutien de mes employeurs, qui m’ont chargé de toute la responsabilité de cette refondation. C’est pourquoi j’ai dressé une liste, avec l’idée d’un lendemain meilleur. Mais, aucune porte n’est fermée pour ces joueurs qui n’ont pas été retenus.
Parlez-nous de la préparation de ces matchs qui approchent. Que prévoit votre programme ?
Je ne peux malheureusement pas vous donner les détails de mon programme de préparation. Un entraîneur sait ce qu’il fait. Nous aurons plusieurs séances d’entraînement. Nous allons travailler dans l’optique d’atteindre nos objectifs qui sont de fonder une équipe de gagneurs. La vérité, c’est sur le terrain. Il faut convaincre les joueurs pour qu’ils adhèrent à notre projet.
Au moins on peut être sûr que vous connaissez la RD Congo et la Côte d’Ivoire, puisque vous avez passé ces dernières semaines à visionner leurs derniers matchs …
C’est normal. Il est indispensable d’avoir toutes les informations sur ses adversaires. Et on fait ça vraiment d’une façon assez professionnelle. On le fait tous les jours. C’est du travail sérieux.
Entretien mené par Arthur Wandji