Le Cameroun est reconnu comme le terreau de la triche des âges. Une image est frappante lorsqu’en 2003, Patrick Mboma prend sa retraite internationale. Il semble encore tout jeune, au milieu de ses coéquipiers des Lions Indomptables. Il dit avoir fait le tour. Et pourtant la vraie vie de football de certains dans la même sélection débutait. Et ceux-là avait au moins le même âge réel que Mboma. Administrativement, ils avaient taillé douze.
Le phénomène se répète quasi quotidiennement. C’est que la FÉCAFOOT, cette structure qui est censée faire respecter les règles, n’en a jamais eu cure. Aussi bien au niveau local que fédéral, il n’y a que très peu de traçabilité. Et tout le monde en profite.
La triche des âges comme appât des transferts
Combien de fois a t-on vu un joueur être resté figé à 20 ans pendant huit ans? Le football jeune n’existe pas dans ce pays. Les joueurs se détectent au hasard des promenades des uns et des autres dans les rues des villes et villages. À titre de comparaison, dans certains pays, l’initiation au football débute dès l’âge de trois ans. Les fiches et licence des joueurs sont ainsi déjà consignés. Ce sera leur numéro durant tout leur cycle amateur.
Pour le tournoi UNIFFAC qui se tiendra dans une semaine, une liste de trente joueurs avait été sélectionnée par le sélectionneur national. Le média Sport-Vibes confirme que la majorité des joueurs de cette liste a échoué au test de la radiographie du poignet. On parle de plus d’une vingtaine de joueurs.
Ce qui se passe est que les sélections en équipe nationale jeune sont devenues des placements pour plusieurs dirigeants de la FÉCAFOOT. Une cour assidue est faite aux joueurs pour qu’ils s’engagent dans leur écurie de placement. En retour, on leur promet des sélections.
Pourquoi ça nuit aux Lions Indomptables
Ce phénomène s’est déjà passé avec les U20 avec les résultats que l’on connait: élimination de la CAN U20 par la République Centrafricaine.
On peut donc logiquement se poser la question à savoir pourquoi les championnats jeunes sont à l’arrêt. Ce cafouillage est-il prémédité?
En réalité, le fait d’exclure systématiquement les meilleurs joueurs de ces catégories d’âge qui appartiennent tous à des structures bien organisées nuisent à nos sélections et aux Lions Indomptables. Pour être recruté dans un des cinq grands pays du football, il faut être régulièrement appelé dans les sélections jeunes de son pays. On parle des catégories U17 et U20 principalement. Depuis quatre fenêtres de transfert, très peu de camerounais trouvent des clubs en Espagne, Italie, Angleterre, Allemagne, France. Les agent de joueurs sont obligés de les emmener dans des nations de basse qualité, et espérer qu’ils puissent se relancer dans le futur. Sauf que la qualité de la formation y est de mauvaise qualité. Le potentiel de ces jeunes ne sera jamais pleinement développé.
Vu que le Cameroun n’organise déjà pas les compétitions de jeunes, la qualité de notre formation est franchement de piètre qualité. Pour avoir une chance de rester compétitif, nos meilleurs talents doivent aller parfaire leur formation dans les meilleures structures. C’est notre seule chance d’avoir des joueurs prêts à l’avenir pour les Lions Indomptables.