Les huitièmes de finale de la Coupe du monde des U17 ans vont se disputer sans l’équipe du Cameroun déjà hors course. Le troisième match de poule livré dimanche soir face à l’Espagne s’est achevé comme les deux précédents par une défaite. Au final, les poulains de Thomas Liibih auront été inoffensifs jusqu’au bout. Les statistiques sont sans équivoque : en trois sorties, les Lionceaux ont encaissé la bagatelle de six buts contre un seul marqué. Avec zéro point au compteur et un goal différence largement négatif (-5) ils ne pouvaient même pas prétendre figurer parmi les meilleurs troisièmes.
La médiocre performance des Lionceaux au Brésil peut paraitre surprenante de prime abord. Car pour une fois, la sélection semblait avoir bénéficié d’un temps de préparation acceptable, avec une période d’acclimatation relativement longue sur place. Leur élimination prématurée est d’autant plus paradoxale qu’elle contraste avec le parcours d’autres représentants africains à cette coupe du monde. Les équipes d’Angola, du Nigeria et du Sénégal se sont en effet brillamment qualifiées pour le second tour. Que s’est-il passé pour que les mêmes joueurs Camerounais qui ont brillamment remporté il y a quelques mois le titre de Champions d’Afrique, ne soient aujourd’hui que l’ombre d’eux-mêmes ? Comment expliquer la descente aux enfers d’une équipe qui a fait trembler il y a peu tous ses adversaires ?
Certes, le Cameroun n’aura pas été épargné lors du tirage au sort qui l’a placé dans une poule très relevée avec des adversaires de poids comme l’Argentine et l’Espagne. Mais l’excuse ne tient plus après la défaite contre le Tadjikistan considéré comme l’une des équipes les plus faibles de toute la compétition.
Constituée d’éléments non dénués de talent, l’équipe camerounaise ne semble pas avoir exploité à fond tout son potentiel. En dehors de quelques phases séduisantes de jeu, elle n’a jamais montré son vrai visage, bafouant son football du début à la fin. Chaque fin de match s’apparentait à un soulagement pour des joueurs libérés d’un long calvaire. En trois sorties, on n’aura aperçu aucune étincelle porteuse d’espoir, aucun sursaut d’orgueil, aucune rage de vaincre qui constituent la marque déposée des grandes sélections. Même l’illusion d’une probable victoire face à l’Argentine s’est vite évanouie pour laisser la place à une sorte de résignation aux effets dévastateurs. Dans l’ensemble, les Lions U17 ont affiché beaucoup de lacunes sur le triple plan technique, tactique et mental. La tendance de vouloir élaborer le jeu depuis l’arrière et la trop grande conservation du ballon se sont heurtées aux limites des uns et des autres. Résultat : des passes imprécises et plusieurs ballons perdus au profit de l’adversaire. À la stérilité offensive est venue s’ajouter une grande fébrilité d’une défense souvent aux abonnés absents et qui a offert à profusion des cadeaux inespérés. Mais on aurait tort d’accabler uniquement les acteurs du terrain.
Au-delà du talent intrinsèque des joueurs ou de la qualité de l’encadrement technique, certaines pratiques persistantes ont jusqu’ici empêché les sélections nationales qui participent à des compétitions internationales d’évoluer en toute sérénité. On se rappelle encore la vive polémique née au sujet de la sélection des joueurs binationaux qui aura quelque peu contribué à polluer l’atmosphère et à déstabiliser le groupe des U17 à la veille d’un tournoi majeur. Ce qui fait dire à certains que la mauvaise prestation du Cameroun à ce Mondial est aussi le résultat d’un climat peu favorable.
Après cette élimination sans gloire, il faut se tourner vers l’avenir. Le football-jeunes dont le coordonnateur national vient d’être nommé a besoin d’un sérieux coup de pouce à travers la détection des nouveaux talents, l’organisation d’un championnat professionnel et l’adaptation des textes aux exigences de la haute compétition. Mais tant qu’on n’aura pas le courage de débarrasser l’environnement des sélections nationales de certaines influences nocives, on ne sortira pas de l’auberge de sitôt.
Jean Marie NZEKOUE est Editorialiste et auteur de plusieurs livres dont « L’aventure mondiale du football africain », L’Harmattan, Paris, 2010