Beaucoup de commentateurs sportifs ont fait la remarque un jour ou l’autre. Alors qu’on a du plaisir à voir évoluer des équipes comme le Ghana, l’Algérie ou le Nigeria, celle du Cameroun semble dépourvue d’un fond de jeu cohérent. Peu sûre d’elle-même, avançant par à-coups, elle déploie un jeu peu fluide, souvent haché entre les lignes déstructurées. Impossible dès lors d’avoir une lecture du jeu, de capter un style spécifique.
Les joueurs eux-mêmes ajoutent à la confusion par leurs lacunes individuelles et collectives ainsi que leurs comportements répréhensibles. A les voir évoluer sur le terrain et en dehors, il est désormais clair que l’adversaire des Lions ce sont les Lions eux-mêmes, que le plus grave danger pour l’équipe du Cameroun c’est de jouer toujours contre son propre camp.
Le début de grève enclenché depuis le stade omnisports de Yaoundé, l’immobilisation de l’avion angolais sur le tarmac de Nsimalen tout comme la polémique au sujet du montant des primes à la veille d’une compétition de cette envergure n’étaient pas opportuns et ont contribué à salir l’image du pays.
Devenue championne toutes catégories des défaites en coupe du monde, l’équipe du Cameroun a étalé au Brésil, jusqu’à la caricature ses principaux points faibles : démarrage en moteur diesel, défense trop basse, milieu de terrain déstructuré, imprécisions dans les passes et les relance, manque d’agressivité sur le porteur du ballon accompagné gentiment vers un gardien à l’étonnante fébrilité sans parler des tâtonnements observés au niveau du système de jeu. Dans des pays sérieux, ce dernier aspect incombe partiellement à la Direction technique nationale. Or chez nous, la DTN ou ce qui en tient lieu, n’a jamais été qu’un machin sans consistance et sans réel impact sur la culture tactique et la philosophie du jeu. Créée plus par mimétisme que par nécessité, elle tourne en rond. Ses responsables n’en ont d’ailleurs cure. Désormais dotés de bureaux confortables, ils semblent avoir mis de côté leurs pleurnichements d’hier pour se taper des « missions d’imprégnation » aux quatre coins du monde, sans résultat probant.
Quant à l’entraîneur-sélectionneur que l’on disait rigoureux, il a fait preuve d’un relâchement coupable au moment où il fallait renforcer la cohésion du groupe. Le « quartier libre » accordé à des joueurs fêtards et jouisseurs n’aura pas contribué à leur fraicheur physique en début de compétition. Pas plus que les nuits sans sommeil à discuter du montant des primes. Avec le recul, la sélection même des joueurs prête à controverses. Il est maintenant prouvé que dans l’effectif des 23 retenus pour le Brésil, figuraient des malades qui n’ont pas eu l’honnêté de déclarer forfait ou que personne n’a eu le courage de mettre de côté comme cela a été le cas en France avec Ribery.
Toutefois, c’est trop facile de blâmer le « sorcier blanc » qui ne saurait endosser toutes les « nègreries » quand des Camerounais refusent de recevoir l’emblème national des mains du premier ministre ou lorsque certains joueurs transportent en coupe du monde l’obsession de la fête, les affaires de mœurs et autres faits divers. La légèreté avec laquelle nos « stars » abordent les grandes compétitions internationales est renversante. Les actes d’agression caractérisée, les affaires de bas-ventre, tout comme cette cacophonie entretenue sur fond d’indiscipline caractérisée, on ne le rencontrera jamais chez des joueurs emblématiques comme le prodige brésilien Neymar ou le goléador argentin Messi qui savent à eux seuls tirer leur équipe vers le haut. Et c’est là toute la différence entre les grandes équipes, celles qui se respectent, qui tiennent à leur image et les autres uniquement préoccupées par la parade et les revendications intempestives.
Jean Marie Nkeze