Qu’il semble confortable de prime abord d’être dans la peau des « Lions indomptables ». Voilà une sélection nationale dont la réputation a franchi depuis longtemps les mers et océans et dont l’évocation du seul nom fait rêver au quatre coins de la planète. A tel point que tous nos concitoyens qui ont appris à taper dans le ballon nourrissent en secret de désir d’en faire un jour partie, même sans en disposer les atouts indispensables. A tel point que tous les entraîneurs ou ceux qui en ont la prétention voudraient un jour tenir la baguette du grand maître du grand cirque tropical.
Car ces Lions, tout rois de la brousse qu’ils sont, se comportent trop souvent comme des bêtes de foire, n’hésitant pas à étaler aux yeux du monde leurs tares congénitales ; au point de ne plus effrayer le plus minable souriceau.
Tout en jouant à se faire peur, tout en torturant les nerfs de leurs concitoyens, ces Lions-là voudraient paradoxalement fonder leur arrogance et leur suffisance actuelles sur la sueur et le sang versés par leurs illustres prédécesseurs pour asseoir la réputation d’un label en voie de perdition.
Il faut relever d’emblée que la place et le niveau actuels de l’équipe national fanion est sans commune mesure avec le piédestal dressé dans l’imagerie populaire. Il faut le dire : la réputation que d’aucuns s’entêtent à reconnaître aux Lions indomptables est largement usurpée puisqu’elle ne repose que sur les réminiscences d’un passé révolu. En réalité, il faut remonter trois décennies en arrière pour retrouver la détermination, la hargne, la rage de vaincre ou de ne pas perdre, l’altruisme et le don de soi : toutes valeurs qui ont complètement disparues d’une tanière aux recoins infestées par la délation, les intrigues, les coups bas, la jalousie, les menaces plus ou moins voilées.
Même la glorieuse épopée du Mondiale italien de 1990 ou la médaille d’or olympique de 2000 sont progressivement effacés dans la mémoire collective par des défaites à répétition et les comportements indignes d’une formation de réputation mondiale.
Ce qui fait le plus mal c’est qu’on a vu venir l’atomisation progressive du label « Lions indomptables ». Avec le recul, les prestations héroïques de 1982 en Espagne et 1990 en Italie n’ont été que l’arbre qui cachait la forêt de nos turpitudes. Il n’y a qu’à rappeler qu’au plan africain, les Lions n’ont gagné aucun trophée majeur depuis 2002. Le bilan en coupe du monde est plus catastrophique encore. Depuis l’épopée du « Mondiale » italien qui vit nos fauves se rapprocher du dernier carré, le Cameroun n’a remporté qu’une courte victoire en quinze rencontres du premier tour d’une coupe du monde. C’était devant l’Arabie Saoudite lors de la Coupe du monde 2002. Depuis lors, plus rien à se mettre sous les crocs. Les éliminations prématurées se succèdent à chaque édition. Plus inquiétant, la descente aux enfers s’accélère.
On croyait avoir touché le fond en 2010 en Afrique du Sud. Quatre après, on se rend compte que la situation des Lions s’est empirée, quand on sait qu’ils avaient fait trembler les filets à deux reprises au pays de Mandela. Certains chiffres continuent à faire illusion. Comme le nombre élevé de participation en coupe du monde, mais a-t-on tiré toutes les retombées qui s’imposaient ? La persistance des crises récurrentes sur le terrain et en dehors n’est pas la bonne réponse.
Jean Marie Nkeze