L’équipe nationale fait-elle seulement sa mue depuis une semaine ? Elle prépare aussi l’avenir avec les nombreux aménagements qui y sont observés ces derniers temps depuis la base de la pyramide. Les changements sont partis du bas de l’échelle avec le rajeunissement des effectifs et l’ablation des vieux tissus organiques de l’équipe ; ensuite a suivi le staff technico-médical et maintenant administratif.
Comme l’a annoncé Camfoot le long de cette semaine, les têtes sont tombées, continuent de tomber et pourraient encore aller au-delà. Le dernier changement survenu dans la tanière est le débarquement de Rigobert Song du poste de Team Manager de l’équipe nationale. Lui qu’on pensait avoir échappé bel après les limogeages successifs de Martin Ndtoungou Mpilé comme sélectionneur adjoint, de Jacques Songo’o qui était jusque-là sélectionneur adjoint chargé de la préparation des gardiens de but, ou encore de Christophe Manouvier et consorts recrutés en mai dernier par l’entraineur en chef Volker Finke pour épauler les Lions engagés dans la préparation de la coupe du monde.
En effet, la stratégie de reconstruction était tellement bien ourdie par les décideurs qu’ils n’entendaient pas sauter les étapes. Les choses sont donc allées crescendo depuis le maintien de l’Allemand comme entraineur et de son adjoint le Ghanéen Ibrahim Tanko. Volker Finke avait sonné le tocsin en ratissant large dans le registre de la jeunesse, rompant avec certains récalcitrants du mondial 2014 donc deux (Eto’o et Makoun) ont déjà annoncé leurs retraits définitifs de la sélection.
Paul Biya est passé par là
Ces changements successifs dans les lions ne sont ni fortuits, ni anodins. Ils résulteraient en effet des résultats ponctuels de l’enquête instruite par le chef de l’état au sortir de la Coupe du monde. Celui-ci enjoignait en effet ses collaborateurs à travailler sur les causes de la débâcle brésilienne et d’en tirer les leçons. Le rapport de la commission pilotée par Louis-Paul Motazé, le Secrétaire général des services du premier ministre avait été transmis à qui de droit. Et des sources contactées par Camfoot et proches du dossier confiaient déjà que «dans le rapport, les autorités sportives avaient proposé l’éviction du coach, mais c’est le chef de l’état qui s’y est opposé. Parce qu’il disait ne pas comprendre comment on se plaint de l’instabilité sur le banc de touche et demander encore de limoger un coach qui est encore sous contrat». Et ce positionnement du «meneur de jeu» qui auraient épargné Finke.
Toujours selon notre source, des «têtes vont continuer à tomber, même jusque dans les ministères qui étaient représentés au Brésil». Du coup, le mode opératoire des mutations observées laissent évidemment penser que les sanctions progressent vers le sommet de la pyramide et que même le ministre des sports pourrait ne pas être épargné à l’avenir. Adoum Garoua se serait lui aussi impliqué dans la grève des joueurs qui avaient refusé le 7 juin dernier de prendre le drapeau camerounais pour leur mission brésilienne. «Le directeur administratif de l’équipe qui est parti (Oumaraini) était au courant et avait saisi son ministre dans l’urgence par sms pour l’informer de l’intention des joueurs de bouder le drapeau. Le ministre qui était assis à côté du chef du gouvernement n’avait qu’à informer son patron pour lui épargner l’humiliation qu’il a subie, mais il ne l’a pas fait», susurre-t-il. De toute façon, la saignée n’a pas cessé.
Armel Kenné