Le ministre des Sports et de l’éducation physique, Augustin Edjoa tente de sauver sa tête, et en même temps celle du coach Martin Otto Pfister. Les deux hommes sont très critiqués depuis la défaite des Lions indomptables face aux Éperviers du Togo (0-1), le 28 mars, pour le compte des éliminatoires couplées Can/Mondial 2010. La rencontre de Yaoundé est cruciale.
Ce lundi 6 avril 2009, dans la salle des conférences du ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep), l’on sera fixé sur les supposées mesures fortes annoncées par le ministre Thierry Augustin Edjoa, au lendemain de l’échec retentissant au Ohene Djan stadium d’Accra. Des cadres du ministère des Sports, l’encadrement technique des Lions indomptables et éventuellement des membres de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) se retrouveront pour étudier les voies et moyens pouvant permettre une sortie rapide de crise.
A quelques heures de cette réunion très attendue, tous les responsables du ministère brillent par leur Silence! Aucune information ne filtre. Le plus grand mystère règne sur les sujets qui seront abordés. Un directeur du Minsep ayant requis l’anonymat prévient qu’il ne faudrait pas s’attendre à des résolutions spectaculaires, car, affirme-t-il, «il s’agit simplement d’une réunion de routine».
Même si l’on sait d’avance que le cas Otto Pfister reste et demeure un réel sujet de préoccupation. La récente défaite des Lions indomptables face aux Éperviers a suscité un mécontentement général au sein de la population camerounaise qui voit de nouveau planer le spectre de l’élimination pour le plus grand rendez-vous planétaire du ballon rond. Charles Nwé, Rédacteur en chef de «La Nouvelle», un hebdomadaire paraissant à Yaoundé, a créé un «comité d’action pour le départ de Martin Otto Pfister». Le journaliste affirme avoir réuni plus de 55.000 signatures de Camerounais demandant le limogeage de l’entraîneur sélectionneur.
Il serait néanmoins hasardeux de penser que le Minsep déciderait de résilier le contrat d’Otto Pfister, malgré les lourdes fautes de coaching et les choix arbitraires du technicien allemand. L’une des clauses de ce contrat paraphé le 7 novembre 2007 à Yaoundé stipule en effet qu’en cas de rupture, la partie ayant souhaité la résiliation sera tenue de verser une indemnité financière de trois mois de salaire du technicien allemand, en termes de dommages et intérêts. Ce qui atteindrait les 90.000 dollars Us, plus de 40 millions de Fcfa.
Une dépense que ne peuvent se permettre les autorités. De sources dignes de foi, le Minsep a épuisé son budget de 15 milliards de Fcfa voté par l’Assemblée nationale il y a six mois. Mais, dit-on à la Fécafoot, «le départ d’Otto Pfister serait un moindre mal, par rapport au déficit que pourrait causer une élimination de la coupe du monde». En 2006 en Allemagne, la Fécafoot avait accusé un manque à gagner de 3 milliards de Fcfa. Rien n’indique cependant si le président de la Fécafoot Iya Mohammed prendra part à cette réunion, où s’il dépêcherait l’un de ses collaborateurs.
Au terme de cette déculottée difficile à digérer, certains Camerounais exigent le départ du coach allemand. Mais il est curieux de constater que le ministre en charge des Sports et de l’Education physique n’est encore qu’au stade de simples menaces de sanctions. Ce d’autant plus que la qualité de jeu étalé par les joueurs face à un outsider ne rassure pas pour la suite de cette phase déterminante de la compétition.
L’hypothèse de renforcer le staff technique de l’équipe nationale n’est cependant pas à exclure. Elle ferait même énormément plaisir à la Fécafoot qui s’était insurgée contre le recrutement d‘Otto Pfister. La commission Milla (un groupe de six personnes désigné par la Fécafoot et chargé de faire des recommandations pouvant permettre de redorer le blason des Lions indomptables) est formelle: Otto Pfister n’est pas l’homme de la situation. Ce que reconnaît en quelque sorte le ministre des Sports et de l’Éducation physique en affirmant que «l’urgence est à la refondation de cette équipe».
Roger Milla souhaite que des entraîneurs nationaux viennent en appui à Otto Pfister. Une méthode qui s’était révélée payante en 1990. Quatre entraîneurs locaux avaient été affectés aux côtés du Soviétique Valery Népomniachi, à la coupe du monde italienne, et permis aux Lions indomptables d’atteindre les quarts de finale après avoir été, trois mois auparavant, éliminés au premier tour de la Can en Algérie, avec deux défaites devant la Zambie (0-1) et le Sénégal (0-2) contre une victoire laborieuse devant le Kenya (2-0).
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé