La question a été posée samedi dernier à Jules Nyongha, ancien entraîneur des Lions Indomptables, à la mi-temps du match Cameroun-Congo des éliminatoires du Championnat d’Afrique des nations (CHAN). Le reporter de C.T voulait avoir l’avis du technicien sur la valeur des joueurs camerounais alignés sur le terrain.
Sans hésiter, Jules Nyongha a prononcé cette phrase qui résonne comme une sentence : « Le niveau des amateurs est de plus en plus faible. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que l’équipe nationale fanion doit nécessairement s’ouvrir aux locaux dans la perspective de la prochaine Coupe du monde. »
Depuis quelques mois, un débat s’est ouvert sur l’ouverture des Lions Indomptables aux joueurs locaux. Une bonne frange de supporters, appuyés par quelques observateurs, soutiennent, en effet, mordicus que les amateurs ont leur place dans cette sélection. En février dernier, Paul Le Guen, sélectionneur national, a réagi à ce débat en convoquant Mabouka Massoussi et Abouna Ndzana pour le stage préparatoire au match amical Cameroun-Italie (0-0) disputé le 3 mars dernier à Monaco. Les deux joueurs qui évoluent à Astres de Douala, vivier des Lions A ’, avec quatre joueurs appelés (Nyame, Momasso, Abouna, Mabouka) ont les projecteurs braqués sur eux, après leur convocation presque insolite, en équipe nationale.
Mais, seul Abouna Ndzana de retour d’un test non concluant en Norvège, a pu être titularisé samedi dernier par Marius Omog, entraîneur principal des Lions A’. Le défenseur avait également eu le privilège d’entrer en jeu lors du match amical Italie-Cameroun. A l’analyse, le débat sur l’ouverture des Lions Indomptables, à notre sens, ne devrait pas se poser en termes vindicatifs. Le sélectionneur, unique décideur, apprécie l’opportunité de cette décision généralement motivée par les besoins de l’équipe. Actuellement, est-ce que le championnat national de football première division dispose de deux joueurs capables d’intégrer en un laps de temps les Lions Indomptables et donc le haut niveau ? Quel secteur de jeu a le plus besoin de renfort? Y-a-t-il un amateur plus doué à un poste précis qu’un professionnel ? Telles sont quelques questions qui méritent d’être posées avant de trancher le débat censé être guidé par la raison et non le sentimentalisme.
Inutile de comparer les époques. Le football a connu une évolution sensible. Les données de 1982, de 1990 ne sont pas celles de 2010. En 1982, la couleur de la sélection était locale (Abega, Nkono, Onana Eloundou, Mbida…), avec une prédominance des joueurs du Canon de Yaoundé qui alimentait la sélection. En 1990, les locaux étaient également nombreux (Ndip Akem, Onana Jules Denis, Maboang..) comme en 1994 (Song, Foé-de regrettée mémoire-, Fiala, Nloga,). Mais dès 1998, la tendance s’est inversée complètement. Dans un flair dont il a seul le secret, Claude Le Roy avait sorti Njanka Beaka et Joseph Cyrille Ndo de l’anonymat. En 2002, les locaux avaient presque disparu de la circulation. En 2010, le débat sur leur sélection est relancé. Le regard du sélectionneur n’est jamais le même que celui des supporters et des hommes médias. Pendant que la presse pense que la prospection devrait s’orienter vers les joueurs à vocation offensive, le staff, lui, milite pour une autre orientation. Alors que certains observateurs estiment que le flanc gauche a besoin de densité, le staff qui aurait peut être dû lancer quelques locaux dans le grand bain à la à la Can, laisse passer un autre message. Pour dire les choses comme elles sont, quatre ou cinq joueurs locaux peuvent prétendre à une présélection en équipe nationale fanion. C.T prolonge le débat sur la place des locaux au sein des Lions Indomptables.
Brice MBEZE