Volker Finke, dans une interview accordée à CT après la publication de la liste des 23 pour ce Mondial, avait déclaré assumer ses choix « parce que le coach est celui qu’on pointe du doigt en premier ». Avec raison. En tout cas, c’est lui, le sélectionneur qui est aujourd’hui au centre des accusations. Attention, il n’est pas question de le dédouaner. A part un ou deux noms, le choix des hommes pour cette compétition n’avait pas suscité de polémiques. C’est plutôt l’utilisation de ces ressources qui est ici mise en cause.
Avec des options très discutables comme le fait de mettre un Joël Matip sur le banc contre le Mexique après ses bonnes performances en préparation. Et ce n’est qu’un exemple. Oui, le coach est coupable de n’avoir pas pris assez de risques, d’avoir été frileux, même dos au mur. Le coach est coupable de s’être laissé déborder tactiquement sur le terrain. Mais aussi, de n’avoir pas été plus ferme en dehors. Volker Finke a cru bien faire en usant de compromis pour ramener le calme dans son vestiaire. Mais il s’est retrouvé prisonnier, obligé d’aligner certains joueurs. Et comment comprendre qu’il sanctionne Assou-Ekotto et pas Moukandjo après leur dispute en plein match contre la Croatie ? Mais sa responsabilité est surtout engagée sur cette fameuse semaine de récupération après le stage autrichien. Parce que toute la coupe du monde des Lions s’est manifestement jouée durant cette période. Volker Finke n’était pas d’accord pour laisser quartier libre aux joueurs. Mais il a laissé faire. Cela aura été sa plus grande erreur.
Le Minsep et la Fécafoot
« Contrairement à ce qu’on croit, un match de foot se joue à 30% sur le terrain et 70% en dehors. C’est là le problème du Cameroun », lançait il y a quelques jours un responsable de la Fifa dans un débat autour des Lions. Le problème n’est pas essentiellement leur niveau de jeu mais toutes ces intrigues périphériques. Les scandales font partie du lot quotidien des Lions et c’est d’abord la responsabilité des autorités de tutelle, le ministère des Sports et de l’Education physique et la Fédération camerounaise de football. Le principal constat qui s’est dégagé au Brésil est que le football passait au second plan. La qualification de l’équipe ? Une aubaine pour certains de profiter de la manne financière, de s’offrir des vacances tous frais payés dans un pays exotique. Qui peut expliquer à quoi servaient par exemple, les présidents de ligues régionales, des petites amies, des secrétaires ?
On a plus eu le sentiment que certains se lançaient déjà dans une campagne de séduction dans la perspective des futures échéances à la Fécafoot. Aux yeux du monde, les responsables camerounais ont offert une image regrettable. Et dans cette atmosphère, personne n’a fait attention à l’équipe, sauf pour tirer profit d’une ou deux querelles. Et le Comité de normalisation de la Fécafoot doit expliquer pourquoi avoir imposé cette semaine au Cameroun avant la compétition. Les Lions se sont bien préparés. Le match contre l’Allemagne n’était pas un leurre. Mais alors que toutes les équipes prenaient la direction du Brésil, il a fallu un match d’au revoir, juste « parce que ça se fait toujours comme ça ». Et personne donc pour surveiller des joueurs en vadrouille durant une semaine.
Les joueurs
Ce sont les premiers concernés, car acteurs sur le terrain. Ils ont donc leur part, énorme, dans cet échec. L’épisode des primes à Yaoundé et leur absence lors de la remise du drapeau par le Premier ministre ne sont pas encore digérés. Même si on peut comprendre que ceux qui génèrent l’argent du football refusent que n’importe qui en profite à leurs dépens, ce n’est nullement une raison pour prendre tout une nation en otage. Surtout si c’est pour rentrer avec zéro point et trois défaites. Professionnels de leur état, ils se sont comportés comme des prisonniers retrouvant la liberté durant leur séjour à Yaoundé, ne se refusant aucun excès. Les Lions sont coupables d’avoir oublié que leur rôle est avant tout de jouer, de s’être pris pour des stars à qui tout est permis, de penser que quand on s’est auto-proclamé cadre dans l’équipe, on doit absolument jouer. Si au Brésil, on était loin de l’animosité du Mondial sud-africain entre joueurs, on a tout de même assisté à des images lamentables comme ce coup de coude Song sur un adversaire ou cet accrochage entre Assou-Ekotto et Moukandjo. Un véritable gâchis pour une génération d’enfants gâtés, même s’il est injuste que quelques rares d’entre eux payent pour l’égoïsme d’autres. Il ne serait pas surprenant en tout cas de voir quelques-uns, « dégoûtés par cette ambiance », renoncer à cette équipe nationale qui ne fait plus rêver personne. Et comme on les comprendrait
Josiane R. Matia, Cameroon-Tribune