Depuis la mort de Foe le 26 juin à Lyon, le médecin de la sélection nationale rase les murs. Pour ceux qui ont un accès aux chaines de télévisions étrangères, la dernière image que l’on retient du médecin des Lions indomptables, Olivier Assamba, c’est celle de son intervention sur Infosport, une chaîne française plusieurs heures après le décès de Marc Vivien Foé.
Une intervention reprise par Eurnonews, et dans laquelle l’intéressé expliquait son incapacité à sauver le milieu de terrain camerounais tombé lors de la demi-finale de la Coupe des confédérations contre la Colombie : « Nous avons tenté de le réanimer pendant 45 minutes mais en vain », expliquait-il alors. Les abonnés de la télévision nationale – la Crtv -, eux, revoient alors cette image du Dr Assamba courant aux côtés des secouristes du stade Gerland de Lyon, transportant sur un brancard la victime qui ne se remettra plus jamais de son malaise.
Depuis lors, plus rien. Pendant les obsèques de Marc-Vivien Foé à Yaoundé, le jeune praticien s’est plutôt fait fort discret. Lui qui, en d’autres temps et lors des rencontres des Lions, ne ratait aucune occasion de se mettre en scène dans le champ des caméras…
On attendait de lui qu’il s’exprime sur le rapport d’autopsie de la Fifa qui, confirmant celui établi par la justice française, révèle que « Marc Vivien-Foé est décédé de mort naturelle » des suites d’une « hypertrophie cardiaque congénitale ». Joint au téléphone hier matin, M. Assamba est violemment sorti de ses gonds : « Tu as fini de m’insulter ? Vous pouvez continuer, tes confrères et toi… ». Malgré l’insistance du reporter, l’homme s’arcboutera sur sa position défensive avant de raccrocher tout aussi brutalement le combiné sans même prendre la peine de s’enquérir des raisons de l’appel.
Incompétence
Une attitude qui confirme les indiscrétions distillées dans l’entourage de l’équipe nationale de football, et selon lesquelles le sieur Assamba ait une dent contre la presse camerounaise, accusée d’avoir fustigé sa désinvolture – pour ne pas dire plus – durant les secondes qui ont suivi le malaise fatal de Foé. D’après des confrères, le staff médical des Lions indomptables aurait été lent à réagir malgré les grands gestes d’un joueur colombien. D’autres mettent ce manquement de l’encadrement médical sur le compte de l' »incompétence » de son patron. Abondant dans le même sens que le bi-mensuel panafricain Africa international, qui, dans sa dernière édition paru ce mois, achève son hommage au regretté international camerounais par une série d’interrogations dont celle-ci : « Est-ce que le staff médical des Lions indomptables a une compétence en médecine du sport ? »
En mars dernier, Mutations (n°860) tirait pourtant déjà sur la sonnette d’alarme, à la suite d’un constat : « L’encadrement médical des sélections nationales pêche par la formation de ses cadres. » Un constat auquel avait souscrit, en son temps, le chef du service de la médecine sportive de la direction des sports du Minjes. Olivier Assamba confessait alors, hésitant : « C’est embêtant, mais je dois vous avouer qu’au Cameroun, il n’y a pas de médecins de sport à proprement parler. C’est par abus de langage que nous nous faisons appeler ainsi (sic) parce que nous flirtons avec le milieu, pour certains, depuis de longues années. »
L’enqûete publiée à l’occasion notait, entre autres, que « nos praticiens ne sont pas des spécialistes de la médecine sportive ». Un constat qui peut paraître prémonitoire aujourd’hui, et qui repose la grave question de la formation et/ou de la spécialisation de ceux chargés de l’encadrement des sportifs de haut niveau chez nous. Toujours est-il que, l’attitude du Dr Assamba, sorti de la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé I en 2000, et trop rapidemment propulsé à la tête du staff médical des Lions en 2001, n’est pas pour rassurer.
Bertille M. Bikoun