Le Premier ministre persiste et signe ! Une décision qui s’apparente à un désaveu pour Albert Roger Milla qui avait juré d’avoir la tête du technicien germanique. La population consternée redoute une seconde élimination de la coupe du monde.
Aucune résolution des assises tenues lundi à huis-clos au Premier ministère n’a été officiellement rendue public. Mais nos sources sont formelles : le technicien allemand reste à la tête des Lions indomptables du Cameroun, au moins jusqu’au 6 juin 2009, date de la rencontre capitale prévue au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé contre le Maroc. Un match couperet car un autre faux-pas serait suicidaire pour les deux sélections, battues lors de leur première sortie des éliminatoires couplées de la Can et du mondial 2010, respectivement par le Togo (1-0) et le Gabon (2-1).
Le chef du gouvernement aurait demandé, dans l’intérêt supérieur de la nation, aux principaux acteurs du conflit, de taire momentanément leurs querelles et faire une «union sacrée » autour des Lions indomptables. Ephraïm Inoni a en même temps plaidé pour le retour d’un climat de sérénité entre le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) et le président de la fédération camerounaise de football (Fécafoot). Et au staff technique, le Pm a demandé de se «réajuster» impérativement avant la prochaine sortie de l’équipe nationale.
La tournure des évènements fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de l’opinion publique. La population, dans une très grande majorité, est favorable au limogeage pur et simple d’Otto Pfister. Cette tendance est observée dans les émissions de radio ou de télévision interactives, au cours desquelles les Camerounais exigent le départ du coach allemand qui ploie sous le poids de l’âge.
Mais, force est de constater que plus d’une semaine après la gifle retentissante infligée par le Togo, le ministre en charge des Sports et de l’éducation physique tarde à sanctionner. Le patron des Sports ne pouvait se compromettre en débarquant le technicien allemand qu’il avait choisi en 2007, contre le gré de la Fécafoot et surtout au détriment du quinté (Horst Köppel, Arthur Jorge, Philippe Troussier, Jean Thissen, Manfred Steves) de la short-list retenu par une commission paritaire Minsep-Fécafoot.
Samuel Eto’o est monté au créneau pour dire que « changer le staff des Lions serait une bêtise ». Preuve qu’Otto Pfister est fortement soutenu. Une prise de position regrettable. Car, pendant que des stars essayent de protéger ainsi le coach d’une équipe en détresse, où la guerre des clans, le marchandage des places et l’indiscipline font rage, les autres pays prennent les vraies décisions, recrutent des entraîneurs charismatiques et corrigent le tir…
Mais au Cameroun, pays des «grandes ambitions», on baigne toujours dans …l’inertie. Résultat : le pire reste à venir. En octobre, Eto’o et sa bande pourraient regarder la coupe du monde à la télévision, comme en 2006. Otto Pfister aura gagné son salaire, de toutes les façons.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé