Le public sportif camerounais commence à oublier son équipe fanion. Les Lions Indomptables sont un véritable puzzle. Après les sacres et les moments d’euphorie en 2000 (Nigeria et Sydney), et 2002 (Mali), l’équipe nationale du Cameroun a du mal à se retrouver.
Lorsque les Lions Indomptables du Cameroun foulent l’aire de jeu de Sikasso le 20 janvier 2002 dans une tenue qu’on a tôt baptisée “démembré”, les Camerounais ne comprennent pas le sens de l’histoire. Ils ne se rendent pas à l’évidence que leurs ambassadeurs à cette Coupe d’Afrique des nations (Can) malienne sont porteurs d’un signal fort qu’on ne décryptera qu’un an plus tard. Comme leurs maillots, les Lions Indomptables sont véritablement démembrés. Il n’y a aucun compartiment qui constitue une entité. C’est une partie de la Cellule provisoire administrative des équipes nationales de football qui a donné vendredi dernier une conférence de presse à la salle de réunion du ministère de la Jeunesse et des sports (Minjes) à Yaoundé. Elle est venue communiquer le programme des Lions Indomptables de football pour l’année 2003. On aura ainsi appris que le 11 février prochain Camerounais et Ivoiriens joueront un match amical à Châteauroux en France. En France parce que la Côte d’Ivoire est en guerre et que le Cameroun n’a aucun stade où peuvent évoluer les Ivoiriens. Qu’importe! En mars, le Cameroun est invité au tournoi international de Tunis qui regroupera outre la Tunisie et le Cameroun, l’Algérie et l’Australie.
Ces deux rendez-vous, à en croire la Cellule provisoire administrative des équipes nationales de football, suffisent pour préparer notre équipe nationale à la Coupe des confédérations qui aura lieu en France du 18 au 29 juin prochain. Elle regroupera la Turquie, la Colombie, la France, le Brésil, les Usa, le Japon, la Nouvelle Zélande et le Cameroun. A partir de juillet, juste après la Coupe des confédérations, les administrateurs des Lions Indomptables entendent les soumettre aux “périodes Fifa” réservées au recrutement des clubs européens et au début de leurs différents championnats, courus par les Africains en général et les Camerounais en particulier. Or, c’est une période charnière pour des équipes nationales qui, comme celle du Cameroun, doivent prendre part à la Can tunisienne de 2004. Ce n’est qu’en septembre qu’est prévu le match Cameroun * Usa.
Schäfer, l’entraîneur virtuel
Le programme des Lions Indomptables tel que annoncé n’a l’air de rien. Les chances qu’il soit respecté sont d’ailleurs très minces. Car ce n’est pas la première fois qu’on nous annonce des matches amicaux de l’équipe nationale du Cameroun, qui par la suite ne se jouent plus. Les administrateurs de l’équipe fanion du Cameroun qui ne cessent de vendre le vent au public sportif savent qu’aucun programme sérieux sur les Lions ne peut être établi si les malentendus ne sont dissipés. Entre autre, que la Fécafoot tire avec ses partenaires Sport-plus et Inter contact marketing (Imc) les marrons du feu. Soit rompre leur contrat respectivement de régisseur et de négociateur de matches amicaux des Lions. Soit les rétablir dans leurs responsabilités d’antan.
Une chose que la Fécafoot et les pouvoirs publics doivent faire, c’est de clarifier la position de Winfried Schäfer, l’entraîneur-sélectionneur virtuel des Lions Indomptables. Il n’a pas une résidence continue au Cameroun de plus de deux mois, depuis qu’il a été nommé coach de l’équipe nationale du Cameroun. Et pourtant, le ministre de la Jeunesse et des sports Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt a rassuré les Camerounais que l’une des closes de la reconduction du contrat de Schäfer était sa résidence au pays.
A la Cellule provisoire administrative des équipes nationaux de football, on justifie ses absences recurrentes et prolongées par le fait qu’il supervise les joueurs professionnels. Il serait donc entre deux avions. Ce n’est pas une raison valable. Car pendant la trêve hivernale la plupart des professionnels camerounais étaient au pays. Sous le contrôle de personne, certains ont offert au public des spectacles indignes de leur aura. Schäfer resté dans son Allemagne natale supervisait qui? Sauf à dire qu’il suit “ses” joueurs par internet. En plus, la présence de Schäfer hors du Cameroun peut aussi signifier que le football n’existe plus au pays de Roger Milla, Joseph-Antoine Bell, Théophile Abéga, etc. qui ont été des perles rares en Afrique avant d’être des professionnels. Schäfer n’a donc rien à tirer des compétitions nationales? C’est par hasard qu’il a regardé un ou deux matches des championnats de D1 et D2. Les interpoules, ni vues ni connues. Alors que par le passé l’essentiel des éléments des Lions Indomptables venait de ces compétitions. Faut-il penser comme Robert Corfou, directeur technique national que “le chemin est long pour que les joueurs locaux retrouvent l’équipe nationale : parce que la base des joueurs n’a pas été bien prise”? Que nenni!
Le football camerounais souffre aujourd’hui de trois ou quatre maux. Les infrastructures, les dirigeants, la détection des talents et l’exode massif des jeunes. Toutes ces plaies pansées ensemble, peut-être que Schäfer voyagera moins, parce qu’il ne comptera pas que sur les joueurs de la diaspora pour bâtir son équipe. Même si certaines indiscrétions révèlent que Schäfer n’aurait pas jusqu’ici trouver un logement à sa convenance. Entre temps son salaire est payé et ses voyages financés par le contribuable camerounais. Ainsi soit-il.
Noé Ndjebet Massoussi