De retour au travail après avoir préparé et disputé le match des Lions indomptables contre les Comores (1-1), Joël Epallé estime que cette première semaine a permis de mettre en place dans le staff technique et qu’elle augure de belles choses au vu du professionnalisme de Clarence Seedorf. La fin des petites équipes, le rythme de travail, les perspectives de travail, Epallé nous livre ses impressions.
Joël, on dirait bien qu’une semaine après les Comores, vous êtes tombés une nouvelle fois dans un traquenard avec cette défaite en Coupe…
Et oui. Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir prévenu. Vous avez assisté à la causerie d’avant-match, où j’ai mis en avant certains éléments, sur le plan psychologique et mental, qu’on n’a pas respecté, et pourtant on avait bien travaillé. Je crois que certains ont un peu pris les adversaires de haut, parce que l’écart de divisions est grand. Ils se sont dit qu’on pourrait gagner le match même en marchant. Je leur avais pourtant dit, en m’appuyant sur mon expérience de joueur, j’avais prévenu. J’avais martelé vendredi et j’ai effectué une piqûre de rappel aujourd’hui pour leur faire comprendre que ce genre de matchs, ce sont des matchs pièges. Et si on ne prend pas l’adversaire au sérieux, on va se mettre en difficulté. Et c’est ce qui s’est passé. L’équipe adverse s’était mis en confiance et ils menaient au score. C’est difficile de courir après le score face à une équipe plus faible, qui va se regrouper devant le but.
Mais bon, je vais apprécier l’état d’esprit des joueurs, qui sont restés concentrés malgré tout, qui se sont battus jusqu’au bout pour aller chercher cette victoire qui nous a fait finalement défaut.
Dans votre causerie, vous aviez fait d’un parcours en Coupe un objectif, puisque ce n’était pas habituel. Maintenant, quel est l’objectif de la saison ?
C’est vrai que j’espérais qu’on aille assez loin en Coupe pour espérer « tirer une Ligue 1 » en cas de bon tirage. Mais aujourd’hui, le rêve a été brisé. Ce qu’il nous reste maintenant, c’est le championnat et comme je l’ai dit aux joueurs, les objectifs sont clairs cette saison. On n’a pas les moyens de prétendre à la montée, mais en tant que compétiteur, je vais pousser mes joueurs à aller chercher le haut du tableau. Si on a la chance de se maintenir parmi les 3-4 premiers et qu’on a la chance de faire le peloton de fin de saison, on va se battre, pour qui sait effectuer la cinquième saison. Mais c’est très très loin, nous devons d’abord grappiller les points pour assurer dans un premier temps le maintien et espérer éventuellement plus.
On a vu que c’est une grosse fierté pour les dirigeants et joueurs du club que vous soyez aujourd’hui sélectionneur adjoint de l’équipe du Cameroun. Comment le club et vous-mêmes avez accueilli la nouvelle ?
Avec beaucoup d’enthousiasme et beaucoup de fierté. Surtout pour les dirigeants, qui voient une grosse visibilité pour le club. Les joueurs eux, ont une certaine fierté. Il ont pu travailler avec moi et aujourd’hui, on me choisit. Et le fait d’avoir un entraîneur international, ce sera un plus pour eux, ça va faire des jaloux (rires). Mais je pense que mes joueurs méritent, surtout mes joueurs que j’ai depuis pas mal d’année. Ils méritent d’avoir un coach qui a eu la chance d’intégrer le staff national. Et je vais les remercier une nouvelle fois, et je vais réitérer mes remerciements e leur disant que c’est grâce à eux que les gens du Cameroun ont pensé à moi. Parce que le travail que je fais, parce que le monde amateur est très dur, il faut gérer plein de choses, des joueurs qui ne sont pas salariés, qui doivent gérer leur vie de couple, ou leur vie professionnelle. Quand j’arrive avec l’exigence de la carrière professionnelle, au début c’est difficile pour eux de digérer et ensuite, ils ont compris le bien-fondé de ce que je fais. Ils ont accepté ça, ils ont fait des sacrifices pour qu’on puise réaliser tout ce qu’on a fait jusqu’ici. C’est une fierté pour moi de les avoir eu, puisque c’est gräce à nos résultats que j’ai été appelé.
Justement, comment s’est passé la semaine au Kenya et aux Comores ?
Ça s’est super bien passé, juste un peu speed (rires). Depuis que j’avais arrêté de jouer, j’avais perdu cette routine de sélection, puisque je suis dans le monde amateur où les choses sont faites différemment, même comme j’ai apporté du professionnalisme dans mon club. Il y a quand même une différence d’échelle entre ce que je fais au Val d’Europe et l’équipe nationale. Être à côté de grands joueurs, de grands professionnels comme Seedorf et Kluivert, ce n’est qu’un plaisir et un bonheur au quotidien. Je vais m’inspirer d’eux, je vais prendre ce qu’il y a à prendre pour emmagasiner encore plus d’expérience, pour que par la suite, les jeunes que j’encadre ici et le club puissent en profiter. Pour que aussi mes jeunes frères qui sont à l’équipe nationale, puisse profiter de l’expérience que j’ai eue en tant que joueur. Et cette expérience que je continue à engranger en tant qu’entraîneur. Moi qui ferai le pont entre les joueurs et les entraîneurs en place, qui ne connaissent pas le milieu camerounais et ses particularités. J’ai commencé à faire ce travail, à me rapprocher des joueurs, pour qu’il n’y ait pas ce décalage. Quand un nouveau stage arrive, il y a beaucoup d’interrogations et parfois c’est une nouvelle méthode à laquelle les joueurs ont du mal à s’adapter. Et moi, en tant que leur aîné, parfois je mets la casquette d’entraîneur de côté, pour leur expliquer un certain nombre de choses, avec mes mots à moi. Ce qui fait que le discours passe beaucoup plus.
Ça a été enrichissant. On a multiplié les séances de travail, de vidéos, les réunions pour pouvoir essayer de dispatcher un peu les rôles. Ça a été laborieux au départ, mais vers la fin du stage, on a trouvé le bon timing. Je pense qu’au prochain stage, ça va bien se passer, parce qu’on a pris déjà nos marques et qu’il a mis les indications qu’il voulait. Ce sera juste la continuité de ce qu’il a mis en place au premier stage.
Et la suite, c’est dans moins d’un mois contre le Malawi…
Je pense qu’au Cameroun, face à notre public, on va bien préparer le match face au Malawi, en ne perdant pas de vue que les réalités sont les mêmes partout. Petit ou haut niveau. Comme aujourd’hui, où nous avons joué une équipe et on se disait qu’on allait gagner. J’entends déjà les gens spéculer sur une large victoire contre le Malawi, si on ne prépare pas le match physiquement, psychologiquement et mentalement, on va passer à côté de quelque chose de grand. Le but pour le staff technique, les dirigeants et nous, c’est de gagner la CAN, qui pointe déjà son nez et qui est organisé chez nous, donc plus de pression. Les coachs et nous en général, qui sommes là et qui connaissons la maison avons les épaules assez larges pour pouvoir supporter cette pression. Comme le coach l’a dit, c’est à nous d’absorber la pression pour que les principaux acteurs ne soient pas touchés. Ce sera en gros notre travail et on verra comment se passera la mise en place. Mais je suis optimiste par rapport à ce que j’ai vu. On va essayer d’engranger des victoires pour finir en tête de poule et pour capitaliser nos chances pour mieux préparer la CAN qui s’annonce chez nous.
Donc, sereins, confiants dans le groupe, malgré le brouhaha autour ?
Oui, très sereins. Les joueurs aussi sont arrivés remplis d’enthousiasme et ont apprécié la façon de faire du Coach. Ils ont senti le sérieux et le professionnalisme. Les détails que certains auraient pu négliger, lui il ne les néglige pas. Parce que sur la somme des détails peut produire des mauvais résultats. Il ne les néglige pas, que ce soit sur le plan footballistique ou sur l’environnement et la logistique qui va avec, rien n’est laissé au hasard. Il veut que son groupe ne pense qu’au football et je pense que c’est un chantier énorme et petit à petit on va y arriver.