Quinze ans après, le Cameroun est de nouveau champion d’Afrique. Depuis dimanche, nous avons tous retrouvé la fierté d’appartenir à la nation « vert-rouge-jaune ». Cette victoire a d’autant plus de saveur que le moins que l’on puisse dire est qu’elle était inattendue. Partis du pays, au mieux dans l’indifférence, au pire dans la défiance en raison des défections de certains joueurs et du climat politique du pays, ils reviennent en héros, symboles d’une union nationale que nous appelons tous de nos vœux, même sans lui donner la même forme institutionnelle.
Et oui, nous souhaitons tous une partie de cette équipe, parce qu’elle nous ressemble. Elle se sort de l’adversité. Les primes ? Le pays organisateur ? Le Sénégal ? De nouveau les primes ? Le Ghana ? L’ogre égyptien ? Balayés… Dans la sauce, happés par cet air popularisé par la jeune Reniss et qu’aucune chaîne camerounaise n’avait osé diffuser avant que le Chef de l’État, lui-même, ne la reprenne à son compte. Dans la sauce, comme ce concert de casseroles que les villes camerounaises ont vécu dimanche et fait le bonheur des réseaux sociaux. Ces derniers, voués au gémonies il y a quelques semaines, qui nous ont rapproché de cette équipe de winners.
Et oui, leur première victoire, c’est d’avoir su imposer leur communication directe. Dans un football qui se ferme chaque jour davantage, dont les acteurs s’éloignent chaque jour de ceux qui les font rois, cette équipe a ouvert ses vestiaires. Qui n’a pas entendu leur chanson de ralliement depuis les dernières semaines ? Qui n’a pas vu les vidéos où sur cette chanson, ils invitent les « anciens » Aboubakar et Nkoulou à venir danser avec eux avant que le coach ne vienne aussi sur la table ? Cette équipe a su se rapprocher de ses supporters par le biais de cette communication directe et l’approche virale de l’événement. Ondoa, célébré après un premier tour de qualité, à qui une chanson est dédiée et qui la reprend sur les plateaux TV, le Bidoung challenge effectué dès la fin du match contre le Ghana et qu’ils ont reproduit au Palais de l’Unité devant un couple présidentiel qui doit être bien content de cette séquence sportive entamée avec les filles en novembre dernier.
Qui n’a pas vu comment ils ont su domestiquer le bougon Roger Milla, avec la chanson à lui dédiée par MHD, sur un air de musique urbaine, au point de terminer dans la piscine de l’hôtel après la victoire finale, jeté par ses jeunes comparses ?
Roger Milla dans la piscine, Samuel Eto’o – « l’Africain » parti de Turquie, mais rattrapé par cet amour du VRJ – et Patrick Mboma dans les vestiaires pour des photos avec le trophée, ces « no-names » ont aussi réussi à unir toutes ces générations de footballeurs, qui avaient gagné avant eux, avec en cadeau Rigobert Song, que la chaîne BeIn Sport et les relais sociaux ont permis de revoir plusieurs semaines après son accident vasculaire.
Finies les querelles de la fin de la génération 2000 – 2002, on peut également oublier (en tout cas pour le moment) les difficultés judiciaires que connaît l’organe de gestion du football camerounais.
Finies les railleries sur AVC qui ne saurait pas inscrire un but en compétition internationale.
Dans la sauce, dans la sauce comme tous ceux qui ont voulu ignorer le problème anglophone. « Je suis Bamenda, I love you Bamenda » déclare le jeune Ondoa avant de se jeter à l’eau pour célébrer son titre.
« Du Nord, ou du Sud, de l’Est à l’Ouest, que l’on s’appelle Moukandjo, Aboubakar, Ngandeu, Fai ou Ndip També, on est tous Camerounais », pouvait conclure le Président Paul Biya. Ce sera peut-être fugace, mais qu’est ce que ça fait du bien d’être Camerounais en ce moment !!! Et tout ça… cadeau.
HK