Alors qu’il croyait avoir réuni des perles rares pour réaliser une bonne Coupe d’Afrique des nations, le sélectionneur du Cameroun qui a dévoilé la pré-liste de 35 joueurs pour la préparation de cette compétition la semaine dernière, vient d’essuyer un autre revers. Lequel risque de compromettre grandement les chances du Onze national au rendez-vous de janvier au Gabon.
Sept joueurs disent non au coach ! Un record ! Jamais l’équipe nationale n’a connu autant de désistements. Même à l’époque des sélectionneurs les plus contestés, le staff technique des Lions indomptables n’a jamais fait face à une telle déferlante en termes de défections. On a eu droit à deux ou trois caciques qui jouent les rebelles le temps d’une campagne éliminatoire, menacent de ne plus arborer le vert-rouge-jaune, et reviennent à des meilleurs sentiments deux ou trois matchs plus tard. Cette fois, c’est sept footballeurs convoqués pour défendre les couleurs du Cameroun qui opposent une fin de non recevoir au sorcier blanc. Pour l’instant… puisque la liste pourrait s’allonger. Et dire qu’aucun d’eux, n’est blessé. Ils ont choisi pour la plupart de sauver leur carrière en club plutôt que de répondre à l’appel des racines visiblement moins important pour le moment. Anciens comme nouveaux ; cadres comme jeunes premiers, ils ont dit « Niet » à la convocation d’Hugo Broos qui ne va même pas avoir de choix cornéliens à effectuer au moment de choisir les 21 Lions qui seront de l’expédition gabonaise en janvier prochain. Ce d’autant plus que ceux-ci lui ont déjà facilité la tâche en lui proposant cette sélection naturelle.
La Fécafoot menace? les clubs se lèchent les doigts
Sans surprise, Joël Matip campe sur ses positions et refuse de retrouver la Tanière. Les binationaux Ibrahim Amadou, Maxime Poundjé, qui espère encore jouer pour la France, et André Zambo Anguissa, qui avait déjà informé de sa décision, ont dit non eux aussi. Les défections des gardiens André Onana, mis sous pression par l’Ajax d’Amsterdam où il doit sauver son statut de titulaire plutôt que de chauffer les bancs en sélection où il admire un Ondoa pas titulaire en club porter les gants. Tout comme Guy Roland Ndy Assembe qui préfère se concentrer sur Nancy, étaient en revanche moins attendues et celle d’Allan Nyom, le récidiviste.
« La Fédération camerounaise de football se réserve le droit d’engager des actions à l’encontre de ces joueurs conformément aux règlements de la Fifa », a précisé l’instance que dirige Tombi à Roko Sidiki dans un communiqué rendu public ce jour. La Fécafoot oblige en effet les clubs à libérer leurs internationaux pour la Coupe d’Afrique des Nations. Une injonction qui ne semble pas émousser les dirigeants des clubs concernés. Eux qui vont se réjouir de ne pas payer le lourd tribut d’un exode de leurs talents africains.
Quand le sorcier blanc n’a plus de remèdes
Mais au-delà de la levée de boucliers que la réaction de ces professionnels peut susciter dans les rangs des fans, il faut reconnaître que Broos a là, une patate chaude entre les mains. Avec ces sept forfaits qui pourraient s’allonger, il sait plus que quiconque que c’est sur un champ de mine qu’on l’a catapulté en lui confiant les rênes des Lions indomptables. Accueilli dans un concert de contestation et présenté par la presse comme un technicien looser en mal de palmarès, il commence sans doute à comprendre qu’il n’est pas facile d’être ce grand sorcier aux grands remèdes que lui a laissé croire la Fécafoot. A l’issue de cette Can 2017 où les chances du Cameroun paraissent minces, il risque de suivre le même chemin que ses malheureux prédécesseurs : sortir par la petite porte sous les huées du public et le lâchage programmé de ses employeurs.
L’heure est grave
Aujourd’hui, la question pourrait se résumer simplement : l’équipe nationale fanion dont le prestige a pris un sacré coup depuis plus d’une dizaine d’années est-elle capable d’un sursaut en terre gabonaise ? Avec Broos aux commandes, peut-elle avoir l’humilité de se remettre en question, de reculer pour mieux rebondir ? Peut être, mais à quelle heure ? En attendant que d’autres larrons n’annoncent qu’ils ne seront pas du rendez-vous en janvier, il faudra remuer ciel et terre pour trouver des joueurs performants pour bâtir une équipe conquérante, avec un banc de touche de qualité. C’est peut être le temps d’aller piocher dans la Ligue 1 que le sélectionneur passe le temps à maudire et à bannir. Mais, il ne sera pas seul dans cette démarche refondatrice. La Fécafoot et le Minsep, champions des tacles irréguliers sur gazon synthétique ou sur terre battue, devraient montrer leur détermination à rendre les choses plus professionnelles. Car, l’heure est grave.
Christou DOUBENA