L’ensemble de la défense des Lions indomptables a souvent souffert dans les matches, mais pas autant que comme face à la Croatie mercredi soir en coupe du monde. Battus à plate couture par les Damiers croates, les Lions ont quitté la compétition, la queue entre les jambes, avec une défense trahie par les insuffisances physiques et approximatives de ses dépositaires. Il faut dire que le curieux choix d’un sélectionneur qui n’aura pas su cerner les enjeux à ce niveau de la compétition est effarant.
Gardien de but : Itanje, petit jésus devenu judas
Sa côte de popularité s’était accrue depuis la qualification du Cameroun pour ce rendez-vous brésilien -manqué-, fort de ses prestations unanimement saluées au fil du temps. Mais ce mondial 2014 l’a remisé à son niveau initial, notamment le match raté contre la Croatie mercredi soir à l’occasion de la deuxième sortie des Lions indomptables. L’élimination est certes imputée à l’ensemble de l’équipe, mais, Charles-Hubert Itanje en a une grosse part de responsabilité. Le portier des Lions a livré son pire match en sélection face à la sélection croate. Il avait survolé la colère de la lourde défaite face au Portugal le 5 mars dernier en amical (1-5).
Si on ne le culpabilise pas entièrement sur le premier but de la Croatie, le pensionnaire de Konyaspor est cependant responsable du mauvais dégagement qui a conduit au deuxième but sur une accélération coté droit de Perisic (48e). Autant qu’il l’est sur le troisième en repoussant mollement une frappe à l’entrée de la surface, et oubliant la présence dans les parages de l’intraitable Mario Mandzukic. Le Camerounais a vraiment souffert, jusqu’à…la lie.
Et sur le doublé de l’attaquant bavarois, Itanje avait bien le temps de faire une sortie pour enrayer ce corner, mais est resté cloitré dans ses bois, laissant le soin à l’artificier des Damiers de mieux l’ajuster pour crucifier les Lions. L’ancien joueur du RC Lens payait quelque peu son immobilité dans sa surface, car il est tout le temps resté confiner sur sa ligne, et est très peu porté vers les sorties, même en cas de danger.
Note : 3/10
Nkoulou, capitaine noyé dans son navire
L’aventure s’est arrêtée pour le Cameroun après deux sorties dans la compétition. Qu’est que ça aurait fait du bien de le voir la poursuivre. Nicolas Nkoulou est l’un des rares joueurs qui se sera battu jusqu’à la dernière goutte de…sueur. Mercredi encore face à la Croatie, il l’a démontré par son omniprésence dans «sa» charnière centrale. Le Marseillais n’a eu de cesse de multiplier des bouées de sauvetage pour éviter une déconfiture renversante aux Lions, surtout à un moment où ceux-ci se montraient plus fébriles. On peut cependant lui reproché d’être moins exigeant sur le repositionnement de ses compagnons en défense.
Note : 6/10
Mbia, polyvalent des causes perdues
C’est aussi l’une des rares satisfactions camerounaise de cette coupe du monde. Un vrai soldat, qui hélas, tombe les armes à la main. Son patriotisme, mieux, son chauvinisme, sont volontiers exprimés sur un terrain. Stéphane Mbia a débuté cette rencontre sur le flanc droit comme latéral durant toute la première partie, et remplissait pleinement ce rôle. Il a su contrer, accélérer ses contrôles, centrer pour les attaquants, combiner des une-deux avec Moukandjo. Il n’est cependant pas exempt de l’erreur de la défense sur l’ouverture du score croate (Olic, 11e), où il s’est présenté en retard sur le marquage du buteur. Dans la deuxième partie de la rencontre, avec l’expulsion d’Alexandre Song (40e), le joueur Sévillan a été replacé dans l’axe de la défense, où il n’a pas non plus déçu, et a aussi fait étalage de son talent pluriel.
Note : 5/10
Nounkeu, piston rouillé à l’achat
Comment expliquer que sur son premier duel avec Perisic, l’attaquant croate, auteur du deuxième but (48e), le batte au sprint? Lui qui venait pourtant fraîchement d’être injecté dans le match ? Le défenseur camerounais venu au dépannage sur le flanc droit n’avait-il pas encore pris la mesure du match ? Même s’il faut relever que c’est sur un dégagement mal appliqué d’itanje que le joueur croate s’est saisi du cuir pour désemparer le gardien des Lions ? Quid du troisième but donc ? Là, Nounkeu est carrément absent du marquage de Mario Mandzukic, l’attaquant bavarois, et est resté recroquevillé derrière celui-ci. Il est clair que son entrée en jeu n’a réellement pas aidé le Cameroun défensivement.
Note : 2.5/10
Chedjou, supplice écourtée
Sa sortie à la mi-temps lui sans doute permis d’éviter une humiliation encore plus cuisante à laquelle il aurait contribué s’il restait sur la pelouse. Déjà qu’en une mi-temps, Aurélien Chedjou avait déjà laissé des traces sur le premier but en échouant sur l’anticipation du passeur. Chedjou ne donnait pas vraiment l’impression d’un chat échaudé qui craindrait l’eau froide, puisqu’il se permettait encore le zèle de porter la balle en plein dans la charnière, temporisant le jeu surtout au moment où ses coéquipiers étaient sous pression et tentaient un pressing haut.
Note : 3/10
Assou-Ekotto, crinière en berne, tombe le masque
Le latéral gauche des Lions a laissé pantois et médusé le public camerounais par son geste honteux à l’égard de son coéquipier Benjamin Moukandjo, qu’il a tenté de défoncer dans le cours de la rencontre, pour des raisons encore méconnues. Mais cela témoigne d’un malaise de vestiaire dont les odeurs pestilentielles se flairent déjà en surface. Benoit Assou-Ekotto, réputé pour son caractère dur à cuire, a néanmoins colmaté quelques brèches sur son flanc gauche, moyennant quelques centres maladroits sans véritable destinataires en attaque pour la conclusion.
Note : 3/10
Armel Kenné