L’heure du bilan de la participation du Cameroun à la coupe du monde 2014 viendra certainement. Mais en attendant le dernier match de lundi prochain contre le Brésil, les premières leçons se dégagent d’elles-mêmes au vu du visage peu reluisant montré par les Lions indomptables tout au long de cette campagne.
Etait-il finalement réaliste d’attendre des résultats sur le terrain quand tout bouillonnait autour de l’équipe ? Les faits ont montré que non. Le groupe Cameroun qui clamait « l’union sacrée » – effet de mode oblige – s’est pourtant rendu au Brésil en rangs clairement dispersés. Il est de notoriété publique que la délégation camerounaise au Mondial est divisée au moins en trois, avec toutes les divergences de vues qui vont avec.
Les joueurs qui se sont constitué une espèce de syndicat ont bien joué leur rôle de groupe de pression dans les vestiaires. L’affaire des primes, l’histoire du drapeau lors du match d’au revoir à Yaoundé, le blocage au moment du départ pour le Brésil… l’attestent à suffisance. A moins d’une semaine d’un Mondial, les footballeurs parlaient surtout argent et même politique. Ils avaient visiblement oublié le Mexique, la Croatie et le Brésil, distraits qu’ils étaient par leurs performances trompeuses lors des matches amicaux. Sur le terrain où ils étaient le plus attendus, ils ont finalement été dépassés par les événements. Tout simplement prévisible.
La fédération à travers son comité de normalisation a été l’autre grand acteur de ce feuilleton. A couteaux tirés avec les joueurs, soupçonnée de mauvaise gestion, la Fecafoot a finalement cédé à la pression de ces derniers. Et contre sa volonté, elle a dû satisfaire aux exigences d’Eto’o et Compagnie qui entendaient s’assurer une répartition « équitable » des retombées de cette coupe du monde. La rupture était consommée, sous le regard du ministère des Sports, qui n’a pu que faire le constat. Sans pouvoir réconcilier les deux camps. La tâche du Minsep aurait été d’autant plus ardue qu’il a, lui aussi, eu des désaccords avec la fédération au sujet de certains points de la gestion de la délégation camerounaise au Brésil.
Tout cela ne laissait pas beaucoup de place au football. Avec un sélectionneur étrangement absent. Simple spectateur lors des fameuses transactions en coulisses, Volker Finke a reçu le drapeau national en lieu et place de ses joueurs au moment de quitter le Cameroun. Ce qui indique bien qu’il a tranquillement regardé les préoccupations extra-sportives ruiner la sérénité de son groupe. De plus, l’homme est resté obstiné dans ses choix, malgré les insuffisances avérées de certains éléments de son dispositif.
On reparlera de tout cela. Pour le moment, place au dernier match. Lundi prochain, les Lions indomptables affrontent le Brésil à Brasilia. On verra bien à quelle sauce les joueurs de Volker Finke seront mangés contre le pays organisateur. Vous nous pardonnerez ce langage défaitiste. Mais peut-être qu’il faut enfin faire montre de réalisme et regarder les choses en face. Car, c’est bien de se tourner vers « les dieux du football » comme l’a si bien fait le capitaine à la veille de ce catastrophique Cameroun-Croatie. Encore faut-il se donner les attitudes et la foi pour espérer profiter de leur miséricorde.
Yves ATANGA, Cameroon-Tribune