Le coup d’envoi de la CAN de football féminin sera donné le 11 octobre prochain et c’est encore un épais brouillard sur la question des primes pour les Lionnes Indomptables. Rien ne leur a encore été dit sur ce sujet. Pourtant, même si elles ne le disent pas, elles le ruminent dans leur gorge.
Sur le plan sportif avant leur départ ce lundi, les Lionnes, se disent prêtes à atteindre les deux objectifs qu’elles se sont fixées, à savoir, d’une part, obtenir la qualification pour la Coupe du Monde de football féminin qui aura lieu au Canada en 2015, c’est-à-dire terminer au moins parmi les trois premières équipes de la compétition. D’autre part, remporter le trophée de cette 9ème édition de la Can de football féminin. Seulement, l’enthousiasme des Lionnes s’estompe lorsque l’une d’elle apprécie bien le cadre de travail dans lequel elles ont été mises ces derniers temps. Elles ont séjourné au centre d’Excellence de la Caf d’Okoa Maria à Mbankomo depuis le 18 septembre dernier. « Sauf que le reste ne suit pas », chuchote l’une des Lionnes. Et de quel reste est-il question ? « Tu ignores quoi ? On va à une Can sans avoir eu la prime de qualification. On ne sait même pas s’il y aura la prime de participation. On ne sait pas quelle sera la prime de match gagné ou de nul si ça arrive. Il n’y a que le Comité de normalisation, par le biais du président (Pr Joseph Owona, ndlr) qui est venu à Mbankomo nous donner la prime de qualification de la Fécafoot. Pour le reste, on ne sait rien », nous confie une « joueuse cadre ».
Et si c’était les Lions A …
L’effectif des Lionnes n’affiche toujours pas complet en raison de la réticence de leurs clubs employeurs. Les dirigeants des clubs où évoluent les footballeuses camerounaises estiment que la Can de football féminin ne se dispute pas dans une période Fifa. Certains clubs, un peu compréhensifs, posent comme conditions pour libérer les joueuses, la prise en charge par le Cameroun des manques à gagner. Cela veut dire en clair que ces footballeuses n’auront pas de salaire du mois d’octobre payé par le club. Et c’est le Cameroun qui payera aux joueuses professionnelles la somme équivalente à leur salaire en club. Rien, jusqu’à présent n’est fait à ce sujet. Sur dix joueuses professionnelles convoquées, seules Cathy Bouh Djouh de Rivers Angels du Nigeria, Annette Ngo Ndom d’Union Zamky de Slovaquie, Madeleine Michèle Ngono Mani de Claix FF de France et Christine Manie de Cruj de Roumanie étaient du groupe des 18 joueuses qui sont à Lusaka. Les joueuses professionnelles attendues que nous avons pu joindre ont la démangeaison de retrouver leurs coéquipières, parce que, disent-elles, « c’est pour œuvrer ensemble pour les deux objectifs que sont la qualification pour la Coupe du Monde et ramener le trophée au pays ». L’une d’entre elle a voulu s’informer auprès de nous sur les montants des primes : « Quel est le montant de la prime de qualification ? La prime de participation et les manques à gagner ? Ils vont parler de ça quand ? Il faut clarifier cette affaire au plus vite », a-t-elle fulminé, avant d’être déçu par notre réponse de ne pouvoir lui donner l’information souhaitée, parce que rien n’a été clarifié dans ce sens. « Quand ce sont les Lions A, on se presse vite pour eux en leur octroyant des primes faramineuses. Il faut bien que cela change et que l’on ait un peu de considération pour nous, les Lionnes. Ils attendent juste le fruit de nos efforts pour en profiter, si nous remportons le trophée par exemple », croit savoir une autre joueuses professionnelle encore retenue par son club en Europe, que nous avons pu joindre hier.
Pour Céline Eko, la présidente de la Commission transitoire de football féminin, il n’y a pas péril en la demeure. « La préparation se passe très bien et que les filles sont très en forme. Surtout qu’elles sont dans un très bon cadre. Je crois qu’elles sont prêtes à affronter la Can. Beaucoup de gens ne le savent pas, ces filles ont le même statut que les Lions et il était normal que la dernière phase de préparation avant le départ se passe dans un cadre approprié », s’est –elle réjouit. Sur cette question des primes des Lionnes pour la Can Namibie 2014, ce n’est plus un problème. « Nous avons tenu une réunion avec le ministère des Sports et toutes les propositions que nous avons faites ont été validées par le premier ministère. Pour avoir les chiffres exacts, je vous prie de vous rapprocher du ministère des Sports qui peut vous les donner. Nous n’avons pas reçu le document retour. C’est au ministère des sports de vous dire les montants exacts des primes qui auraient été arrêtées pour les filles », a-t-elle indiqué. Et elle s’est voulue rassurante par rapport à l’esprit des joueuses : « Les filles sont dans l’esprit de défendre d’abord les couleurs du Cameroun. Donc, elles ne sont pas dans la psychose qu’on doit leur dire ce dont elles auront droit. La représentante du ministre des Sports n’est pas partie par rapport à cette question. Je crois que tout sera prêt d’ici mercredi et je crois qu’elle rejoindra les filles avec les poches pleines ». Seulement, toutes nos tentatives pour joindre un responsable du ministère des sports pour avoir une idée claire sur cette question de primes chez les Lionnes sont restées vaines.
Ce qui est constant, c’est que les Lionnes, selon leurs déclarations, sont prêtes sur le plan technique et physique. Seulement, sur le plan psychologique elles risquent de prendre un coup à force d’attendre l’annonce des primes auxquelles elles devront s’attendre pendant cette 9ème édition de la Can féminine « Namibie 2014 ». Elles murmurent déjà entre elles et il est temps de désamorcer « la bombe » et éviter un quelconque mouvement d’humeur de la part des Lionnes. Quand la femme se fâche …
Antoine Tella à Yaoundé