Au sortir de la coupe du monde, l’urgence commande de se tourner vers l’avenir pour s’interroger sur les perspectives de développent du football féminin au Cameroun. Comment la bonne performance des Lionnes indomptables en coupe du monde peut-elle servir de levier pour tirer le football féminin vers le haut ? Pour l’instant, cette préoccupation reste sans réponse, en l’absence d’une stratégie lisible et des moyens d’action conséquents pour sortir de l’ornière.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la prestation des Lionnes en coupe du monde intervient dans un contexte peu favorable à l’épanouissement de leur discipline de prédilection. Cela fait belle lurette que le championnat national est dans un état comateux.
Déjà lourdement handicapé par le nombre peu élevé des licenciées (1600), l’insuffisance d’infrastructures, le manque de clubs structurés et viables, la rareté des ressources financières et techniques, le football féminin a vécu comme un coup de massue la rétrogradation de 8 clubs de première division de deux divisions inférieures ainsi que la suspension de leurs présidents pour 5 ans de toute activité organisée par la Fédération. Même si ces sanctions semblent justifiées dans le fond, elles ont contribué à enfoncer davantage une discipline déjà très affaiblie. L’après mondial devrait contribuer en principe à changer la perception que nous avons du football féminin souvent considéré comme un passe-temps pour désœuvrées plutôt qu’une discipline à part entière. A l’instar du football camerounais dans son ensemble, le foot féminin a besoin d’une restructuration de fond en comble pour s’arrimer définitivement aux exigences du professionnalisme qui existe sur le papier, mais tarde encore à se matérialiser.
Le chantier est immense, De la détection des jeunes talents à la structuration des clubs en passant par l’amélioration de la gouvernance administrative et de l’encadrement technique, sans oublier la prise en charge médicale ou la recherche des financements. La Commission nationale de football féminin devrait sortir d’une relative léthargie pour endosser les habits neufs de la redynamisation qui interpelle d’autres acteurs au niveau de la Fédération, de la Ligue, du ministère de tutelle et les sponsors.
Dans ce combat de longue haleine, le football féminin peut compter désormais sur des vaillantes guerrières qui ont ébloui la planète entière. Aboudi Onguene, Enganamouit, Ngono Mani, Feudjio, Ngo Ndom, Tcheno, Yango, Leuko, Zouga et toutes leurs camarades auront chacune à porter désormais le brassard d’ambassadrice du ballon rond. En continuant à cultiver la modestie et la constance dans l’effort, pour monter toujours plus haut.
Jean Marie NZEKOUE est éditorialiste, chroniqueur sportif, auteur entre autres de : « Afrique, faux débats et vrais défis » (2008), « L’aventure mondiale du football africain » (2010)