Permettez-moi, l’occasion est exceptionnelle de vous renouveler mon profond respect. Je voudrais surtout vous dire, Excellence, combien je me sens personnellement heureux et honoré à la fois, de pouvoir ainsi vous approcher
Monsieur l’Ambassadeur,
Il n’est pas en effet facile au commun des mortels, de prendre ainsi la liberté d’exprimer ses émotions à l’endroit d’une des personnes qui marquent le temps de leurs empreintes et de leur génie, et s’imposent dans un siècle.
Vous êtes une référence pour nous, pour des millions d’Africains et d’autres personnes à travers le monde. Vous êtes de ceux qui, profondément implantés dans les cœurs et les esprits, font la fiété de tout un peuple. Grande est justement votre contribution dans la réputation et l’image de notre pays dans le monde, et éternel est votre rôle dans le respect dorénavant incontestable que l’Afrique toute entière se voit reconnaître dans le sport universel.
Sublime, vous l’êtes ! brave, puissant, et fraternel vous l’êtes encore mieux ! La majorité des camerounais et moi-même, sommes constamment troublés à force de nous demander ce que nous pourrions faire davantage, pour vous faire entendre cette intimité profonde et cette admiration. Vous avez su défendre notre drapeau ! vous avez su, aux côtés des autres tels Bassala, Abega, Mbango… et de bien d’autres dans d’autres domaines, faire avancer la cause de la partie. Dieu seul mesure la dimension de notre reconnaissance.
Excellence, cher compatriote,
Une longue tradition d’honnêteté commande que l’on s’adresse à ceux que l’on respecte et que l’on admire particulièrement, avec une très grande courtoisie. Il va sana dire que ce commandement ne saurait servir de prétexte pour dire des mensonges, ou d’alibi pour errer sur des sujets sans rapports avec la réalité d’une démarche qui se veut le plus souvent interpellative.
Pour toutes ces raisons, j’en viens rapidement à l’objet réel de la permission que j’ai implicitement sollicitée pour m’adresser à vous en ce jour.
Il s’agit, monsieur l’ambassadeur, de la candidature de notre compatriote Issa Hayatou, par ailleurs Président de la Confédération africaine de Football, à la Présidence de la Fédération internationale de Football Association (FIFA).
A ce propos, j’ai pris connaissance comme des milliers d’autres Camerounais, de vos déclarations dans les colonnes du quotidien gouvernemental » Cameroon tribune » du lundi 29 avril 2002. ce qui n’était donc qu’une rumeur est maintenant confirmée par vous-même. En somme, vous avez décidé, de soutenir la candidature de monsieur Sepp Blatter, le concurrent de notre compatriote. Je dis bien que vous avez pris une telle décision parce qu’en vous déclarant neutre sous prétexte » que le meilleur gagne « , vous faites explicitement un choix.
Excellence, cher compatriote,
La position que vous venez ainsi de prendre et d’annoncer publiquement, a jeté un trouble inqualifiable dans l’esprit de la majorité des Camerounais, et s’assimile tout simplement à une trahison. Personne ne comprend ni ailleurs ni ici, ce qui pourrait avoir motivé une belle désinvolture. Nous sommes perdus dans la recherche d’une explication rationnelle, en espérant que l’avenir nous permettra un jour de connaître les véritables raisons qui vous ont motivé.
Le trouble, la déception, voire la désolation sont d’autant plus grandes et d’autant plus justifiées, que nous ne savons plus si vous êtes effectivement ambassadeur pour défendre les intérêts du Cameroun, ou pour défendre des intérêts étrangers inavoués. Nous pensions que le Chef de l’Etat, en vous élevant à la dignité d’ambassadeur, entendait capitaliser sur vote auréole, pour accroître les probabilités de faire triompher les intérêts de notre pays et de nos compatriotes sur la scène internationale.
Dans cette logique, la candidature de notre compatriote Issa Hayatou offrait la première occasion que le Chef de l’Etat ne s’est point trompé sur votre compte, et pour rassurer la jeunesse sur votre disponibilité à vous surpasser dans la défense de la Cause de la patrie.
Monsieur l’Ambassadeur, nous voulons continuer à croire que vous avez clairement et réellement conscience de votre mission et de vos responsabilités. Ce qui est en cause, c’est le Cameroun, son image, sa place dans le monde, sa réputation. Issa Hayatou tend aujourd’hui vers ce sommet de la gloire où seuls quelques compatriotes comme vous ont pu s’imposer vraiment. Comment pouvez-vous donc vous tromper au point de la renvoyer à la situation d’un vulgaire candidat qui est tenu de vous informer de ceci et de cela pour prétendre à votre soutien ?
Dans la compétition qui se joue maintenant à la tête de la Fifa, nous ne sommes pas loin de l’autre compétition, celle-ci juridique, qui se joue à la Cour Internationale de Justice de la Haye à propos de la presqu’île de Bakassi. Les enjeux se valent et se tiennent. Si vous ne prenez pas position pour Issa Hayatou, alors, vous n’en prendrez pas pour défendre Bakassi non plus. Ce n’est pas seulement une question de principe personnel, c’est une question de drapeau national et de souveraineté.
Monsieur l’Ambassadeur, très cher compatriote,
Les jours qui s’annoncent ne seront pas seulement déterminants pour monsieur Issa Hayatou, ils le seront aussi pour vous, car comment voulez-vous que les Camerounais se mobilisent pour fêter l’apothéose de votre riche carrière, s’ils ont, non plus seulement le sentiment, mais la certitude que vous avez trahi un frère, que vous avez tourné le dos aux intérêts du pays, et que vous avez poignardé l’espoir de tout un continent ?
Si nous ne vous honorons pas en particulier massivement à votre jubilé, le monde entier risque d’avoir des doutes parmi les vôtres, et sur le massage de votre grandeur si durement conquise et si bien mérités.
Je vous remercie, Excellence, de m’avoir autorisé de vous parler en ces terres. Les grands hommes comme vous ont l’obligation d’écouter, de s’interroger, et de prendre acte. Après tout, l’histoire a voulu que vous soyez pour nous ce symbole de multiple, un porte-drapeau, un berger en de multiples termes du sens. C’est votre destin. Il vaudrait mieux l’assumer intelligemment, de manière à nous renfoncer dans votre conviction que le Cameroun, notre pays, a encore un avenir, qui ne soit pas simplement du discours et de la distraction.
C’est pour cela que je vous exhorte, moi le citoyen le plus ordinaire qui soit, de soutenir notre compatriote. Il n’est pas tard, faites le pour nous sauver de l’humiliation que constituerait une victoire de Issa Hayatou par-dessus votre veto. Faites-le pour éviter de nous présenter à la face du monde, comme peuple corrompu, où même les citoyens les plus éminents et les plus prestigieux, auraient perdu le sens des intérêts nationaux.
En vous renouvelant mon profond respect et en vous rassurant sur ma constante révérence, je vous prie, Excellence monsieur l’Ambassadeur et cher compatriote, d’accepter.