Renié, vomi, vertement critiqué et jugé d’incompétent par le gratin footballistique parce que arrivé dans la tanière sans état de services probants; le sélectionneur de l’équipe nationale fanion dont les choix tactiques et la méthode n’ont presque jamais fait l’unanimité, vient de qualifier contre toute attente, le Onze national en finale de cette 31e Coupe d’Afrique des Nations.
Les Lions sont en finale ! Qui l’eût cru ? Benjamin Moukandjo et ses coéquipiers ont déjoué tous les pronostics qui donnaient le Ghana pour super favori de la compétition et par conséquent, vainqueur de cette demi-finale. C’était sans compter sur l’engagement à tout rompre de cette équipe miraculée à qui beaucoup prédisait un flop des plus retentissants en raison des faits divers qui ont alimenté la tanière, non sans en rajouter à la polémique autour de la défection d’une dizaine de joueurs clés à la veille du coup d’envoi. C’est donc cette jeune génération de « no name » pour la plupart qui a validé (majestueusement) son ticket qualificatif pour cette 31e finale de la plus prestigeuse compétition africaine en terre gabonaise. Comme en 2008, l’histoire s’est donc répétée et a été cruelle pour l’équipe des Black Stars du Ghana. Les poulains de Hugo Broos ont surpris tout le monde pour se hisser en finale où ils retrouveront l’Egypte dimanche.
Spécialiste du contre-pied
En panne d’idée face à un adversaire bien en place, les hommes d’Avram Grant ne sont pas parvenus à se montrer dangereux, à l’inverse des quadruples champions d’Afrique qui ont pris la rencontre à bras le corps en mettant la pression d’entrée. Un stratagème qui porte l’estampille de son sélectionneur Broos, toujours critiqué pour le choix de ses hommes mais surtout pour sa structuration tactique du jeu. Un coup c’est Vincent Aboubakar ou Jacques Zoua qui vivent sur le banc de touche une rencontre où ils auraient pu apporté une plus-value à la ligne d’attaque ; un coup c’est Nkoulou, auteur d’un super match face au Gabon (0-0) qu’il envoie paître sous son chasuble de remplaçant pour titulariser le duo Ngadeu-Teikeu en défense centrale. Quand certains tacticiens estiment que la titularisation de Ndip Tambe à la pointe de l’attaque est une méthode improductive, Broos au fond de lui se moque d’eux en silence et impose le jeune joueur qu’il présente comme son meilleur artificier. Des choix, le technicien Belge en a fait et les assume pleinement. Il s’en fout de tout et vit avec ses idées. Le Roi Belge est un spécialiste du contre-pied.
Un groupe sans stars mais affamé
Et ça paye visiblement puisque c’est avec des soi-disants « seconds couteaux » que les « Lions indomptables » ont abordé cette CAN 2017. Avec moins de singularité mais un groupe plus uni, ils ont désormais l’opportunité de remporter un cinquième trophée de Coupe d’Afrique des Nations. Les voilà en finale alors que beaucoup leur donnait seulement 10 jours en terre gabonaise. Tranquillement et sereinement, ils en sont déjà à 21.
L’attente a été longue et les péripéties éternelles depuis leur dernier match de finale de CAN, mais l’ancien défenseur d’Anderlecht, sans star mais avec un groupe de jeunes joueurs « disciplinés », à l’image des buteurs Michael Ngadeu et Christian Bassogog, a permis au pays de Samuel Eto’o de retrouver son rang de nation majeure du continent africain. Un exploit, au vu du calibre des nations en lice qui sont sorties par la petite porte (Côte d’Ivoire, Algérie, Sénégal…). Décidément, le « Sorcier blanc » sait faire des miracles.
Christou DOUBENA