Les Lions indomptables du Cameroun peuvent remercier le Ciel et pousser un « ouf » de soulagement après le score de parité (2-2) que leur ont imposé le 26 mars 2016 les Bafanas Bafanas d’Afrique du Sud au Limbe Omnisports Stadium dans le cadre du match aller comptant pour les éliminatoires de la CAN Gabon.
A noter que c’est l’une des rares fois qu’une rencontre de cette importance se disputait hors de la capitale, Yaoundé. En descendant sur la pelouse de ce nouveau joyau architectural pour un premier match officiel, l’équipe du Cameroun sous la houlette du nouvel entraineur Hugo Broos, avait sans doute à cœur de montrer un autre visage en se surpassant pour enterrer définitivement la prétendue « malédiction de Mfandena » parfois brandie comme pour justifier certaines contre-performances.
Et pourtant, la vérité du stade est la même partout. Si on peut d’ores et déjà se réjouir d’avoir échappé à une défaite à domicile, il en est fallu de peu pour que le chant des sirènes retentisse sur les rives de l’océan qui entourent la ville. Premier du groupe jusque-là avec un total de 7 points, le Cameroun a échappé de peu à un holdup presque parfait concocté dans le plus grand secret par un adversaire qui ne comptait alors qu’un maigre point au compteur. La faute à un malin stratège du nom de Ephraim Mashaba. Rappelé en catastrophe, pour la troisième fois, à la tête de la sélection nationale, l’ancien défenseur des Orlando Pirates a avait caché son jeu jusqu’à la dernière minute pour mieux surprendre Hugo Broos qui a abordé la rencontre tambour battant, exerçant un pressing très haut qui a permis d’assiéger littéralement le camp sud-africain pendant le premier quart d’heure. En face, son vis-à-vis a d’abord maintenu le bloc défensif à un niveau anormalement bas avant de remonter progressivement le dispositif tactique grâce à la mobilité et à la vélocité des joueurs disposant d’un bagage technique remarquable lors des permutations et dédoublements.
La domination relative des Lions en première mi-temps, matérialisée par une possession de balle largement supérieure (+60 %) est restée toutefois stérile si on en juge par le nombre de corners (7) et de buts marqués. Par contre, il a fallu deux occasions aux Sud-Africains pour planter deux coups de poignard dont le premier dès la 17è minute et le fameux deuxième but-gag des 55 mètres ! Or dans un match de haut niveau, il ne suffit pas de dominer un match pour le gagner. L’essentiel de mettre la balle au fond des filets en encaissant le moins possible. Et sur ce terrain, les Lions ont encore du chemin à faire. Cela faisait un bon bout que le Cameroun n’avait pas encaissé deux buts en match officiel. Malgré leur volontarisme évident, les Lions ont affiché quelques lacunes de la finition devant les buts, de la fluidité du jeu, de la transmission du ballon (nombreuses pertes) de la concentration et de la mobilité du bloc défensif. Ayant diagnostiqué ces méchés mignons, ces lourdeurs et erreurs d’inattention, le très rusé Mashaba a compris qu’il pouvait surprendre à tout moment en balançant des longs ballons dans le dos de la défense camerounaise ou en tentant des tirs lointains.
Au terme de cette première manche, l’impression est quelque peu mitigée. Côte satisfaction, on a retrouvé des Lions volontaires, engagés, affichant une réelle volonté de bien faire. Côté déception, on a retrouvé de nombreux déchets qui ne pardonnent pas dans le haut niveau et qui ont empêché jusqu’ici les quadruples champions d’Afrique de retrouver leur tranchant d’antan. Ceci dit, les Lions, version Hugo Broos ont évité l’humiliation dès leur première sortie et se trouvent toujours à la tête de leur groupe qualificatif avec huit points au compteur. Merci à Sébastien Siani et à Nicolas Nkoulou qui ont sonné le sursaut d’orgueil des Lions. Le match retour de mercredi, 30 avril à Durban donnera une indication plus nette sur la position de chaque protagoniste. L’équipe du Cameroun qui sera plus renforcée en attaque avec le retour d’Aboubakar Vincent tient là l’occasion de valider son ticket. A condition de trouvé des clés à l’énigme Mashaba !
Jean Marie NZEKOUE