Loin d’apporter une certaine sérénité aux clubs de l’élite one et two, la seconde tranche de l’aide financière du gouvernement pour la mise en place du professionnalisme, toute dérisoire qu’elle est, reveille plutôt depuis son déblocage, des recriminations qui couvaient en sourdine.
Arrêté le 22 avril 2012 à l’issue d’une phase aller quelque peu laborieuse, c’est le 08 juillet dernier soit près de deux mois et demi après, que le championnat dit professionnel camerounais a vraiment repris ses activités. Comme on l’aura observé, ce fut une longue et fastidieuse trève imposée par la fronde des présidents des clubs, qui se refusaient à engager leurs équipes dans la compétition nationale si le préalable d’une partie importante de la subvention à eux promise n’était pas honoré. Subvention décidée rappelons-le, pour accompagner les clubs dans la mise progressive en place du professionnalisme par une contribution conséquente à la prise en charge des salaires des joueurs. A peine donc cette exigence a été satisfaite que promptement aussi, surgissent d’autres inquiétudes sur la bonne continuation de ce championnat.
Après les présidents, les joueurs…
L’expression la plus apparente desdites inquiétudes est la revendication salariale bruyamment posée ces derniers jours par les joueurs de Young Sport Academy (Yosa) de Mankon à Bamenda, équipe évoluant en MTN Elite one et tout de suite relayée en ce jour du 12 juillet 2012 par leurs semblables de Caïman Football Club d’Akwa à Douala, club évoluant en MTN Elite two. Ici et là, l’importance des arriérés de salaire pour ne parler que de ceux-ci, relève tout simplement de l’inacceptable. « Devoir encore subir le baratin des responsables qui s’évertuent à nous parler de certaines autres charges auxquelles ils doivent faire face et ce, au détriment de nos salaires alors qu’ils viennent de percevoir les sommes destinées à notre désintéressement, participe de la mauvaise foi manifeste » fulmine au téléphone un sociétaire de Yosa,soucieux de préserver son anonymat pour dit-il cause possible de représailles.
« C’est vrai, la trève a été longue et nos administrateurs rudement éprouvés financièrement. Mais cela ne justifie pas que nous soyons sacrifiés à l’autel des priorités. Surtout que très compréhensifs, nous avons consenti de nombreux sacrifices et enduré tellement de frustrations »enchaîne sur la même lancée, un autre sociétaire de l’Aigle royal de la Menoua qui s’était pris à faire de gros rêves à la seule évocation du mot professionnalisme et qui sans ambages nous affirme déchanter de jour en jour.
Le problème est sérieux d’autant plus que sur les 28 équipes engagées dans ce championnat à vocation professionnelle, à peine un tiers selon une évaluation au jugé du standing des unes et des autres, ose tenir le pari des engagements pris et d’une gestion proche de l’orthodoxie recommandée. Ici et là, le silence recouvre d’une lourde chape de plomb, les simples vérités qui se devaient d’être révelées. Et c’est sans surprise que le Synafoc (Syndicat des footballeurs camerounais) de plus en plus et malgré un taux écoeurant de syndiqués (moins de 10 joueurs par club) est devenu le réceptacle de toutes les jérémiades. La vraie peur aujourd’hui c’est que les remous qui commencent à fuser ne fasse de proche en proche, tâche d’huile. Car très peu de clubs peuvent oser leur introspection et se regarder dans le miroir de la vérité. En plus des arriérés de salaire qui deviennent le principe, les promesses non tenues et les primes de match non payées sont le lot quotidien de nombreux football qui n’ont pour eux que la passion et le rêve d’éclore à un plus haut niveau si la Providence le veut bien. Rappelons que pour ce championnat voulu professionnel, les salaires dont il est question, s’entendent de 100.000 francs pour élite one (1ère division) et 50.000 francs pour élite two (2ème division). Des broutilles qui ne devaient en aucun cas si la volonté y est, obscurcir l’horizon du football camerounais.