Les chaînes de télévision n’ont pas truqué les images. Libreville est effectivement une sacrée belle ville qui, la nuit, brille de mille feux. On ne s’y croirait pas à Yaoundé c’est sûr ! Mes collègues et moi avons eu l’occasion de la découvrir dans sa tenue de soirée, lors de notre arrivée mercredi. Il était 21h, la même heure que chez nous au Cameroun.
Dans ce bus climatisé qui a été mis à notre disposition par le Comité local d’organisation de cette 31e Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football à l’aéroport, nous n’avions d’yeux que pour elle et ses rues scintillantes. Son calme et son doux parfum nous ont vite fait oublier la durée de notre voyage (50 minutes) à laquelle il faut ajouter les 5h passées à attendre le départ de notre vol. Nous descendîmes à l’hôtel le Méridien, où les joueurs de la sélection nationale du Cameroun et la délégation officielle qui les accompagne sont logés. Une fois nos valises récupérées, nous empruntâmes un taxi dont le chauffeur, Léo, est un Camerounais. Un heureux hasard !
Courtois et serviable, Léo décidait alors de nous offrir une petite balade. « Regardez à votre gauche », dit-il. Nos visages se tournent vers la gauche. « Tout ce que vous voyez, c’est l’océan », confie-t-il. Quelques minutes plus tard, Léo nous montre cette fois-ci le Palais présidentiel. « C’est à cet endroit que le président Ali Bongo passe ses journées. Même si, contrairement à son défunt père, lui, il n’y passe pas ses nuits », précise notre chauffeur. Les entrées du Palais sont gardées par des agents de la GR, la Garde républicaine. L’un d’entre eux nous fait signe de nous arrêter. Il a reconnu Léo. « C’est bon, allez-y ! », ordonne-t-il. Sans perdre la moindre seconde, notre chauffeur reprend la route. « Ici, nous montre-t-il, c’est l’Assemblée nationale ». A cause de l’heure que nous n’avons pas vu passer (22h45), Léo décidait de nous installer dans un petit Motel situé à quelques encablures de l’Assemblée nationale.
Affaire de « piment dans la sauce »
Une fois installés, Léo nous proposait de sortir, question de nous faire « goûter aux spécialités locales », disait-il. Nous nous rendîmes au « Snack Bar Le Bélinga » dont le propriétaire est un Camerounais également. A l’intérieur, la salle est presque vide. Mais une trentaine de minutes plus tard, elle accueillait près de 40 clients. Assis autour de leurs tables, ils consomment de l’alcool, l’air d’ignorer le Disc joker qui anime avec des chansons d’artistes locaux. Mais ça n’émeut personne. Soudain, toute la salle se met à crier. Le Dj vient de lancer la lecture du célèbre titre « le piment dans la sauce » de la jeune artiste camerounaise, Reniss. Tout le monde s’est levé, comme envoûtés par cette chanson. Sur la piste, les clients sont emportés par le rythme. Si les garçons font des efforts pour se maîtriser dans leurs pas de danse, les filles elles, chantent en cœur le refrain : « le piment dans la sauce. Les condiments dans la sauce. Le plantain dans la sauce (bis) ».
« Les Gabonaises adorent le piment dans la sauce », assure Léo. « Si une gabonaise est malade et qu’elle écoute cette chanson, elle va quand même chanter. Ici, les gens aiment beaucoup les artistes camerounais notamment, Lady Ponce, Mani Bella, Coco Argentée, Longuè Longuè, les X Maleya et Petit Pays », ajoute-t-il. Ce jeudi nous aurons sans doute l’occasion de faire une autre découverte.
Arthur Wandji à Libreville