Les 32ème de finales de la Coupe du Cameroun sont à nouveau menacés. Après la réunion des membres du Comité de normalisation de mardi dernier, les clubs attendaient que la Fécafoot matérialise la promesse de financement de la Coupe du Cameroun à hauteur de 400 millions pour quatre ans par un écrit.
Au cours du point de presse qui a suivi cette assise des onze membres, le Pr Joseph Owona, président du comité de normalisation, a apporté l’éclairage suivant : « Je n’ai pas voulu laisser mourir la coupe du Cameroun. Comme on est d’accord que vous ne voulez pas que la coupe du Cameroun meurt, le comité de normalisation a pris toutes les mesures que je lui ai proposées, c’est-à-dire de donner pendant quatre ans 100 millions pour que la coupe du Cameroun continue. Et pourquoi ? Parce que le principal sponsor a disparu. Et nous nous sommes substitué à ce sponsor-là. Donc, il n’y a plus de problème à ce niveau-là ». Jusqu’à ce jeudi matin, au moment où nous publions cette information, l’Association des clubs d’élite du Cameroun (Acec), attend une correspondance de la Fécafoot marquant cet engagement parce que non convaincue des propos du Pr Joseph Owona.
Une situation qui a suscité l’ire des présidents de clubs. Ils n’entendent pas s’engager à aller disputer les 32èmes de finales de la Coupe du Cameroun programmés dès ce vendredi sans avoir obtenu au moins la promesse écrite. « C’est de l’argent que nous avons dépensé l’année dernière sans être payé au prorata du niveau de compétition atteint par chaque équipe. Cette année, nous ne pouvons pas retomber dans ce piège. C’est un budget que nous engageons pour les déplacements et l’entretien de nos équipes, puisque personne ne joue déjà à domicile aux 32èmes de finale. Or, avec un écrit de la Fécafoot, un président peut bien rencontrer son banquier et obtenir de l’argent en avance pour financer le club », nous confie un président de club sous anonymat.
Emile Onambelé Zibi, le président de l’Acec, est plus explicite : « Nous ne demandons pas forcément d’avoir de l’argent demain (jeudi, ndlr) dans les comptes, parce que nous savons comment ça se passe. Il faut déjà faire ressortir tous les procès-verbaux des matchs de coupe de la dernière édition, pour ressortir les cartons et les autres pénalités, pour avoir ce qu’on va nous payer. Ce n’est pas le travail d’un jour. Nous étions en réunion la semaine dernière et il a été dit ceci : le président du Comité de normalisation a accepté notre proposition, c’est-à-dire de payer les arriérés et nous sommes tombés sur une proposition de 400 millions sur quatre ans, parce que nous avons posé le problème sur deux formes. Qu’on nous paye ces arriérés et qu’on nous dise qui va payer quand nous allons jouer. Il a donc dit qu’on nous paye 400 millions pour quatre ans, à partir des arriérés de l’année dernière. Donc, nous avons encore trois éditions à raison de 100 millions par année. La seule condition était que ceci soit validé par le Comité de normalisation qui va siéger mardi (avant-hier, ndlr). Et nous avons dit que si le comité de normalisation approuve cela, nous jouons la coupe du Cameroun et si c’est le contraire, le statu quo reste », menace-t-il.
Un écrit pour répondre à un autre
Il exige le respect du principe du parallélisme des formes. « Maintenant, nous n’avons pas le résultat donné par le Comité de normalisation. On écoute à partir des radios que cela a été approuvé. Pourquoi ne nous écrivent-ils pas, alors que nous les avions saisis par écrit. Nous ne demandons pas l’argent tout de suite. Nos demandons un écrit. Les paroles s’envolent et les écrits restent. Nous voulons un écrit. Le comité de normalisation va quitter d’ici quelques semaines et il y aura un nouveau président de la Fécafoot. Si nous n’avons pas le document, comment est-ce que les clubs se feront-ils payer ? », s’interroge le président général de Tkc. Avant de dire que les clubs sont de bonne foi et ne veulent en aucun cas faire du chantage: « J’ai appelé depuis hier (mercredi, ndlr) au mois dix fois, personne n’accepte de me prendre au téléphone, parce que nous voulons jouer. J’ai appelé le président deux fois, il n’a pas pris. Le secrétaire général m’a appelé et on a bien discuté normalement. Il m’a demandé de venir lire le manuscrit là-bas. L’administration est écrite. Nous attendons une réponse écrite. Nous attendons juste cette lettre-là. Nous sommes jeudi, et si la lettre nous parvient même à l’instant, il y a des clubs qui vont aller jouer au Nord au départ du Littoral ou de l’Ouest et vice-versa. Alors qu’on sait que pour faire ce trajet, on prend souvent une semaine. Ces clubs vont partir en avion ? De manière humaine et honnête, dites-moi si nous exagérons. Nous ne demandons pas les espèces sonnantes et trébuchantes maintenant. Nous voulons un écrit qui atteste que la Fédération doit 400 millions aux clubs. Dites-moi, où se trouve le chantage dans tout ça ».
Le tacle de Camtel
L’argent exigé par les clubs est réparti au prorata des étapes atteint par les clubs en Coupe du Cameroun. Or, les équipes ont disputé les éliminatoires jusqu’en finale sans avoir le moindre copeck. L’on se souvient que les joueurs de Yong sport academy, le vainqueur de l’édition 2013, avaient observé un mouvement d’humeur à Yaoundé, au lendemain de la finale remportée devant Canon le 22 décembre 2013. Ils exigeaient de leur président leur quote part convenue de commun accord avant le déplacement de Bamenda pour Yaoundé en cas de victoire. Leurs dirigeants avaient juré la main sur le cœur qu’ils n’avaient encore rien obtenu. C’est par la médiation d’Adolphe Lele Lafrique, le Gouverneur de la région du Nord-Ouest, que les joueurs de Yong sport Academy avaient accepté de retourner à Bamenda, où les dirigeants sont allés recourir à un emprunt bancaire pour les désintéresser.
Bien avant la « grève » de ces joueurs, Camtel, le sponsor de la finale, avait procédé, le 23 décembre 2013 à la remise du chèque d’un million à Nkessi Hoshea, l’homme du match de cette finale. A cette occasion, David Nkotto Emane, le directeur général de Camtel, avait promis de faire le déplacement de Bamenda pour remettre lui-même le chèque du vainqueur de 10 millions à Yong sport academy, au cours d’une cérémonie. Sept mois après, cette promesse n’a jamais été tenue. De même, Canon de Yaoundé, le malheureux finaliste, n’a jamais reçu sa prime de cinq millions de francs. Au cours de cette cérémonie de remise de chèque à l’homme du match, le directeur général de Camtel avait annoncé que son entreprise allait être le sponsor du championnat de la Ligue de football professionnel du Cameroun. Que Camtel allait « sponsoriser le football camerounais durablement ». Le championnat de cette saison est rendu à la 24ème journée sans remplaçant de Mtn, l’ancien sponsor.
Antoine Tella à Yaoundé