Le ministre de la jeunesse et des sports ( Minjes), Siegfried Etame Massoma, a effectué hier jeudi, 15 juillet 2004 une descente sur le terrain pour voir de près l’état des infrastructures sportives de la ville de Yaoundé. » Ce sont de vielles structures qui nécessitent d’importants travaux de réhabilitation « , a déclaré le Minjes à la fin de la première journée de son programme de deux jours de visite des infrastructures sportives et socio-éducatives de Yaoundé. Les infrastructures sportives de la capitale fonctionnent mal ou pas du tout.
Le nouveau Minjes s’en est rendu compte au cours de cette première journée qui l’a conduit au Parcours Vita, du coté du Mt Fébé, au site du palais des sports à Warda, aux stades militaire et Omnisport. Parcourant le stade Omnisport avec sa suite, le Minjes s’ est informé sur certains des problèmes qui entravent le bon fonctionnement dudit stade. Evocation a été faite du mauvais état de la pelouse et des gradins,du panneau électronique ainsi que du château d’eau dont le moteur est constamment en panne. « Avec nos recettes qui commencent à monter, pense le ministre, on peut acheter un nouveau moteur « . Concernant le mauvais état de la pelouse, les responsables du stade parlent d’une surexploitation avec pratiquement des matches tous les jours.
Pourtant, l’initiative prise par l’ancien ministre de la jeunesse et des sports, Bidoung Mkpatt, visant à réhabiliter les stades annexes et le stade militaire n’est pas porteuse. Les trois stades sont des chantiers dont les travaux sont arrêtés pour certains. Aux stades annexes 1 et 2 les travaux connaissent des perturbations à cause des difficultés financières. L’entreprise chargée des travaux ayant commencé le travail sur la base d’un pré-financement,elle ne peut plus les conduire normalement, faute de moyens. Au stade militaire, la situation n’est guère différente. Les travaux de construction d’une tribune qui avaient été engagés sont interrompus. L’aire du jeu renferme de nombreuses marres d’eau et l’éclairage est inexistant. Au site du palais des Sports, c’est le même son de cloche. Le site qui avait été aménagé pour abriter cette structure a été envahi par la broussaille.
La clôture en planches autour du site est tombée en ruines et les vandales ont emportés les matériaux. Au lot précédent de problèmes vient s’ajouter le Parcours Vita. « Il faut refaire toute la piste et pour cela il faut 72 millions de Fcfa. On doit tout reprendre ici Excellence « , explique Carlos Charles Ntsama,responsable de la structure. » Nous n’avons pas de bureaux et nos gardiens qui travaillent ici n’ont pas de salaire depuis des années « , ajoute son collègue. A côté des difficultés économique et logistique que connaît le Parcours, les responsables évoquent des problèmes fonciers à deux niveaux. D’abord, les populations riveraines réclament chaque jour leur dédommagement. Ensuite, un individu qui est en train de construire un bâtiment au sein du Parcours Vita. La deuxième journée de cette visite amènera probablement le ministre à découvrir d’autres réalités.
1-Palais des sports. Bientôt le début des travaux
Voilà plusieurs années que l’on parle du projet de construction d’un palais de sports à Yaoundé. Une oeuvre architecturale qui serait menée par le gouvernement de Chine. Mais depuis, l’on va de désillusions en discours qui ne rassurent pas. La barrière en bois érigée il y a un peu plus d’un an au carrefour Warda a aujourd’hui disparu. Pour certains responsables du ministère de la Jeunesse et des Sports, cet acte serait l’oeuvre soit des vandales venus des quartiers riverains, soit celui des bergers qui amenaient leur cheptel paître à cet endroit. Qu’importe ! La disparition de cette barrière laisse découvrir un terrain dans la broussaille. La mauvaise herbe qui y pousse a parfois plus d’un mètre de long. On suspecte même les bandits d’avoir repris possession de ce lieu peu recommandé à partir d’une certaine heure de la soirée. Le spectacle est désolant. Mais aussi bien du côté de l’ambassade de Chine que du côté du ministère de la Jeunesse et des Sports (Minjes), les uns et les autres sont plutôt rassurants : le début des travaux est imminent, soutiennent-ils.
Et c’est avec beaucoup d’assurance qu’un responsable du Service économique de l’ambassade de Chine à Yaoundé, qui a requis l’anonymat, nous déclare : » En principe, le mois prochain, devrait avoir lieu la cérémonie de pose de la première pierre. Après quoi, l’on va procéder au démarrage des travaux. Mais d’ici à là, la Chine enverra des experts afin que ces derniers signent des accords avec leurs homologues Camerounais et déterminer les dates « . Des propos que corrobore le directeur des Affaires générales (Dag) du Minjes, Pierre Joseph Noungui : » En ce qui concerne le projet de construction du palais des sports chinois à Yaoundé qui ce fera en coopération avec le gouvernement de la République populaire de Chine, le dossier est suffisamment avancé et est presque à l’aboutissement dans la mesure où, après la dernière mission effectuée en Chine au mois de mars 2003, toutes les études qui ont été discutées entre les experts camerounais et chinois ont été finalisées.
Les deux parties sont tombées d’accord sur tous les problèmes. Un rapport a été élaboré à l’issue de cette concertation et signé par les deux parties. Il ne restait plus que le gouvernement chinois finalise, au plan technique, cette étude; qu’il lance l’avis d’appel d’offre et désigne l’entreprise chinoise adjudicataire. A l’issue de cette dernière mission, le gouvernement chinois a saisi le gouvernement camerounais à travers son ministère de la Jeunesse et des Sports pour s’entendre déjà sur une date de la pose de la première pierre. Cette cérémonie est en préparation. Nous n’attendons plus que les prescriptions du Premier ministre afin d’arrêter une date officielle. Après quoi l’entreprise chinoise chargée de l’exécution de ce marché viendra s’installer au Cameroun afin que démarrent les travaux. Lesquels travaux doivent, en principe, débuter en septembre 2004 « . Les travaux de construction du palais des sports sont prévus pour durer deux ans et demie. « Temps au bout duquel nous aurons un très beau palais des sports. La maquette est là. Le projet est tout simplement merveilleux « , susurre, tout souriant, M. Noungui.
Inertie
Comme l’avait été le palais des Congrès de Yaoundé, celui des sports sera construit sur financement chinois. Un prêt d’un montant de 15 milliards de F Cfa, que la Chine avait versé au gouvernement camerounais en trois tranches. D’après les termes de la convention signée par les deux parties, il est question que le gouvernement camerounais s’assure que ce qui va être fait, le soit dans les normes érigées par la réglementation en vigueur. A savoir le choix des matériaux, leur dosage… Le gouvernement chinois a exprimé à son tour un certain nombre d’exigences que son homologue camerounais devrait satisfaire avant le début des travaux : trouver un espace aménagé et propre pour la construction du site, prévoir une voie secondaire du côté de Messa, indiquer un endroit où l’entreprise devra parquer son matériel et prévoir un autre site où les employés chinois devraient pouvoir s’installer (une espèce de village de l’entreprise); Mais surtout, prévoir l’alimentation du site en eau, électricité et en téléphone. D’après Joseph Noungui, » toutes ces doléances sont en train d’être solutionnées « . Une affirmation que notre interlocuteur fait sans grande conviction.
Conscient, comme bien des Camerounais, que d’ici la fin des deux mois et demi qui nous séparent du début prévu pour les travaux, le site soit toujours en l’état actuel. C’est-à-dire sans avoir été viabilisé. Mais avec un regain d’espoir, le Dag du Minjes lance : » Tout est en train d’être mis en oeuvre pour que ces réalisations puissent être faites avant le début des travaux par les Chinois « . Le palais des sports, le premier du genre au Cameroun, sera un terrain multi sports (handball, volley-ball, basket-ball, tennis de table, judo…) d’une capacité de 5 000 places assises à l’intérieur. Un coup d’oeil sur la maquette laisse entrevoir une enceinte où est par ailleurs prévu un tableau électronique, des salles de machines attenantes, des salles de réunions et d’entraînement, des vestiaires, des loges Vip et présidentielles. La cours extérieure sera, selon l’envergure de la compétition, transformée en parking ou en terrains d’entraînements.
2-Stade militaire. Botté en touche
La première victime des pluies intermittentes qui s’abattent ces jours-ci sur la capitale camerounaise semble être le stade militaire de Yaoundé. Sur l’aire de jeu, transformée en bourbier par endroits, des joueurs de Pandore Fc, club de deuxième division de la ligue provinciale de football du Centre, rivalisent de foulées, en ce mercredi 14 mai 2004. Au mépris de la réglementation qui, selon Pierre Noungui, directeur des affaires générales (Dag) au ministère de la Jeunesse et des Sports (Minjes), stipule qu’une « infrastructure en réfection ne doit pas être utilisée tant qu’elle n’a pas été réceptionnée ». Pourtant, en dehors d’un échafaudage renversé au bas de la tribune, qui est elle même envahie par de hautes herbes, rien ne laisse déviner des travaux de réfection sur ce stade. Comme c’est le cas depuis plusieurs années déjà, la pelouse est nue. Toutefois, des tas de sable qui obstruent les drains de quelques centimètres de profondeur, creusés sur le pourtour de l’aire de jeu, témoignent de travaux plus ou moins récemment effectués sur la pelouse. Et puis, rien. « Mon frère, ce sont les réfections du Cameroun. Tout se fait sur du papier, mais rien de façon concrète », commente un habitué du stade militaire de Yaoundé.
Explication du Dag du Minjes : « Les travaux de réfection sont arrêtés depuis le mois de février ». Pierre Noungui ajoute, par ailleurs, que plusieurs rappels à l’ordre ont été faits à l’entrepreneur, la Fondation J.N. en l’occurence, qui à d’abord justifié le retard accusé dans l’avancement des travaux par les intempéries, avant d’évoquer des difficultés financières, dues au non payement des factures au ministère des Finances et du Budget (Minfib). Donc, depuis le mois de février, la réfection de ce stade qui consistait notamment, selon la lettre-commande, à « repeindre la clôture, installer la tribune, construire un portail, changer les poteaux, ensabler l’air de jeu et creuser des drains, des canniveaux et recharger la latérite », pour un montant total de 50 millions de francs Cfa au total, n’a plus cours.
Qui plus est, il est pratiquement impossible de mettre la main sur M. Paul Bernard Bell, en service au Minjes, et directeur général de l’entreprise adjudicataire de ce marché (Fondation J.N.), dont les hauts responsables du département ministériel en charge de la jeunesse et des sports disent n’avoir aucun contact.
Surprenant. Une autre source digne de foi affirme que Paul Bernard Bell est actuellement en France pour des raisons de santé. Par ailleurs, dans les couloirs du ministère de la Jeunesse et des Sports, un responsable ayant requis l’anonymat révèle que le directeur général de la Fondation J.N. est un proche parent de Bidoung Mkpatt, l’ancien Minjes. A ce titre, poursuit notre source, « il a rédigé la lettre-commande tout seul, alors que les responsables du ministère de l’urbanisme et de l’Habitat ont un mot à dire sur ce document. En plus, étant le frère du ministre, il a usé de toutes sortes de traffic d’inffluence à l’égard des personnes chargées du suivi des travaux ».
Conséquence : commencés le 10 octobre 2003, et ce pour un délai de deux mois, selon les termes de l’ordre de service no 009/Mjs/Sg/Dag du 08 octobre 2003, les travaux de réfection du stade militaire de Yaoundé sont pratiquement à recommencer. Au regard de son état actuel. Alors que, regrette une consoeur, « les choses semblaient être plutôt bien parties au début des travaux ». Dans le même temps, au ministère de la Jeunesse et des Sports, en dehors de fameux « rappels à l’ordre », aucune mesure coercitive n’est évoquée à l’encontre de l’entrepreneur, présumé défaillant, chargé de l’éxécution des travaux.
3-Stades annexes. De plus en plus vert
Les stades annexes omnisports de Yaoundé ne sont plus ce qu’ils étaient. A l’exception du stade annexe n°3, il n’est plus possible de voir ces parties de football engagées, dans la boue par temps de pluie, et dans la poussière en saison sèche. Fini donc le temps où, dès les premières heures de la journée, on voyait des jeunes gens courir derrière un ballon en ces lieux. Ce qui était un stade de football, il y a près d’un an encore, n’en a plus du tout l’air.
L’aire de jeu a subi un certain nombre de modifications. Tour à tour, le terrain a été recouvert de gravillons, de terre, et enfin le gazon y a été planté. Les montants n’existent plus. On les retrouve négligemment jetés au bord du terrain. À certains endroits, on butte sur des tas de sable, ou de terre. La broussaille, qui était présente tout autour du stade, a elle aussi disparu, et aux herbes fraîchement coupées qui jonchent le sol, on se rend compte que cela date de quelques heures à peine. Le stade annexe n°1 n’est plus qu’une vaste pelouse gazonnée. À côté, on remarque six poteaux plantés dans le sol. Les prémisses de ce qui deviendra plus tard une tribune.
Au niveau du stade annexe n°2, les travaux ne sont pas aussi avancés. Certes, la pelouse commence elle aussi à se mettre en place, et recouvre déjà la moitié de l’aire de jeu. Quelques ouvriers, appliqués, sont plongés dans leur tâche. Certains taillent des barres de fer, d’autres creusent, d’autres encore se chargent de construire des canalisations à l’aide de parpaings, sous l’oeil attentif de Arnaud Tagné, conducteur des travaux. « Nous sommes presque à la fin pour l’aire de jeu, ainsi que pour la clôture, car les fondations ont déjà été achevées, et il ne reste plus qu’à élever les grilles. « , affirme-t-il. En fait, il est question de la réfection des aires de jeu des deux stades annexes, de la construction d’une tribune, de la réalisation de gradins d’une capacité de 300 places assises, ainsi que d’une clôture grillagée pour le stade annexe n°2. Les travaux, qui s’effectuent sous le contrôle du ministère des Travaux publics, ont été lancés depuis plus de sept mois, et ne sont pas encore arrivés à leur terme.
Pourtant, Arnaud Tagné reste confiant quant au fait que des rencontres de football pourront s’y dérouler dès la prochaine saison de football. » D’ici deux mois, nous pourrons livrer les travaux « , avance-t-il, non sans évoquer les difficultés rencontrées dans ce chantier, et qui ont contribué à freiner son exécution. Il cite notamment les lenteurs administratives, notamment au niveau du paiement des décomptes. L’entreprise chargée d’effectuer les travaux étant privée de moyens financiers ne pouvait pas avancer à un bon rythme. Si pour ce qui est du gazon, on ne se fait plus trop d’inquiétude, on attend tout de même de voir la tribune, les gradins, ainsi que la clôture grillagée avant la prochaine saison de football. Ce qui n’est tout de même pas une mince affaire. Les travaux de réfection des stades annexes de Yaoundé, rentrent en effet dans le cadre de la volonté des autorités camerounaises de renforcer les infrastructures sportives. L’idée est ainsi de doter la ville de Yaoundé d’autres terrains de football pour éviter que toutes les rencontres importantes se déroulent au stade omnisports Ahmadou Ahidjo.
Jules Romuald Nkonlak, Brice R. Mbodiam, Eugène Messina (Stagiaire), Mutations