Amenées à réagir aux sanctions prises à l’encontre des Lions Indomptables, les anciennes gloires interrogées par Footafrica365.fr, Jean-Paul Akono, Michel Kaham et Joseph Antoine Bell, jugent la suspension de Samuel Eto’o disproportionnée.
Jean Paul Akono: « La main de ceux qui ont eu à trancher cette affaire a été plus que lourde »
« Je suis très attristé, parce que ça me semble être une sanction qui veut dire que c’est fini pour Eto’o au sein de l’équipe nationale. Je crois que la main de ceux qui ont eu à trancher cette affaire a été plus que lourde. J’ai été stupéfait. Un calcul rapide nous amène à comprendre que cette sanction met fin à sa carrière internationale avec les Lions indomptables. Samuel Eto’o, c’est quand même une icône qui est très respectée dans le monde entier. Il est vrai qu’il doit y avoir certains éléments de cette affaire qui nous échappent. Les auditions ont eu lieu à huis clos. Mais, pour ce que ce joueur représente, je pense qu’on aurait pu traiter le problème autrement… »
Michel Kaham : « Ce qui est fait à Eto’o, c’est de l’humiliation »
« C’est a-bra-ca-da-brantesque ! Je le dis bien, c’est un cataclysme! Je ne peux pas comprendre, la sanction est disproportionnée. Le monde fait des lois pour gérer des hommes. Chaque pays sait comment il s’organise pour vendre ses valeurs. Au Cameroun, la seule chose qui a de la valeur qui pote dans le monde entier et où on va se défendre, c’est notre football. Et alors, la megastar, le seul joueur qui peut rivaliser avec les blancs à tous les niveau, c’est Samuel Eto’o. On se doit de le protéger. Mais, on constate plutôt que on s’est arrangé pour le crucifier sur la place publique mondiale. Quel que soit le bord dans lequel on se situe, le football camerounais a marqué là un point négatif. Que l’on ait donné une sanction à Benoit Assou-Ekotto, je le salue parce que là on lui déroule le tapis rouge. C’est un joueur qui a de la valeur, qui est le meilleur de son poste dans l’équipe du Cameroun, et qu’on a voulu par des manigances écarter par un moyen ou un autre. Là, on lui dit « reviens on t’aime ». Pour le cas Enoh, vice-capitaine, il prend deux matches, il va s’en sortir. Mais à Eto’o, on ne lui donne aucune chance. On lui dit carrément « fous le camp, on ne te veut plus, dégage ! ». 15 matches de suspension, c’est trop. C’est le condamner à vie. Est-ce qu’on a le droit de poser un tel acte ? Je dis non, on est allé trop loin. Je suis contre le boycott d’un match. Moi, si j’avais été à Marrakech, j’aurais oeuvré pour qu’on ne manque pas ce match. Maintenant que la faute est là, on devrait résoudre le problème autrement. Faire porter le chapeau à une seule personne comme cela est fait maintenant, pour moi ce n’est pas normal. Cela touche quelque chose de très sensible. On verra bien la suite que ça donnera. Ce qui est fait à Eto’o, c’est de l’humiliation. Ils n’ont même pas tenu compte de tout ce que cet enfant a fait pour ce pays. Toutes les grandes nations protègent leur star. La Fédération doit être clémente. Il y a eu faute mais la sanction est trop lourde. »
Joseph Antoine Bell : « C’est dramatique de sanctionner le capitaine »
« Dans cette affaire, je note deux choses. La première, c’est que tout le monde focalise sur l’attitude des joueurs qui est une réaction à une situation, personne ne va à l’origine de cette situation-là. Qu’est-ce qui a poussé les joueurs à ne pas jouer ? Voilà la vraie question. Et pourquoi cela est il arrivé ? Maintenant, au-delà, revenons à l’actualité qui est la sanction. Lorsqu’on sanctionne Assou-Ekotto pour ne pas être venu à un rassemblement, première chose, il a posé un acte individuel. Vous le sanctionnez ça peut paraitre normal. Sauf que, il a dit « je ne veux pas jouer dans votre équipe », et vous vous lui dites « la sanction c’est que tu ne vas pas y venir ». Le deuxième cas c’est celui des deux capitaines. Ils ont fait quoi ? Ils sont simplement dans leur rôle de capitaine. Vous ne pouvez donc pas leur appliquer une sanction individuelle autre que la déchéance du brassard. Ils ont représenté l’ensemble du groupe. Une équipe du football n’est pas composée de deux joueurs. Si le match n’a pas eu lieu, ça ne peut pas être uniquement la faute des deux. Si tous les autres ont suivi, ils sont tous majeurs et ce sont des joueurs de haut niveau. Donc, chacun savait parfaitement ce qu’il faisait. Si vous vouliez sanctionner, vous auriez donc sanctionné l’ensemble de l’équipe et éventuellement décider de changer de capitaine. Ce dernier est là pour représenter les autres. Et dans ce cas si, il n’est pas logique de dire qu’on prive les capitaines de matches pour avoir représenté leurs partenaires. Je dis donc que c‘est dramatique de pouvoir aujourd‘hui penser sanctionner le capitaine parce qu’il a représenté les autres. »
Propos recueillis par Paul Nana, à Douala